L’amour de Célimène (19/01/2009)
On nous avait annoncé du « moderne » pour ce Misanthrope, mais, à part les costumes contemporains, et la méridienne façon peau de vache, notre Molière y retrouve tout son texte honnêtement interprété. Pas de clinquant anormal. Pas de provocation intempestive. On cherche un peu les « rubans verts » d’Alceste, et les « grands canons », la « vaste rhingrave », « l’amas des rubans » de Clitandre, mais l’essentiel n’est pas dans le paraître, chacun le sait.
Philinte (François Lescurat) montre un naturel qui charme, Éliante (Caroline Piette) reste élégante et digne dans son jean, Arsinoë (Myriam Derbal) très sérieuse, manque un peu d’ambiguïté, et l’on comprend ces messieurs qui prétendent à l’amour d’une Célimène (Véronique Sacri) à la fois coquette et tendre. Acaste (Gérald Cesbron) est un vibrant persifleur, Clitandre (Donat Guibert) verse dans « le vice à la mode » et parade comme un coq. Oronte (Alain Veniger) héron solennel a peroxydé sa chevelure pour souscrire à l’artifice de la « perruque blonde ». Alceste (Enrico Di Giovanni qui met aussi en scène) tient son rôle en tension du début à la fin. La colère ne le lâche pas : rude épreuve !
Quand Célimène tient salon (Acte II, scène IV), juchée sur le bras de la méridienne, sa petite cour l’entoure et l’encense bruyamment au jeu de médisances. Alceste, en recul, dans l’ombre se morfond sur un siège de plexiglas transparent. Ainsi muet et solitaire, il touche mieux que dans le débit enragé qu’il adopte le plus souvent. Le rôle est difficile, la pièce sombre, voire désespérée. Et les contradictions d’Alceste touchent encore bien des hommes…
Le Misanthrope de Molière
Théâtre Mouffetard
Jusqu’au 21 février
01 43 31 11 99
17:41 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer