Pour l’amour des Grecs (31/05/2006)

 

Léna (Marianne Basler) et Alain (Xavier Gallais) s’étaient connus à Delphes, à la fin de leurs études, et leur amour de la civilisation grecque antique les a rapprochés. Ils ont partagé le même sac de couchage, mais ils n’ont jamais couché ensemble. Alain revendique son homosexualité, et s’il vient dîner chez Léna, c’est parce qu’il éprouve un désir violent pour Henri (Jean-Michel Portal), le mari de Léna.
On reconnaît dans Les Grecs l’univers de Jean-Marie Besset, construit sur ses admirations, ses penchants et ses choix. Il reprend aussi les propos de Michel Vinaver comparant  le cheval de Troie aux avions s’écrasant sur le World Trade Center. Guerre éternelle de l’Occident contre l’Orient pour Jean-Marie Besset, nouveau mythe pour Vinaver.
Le vin est capiteux, on boit beaucoup, les propos s’égarent, se cristallisent autour d’Achille et de Patrocle et les appétits sexuels s’exacerbent. Alain ne cache rien de ce qui l’anime, et Léna se fait provocante. Mais celui qui va jouer le rôle du cheval de Troie dans cette villa tranquille de bobos de la banlieue Ouest, c’est un jeune Arabe. Osman (Salim Kechiouche) vient chercher Alain chez qui il vit. Ainsi, Alain est en contradiction avec ses propos : « pas de PACS […] pas de pax romana ». Léna, comme Hélène, (Léna n’est-il pas un diminutif de ce prénom ?) enlève ce beau Pâris tandis qu’Henri cède à l’amour grec d’Alain.
Le décor rouge et gris de Serge Coiffard, conçu sur deux plans pour cette maison d’architecture moderne, souligne les propos que tiennent les protagonistes. Gilbert Désveaux y présente avec une grande finesse, un étage pour l’intime, un rez-de-chaussée pour les invités. Il dirige avec pudeur les outrances de l'instant où tout bascule dans la nuit américaine de Frank Thévenon qui règle les lumières. Les amis deviennent amants. Ce n’est pas une partouze, ni une orgie, juste l’abandon d’un « samedi soir ». Le lendemain, Henri et Léna se jurent de « ne plus recommencer », tandis qu’Osman quête en vain un geste de tendresse. Alain affiche un peu trop son cynisme, fabrique trop de bons mots pour qu’on ne se demande pas quelle est sa secrète blessure. Xavier Gallais est parfait dans ses propos sournois. Chaque comédien joue sa partition avec justesse. On devine que la satisfaction des sens conduit chacun au regret, à l'échec.

Car pour l’amour des Grecs, faut-il se contenter du plaisir physique ?

 





Les Grecs de Jean-Marie Besset
Petit-Montparnasse
Du mardi au samedi à 20 h 30
01 43 22 77 74

16:33 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer