Figaro en excellence (28/09/2007)
Après l’époustouflante Confrérie des farceurs (voir note du 21/09), la Comédie-Française donne un Mariage de Figaro éblouissant.
Rappelons-nous toujours que Le Mariage de Figaro, est aussi intitulé La Folle Journée et que l’individu Figaro (Laurent Stocker, impétueux) qui lutte contre son seigneur, contre le droit coutumier et le droit écrit, apparaît comme un rebelle. Anne Ubersfeld qualifiait la pièce de Beaumarchais, de « première pièce romantique ». Christophe Rauck, le metteur en scène à qui nous devons, ces années passées, un inoubliable Dragon de Schwartz, et un insigne Revizor de Gogol, a tout perçu de l’atmosphère de la pièce et de la profondeur des personnages.
Le trouble de la Comtesse (somptueuse Elsa Lepoivre) devant Chérubin (Benjamin Jungers fragile et tendre) n’est plus un simple attendrissement mais un véritable émoi sensuel qui laisse pressentir La Mère coupable. L’agilité joyeuse de Figaro cache un vrai désespoir. De l’audace respectueuse de Suzanne (délicieuse Anne Kessler) monte une vraie révolte, et les appétits du Comte (Michel Vuillermoz redoutable de puissance) révèlent une vraie perversité. Les revendications de Marceline (Martine Chevalier digne et douloureuse) exposent les justes doléances que la révolution entendra.
Car le sujet du Mariage est bien l’abolition de ce droit féodal nommé « droit de cuissage » par le peuple, droit qui permettait au seigneur de goûter la primeur de tous les fruits de son domaine, y compris le fruit défendu. Michelet écrivit des pages sublimes sur les humiliations faites ainsi aux paysans. Et ces fêtes autour de la cérémonie du mariage, ces déguisements, ces chansons, ces danses, ce toro de fuego, traduisent parfaitement l’affolement des esprits et des corps.
Le metteur en scène mène Michel Robin (Brid’oison), Christian Blanc (Antonio ), Bakary Sangaré ( Bartholo), Grégory Gadebois (Bazile), Prune Beuchat (Fanchette), Dominique Compagnon (l’huissier), Pédrille (Nicolas Djermag) et Gripe-Soleil (Imer Kutlovci) comme un corps de ballet autour des protagonistes. Avec des entrées par la salle, des sorties par l’avant-scène, des rideaux qui s’abattent à l’allemande, des robes qui s’envolent (costumes de Marion Legrand) , tout s'enchaîne allegro ma non troppo autour d'un Figaro en excellence.
Et Beaumarchais se passe fort bien de Mozart…
Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
Comédie-Française
0825 10 16 80
On lira avec profit le N° 2 des Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française entièrement consacré à l'oeuvre de Beaumarchais, 10 €
12:55 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, théâtre | Facebook | | Imprimer