Irrésistible jalousie (09/02/2007)
Vous vous souvenez certainement d’Albert, ce bourgeois qui convoite une décoration et qui, parce qu’il a été infidèle, soupçonne Marthe, sa femme, tant et si bien qu’il finit par la pousser dans les bras de Lézignan. Vous vous rappelez la dernière réplique : « Ça y est… je le suis ! » et sa joie d’être... décoré enfin, tandis que la salle s’esclaffe parce que « Ça y est, il l’est… cocu ». C’était irrésistible et Sacha Guitry, avec Jalousie donnait une de ses plus belles comédies.
Aujourd’hui, les bobos travaillent, et dans Irrésistible, Fabrice Roger-Lacan imagine un jeune avocat et sa compagne, une jeune éditrice passionnée par l’auteur qu’elle va éditer. Que croyez-vous qu’il advienne ? Lui est de ces jaloux à « la cervelle malade de taliban napolitain », qui se transforme en juge d’instruction, en psychiatre fouineur, et torture sciemment une femme jusqu’à ce qu’elle craque. Et Elle part, avec l’autre… Car aujourd’hui, les femmes sont libres. « Quel con ! » se dit trop tard, le jaloux… Heureusement, le travail l’occupe, et le procès du Mexicain cannibale lui sert de divertissement pascalien… Mais rassurez-vous, Elle revient. Dix mois plus tard, mais qu’importe, puisqu’ils retombent dans les bras l’un de l’autre, irrésistiblement.
Virginie Ledoyen donne à son personnage fraîcheur et sensualité, et Arié Elmaleh met beaucoup d’élégance dans sa cruauté. Isabelle Nanty les dirige avec art dans le décor d’Édouard Laug : une pièce lumineuse en pan coupé, sorte de mirador d’où le jaloux peut épier les deux côtés de la rue. Une bande son rythme les scènes avec le bruit amplifié des battements de cœur déclenchés par les poussées d’adrénaline, quand l’émotion de l’accusateur est à son comble. L’auteur abuse un peu du téléphone et les conversations croisées de la dernière séquence finissent par parasiter la compréhension, mais n’en est-il pas de même dans la rue, l’autobus, le bureau, et même chez soi, aujourd’hui ? Et il faut bien aider un peu l’action qui, avec seulement deux personnages, a besoin de relais extérieurs. La comédie est habile et les comédiens… irrésistibles.
Irrésistible de Fabrice Roger-Lacan
Théâtre Hébertot
01 43 87 23 23
11:05 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer
Commentaires
Grosse déception hier soir : Virginie savonnait sauvagement après deux jours de relâche. Dommage que cette pièce s'arrête au second acte, car un troisième lui aurait permis d'échapper à ce preneur de chou qu'interprète néanmoins très agréablement Elmaleh. Même Isabelle Nanty baillait ds le couloir à l'issue de la représentation.
Écrit par : TIRCO | 15/02/2007