Le Génie de la steppe (25/01/2006)


 Ce n’était pas un spectacle, et pourtant, c’était au théâtre de la Madeleine. Ce n’était pas un de ces one-man-shows qui fleurissent en ces temps d’économie théâtrale, et pourtant l’artiste était seul en scène.
Svelte et rayonnant, le jeune premier était aussi l’auteur, le personnage et le technicien. Qu’on ne s’étonne pas que Sylvain Tesson fît salle comble ! À Saint-Denis on joue Le Génie de la forêt, à la Madeleine, le génie de la steppe nous emmenait en voyage. Le texte était construit, le verbe clair, la prosodie rythmée, et de son « nomadisme », jaillissait une philosophie, une poésie auxquelles peu d’œuvres dramatiques peuvent prétendre. Figurez-vous Rimbaud, qui aurait retenu les leçons de Pascal et d’Alain, le jeune Cendrars touché par la grâce divine qui sourd de la Terre, un personnage de Tchekhov animé d’une mélancolie créatrice.
Dans les steppes, il s’est voulu « un cavalier et non un étranger ». Et s’il a fui les espaces étroits de nos villes, l’agitation des sociétés d’Europe, la laideur industrielle, pour se « ré-enchanter l’âme », il a donné à tous les sédentaires présents ce 23 janvier, de quoi regarder d’un œil neuf le visage de la Terre, nourrir leur esprit et réparer l’étoffe de leurs rêves.
Comme Shakespeare, en quelque sorte.
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Derniers livres parus :
Petit traité sur l’immensité du monde, éditions des Équateurs
L’Axe du loup, éditions Robert Laffont

19:10 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer