Colette, la vagabonde (24/03/2006)
Après avoir été Claudine et Madame Gauthier-Villars, Colette paya son divorce d’amères expériences théâtrales. Au music-hall, elle fut mime, danseuse, comédienne, et connut les tournées épuisantes et les luttes pour conquérir le droit de signer des œuvres personnelles.
François Bourgeat choisit parmi les textes de Colette ceux qui décrivent cette époque de difficultés matérielles et de solitude affective, où se révèlent, évidente, la solidarité féminine, et en filigrane, les amours avec Missie. D'extraits de Gribiche, L'Envers du music-hall, La Vagabonde, En pays connu, La Naissance du jour, Dialogues de bêtes, les Vrilles de la vigne, il fait Les Belles Vagabondes qu'il met en scène, sans autre décor qu'un piano et une malle.
Trois superbes comédiennes qui sont aussi chanteuses et musiciennes, Jocelyne Carissimo, Gabrielle Godart, Susanne Schmidt, interprètent trois comédiennes sans loge dans un music-hall sordide où la pingrerie du directeur rivalise avec l'égoïsme des hommes. Amis, amants, leurs hommes assouvissent leurs désirs sans se préoccuper des conséquences.
Entre le rêve d'être aimées et la réalité décevante, ces trois femmes, d'âges différents évoquent leurs amours, leurs désillusions, leurs envies. Elles sont mélancoliques, mais pas trop longtemps. Elles sont ironiques, mais pas blessantes. Elles sont sensuelles, mais pas lascives. Jocelyne, Gabrielle (n'était-ce pas le vrai prénom de Colette?) et Susanne colorent leurs sourires de nostalgie rêveuse. Elles jouent dans la nuance, subtiles, émouvantes.
Gabrielle Godart, au piano, accompagne et chante. Les strass brillent sur les parures clinquantes de leurs numéros, robes et bijoux qu’elles enlèvent sitôt le numéro terminé et rangent soigneusement dans la malle à costumes.
Poèmes d’Apollinaire, Francis Carco, de Boris Vian, Louise de Vilmorin, ou de Colette elle-même, sur des musiques de Poulenc, Ravel, Auzépy, chanson du film La Belle Equipe, toutes les romances du spectacle disent les petits bonheurs grappillés quotidiennement pour gagner le droit de vivre libre. Un spectacle pour âmes sensibles.
Théâtre du Tambour royal
01 48 06 72 34
du 23 mars au 14 mai
15:40 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre | Facebook | | Imprimer