Des Déchargeurs comblés (19/09/2006)

J’existe (foutez-moi la paix) de Pierre Notte

 

On savait que Pierre Notte était fasciné par Catherine Deneuve, puisque la saison passée, il avait donné Moi aussi je suis Catherine Deneuve. Cette création avait été distinguée aux Molières, et  couronnée du titre de « meilleur spectacle du Théâtre Privé », après avoir reçu le prix le prix du théâtre  de la Fondation Diane et Lucien Barrière. Et Catherine Deneuve, la vraie, s’était sentie très flattée. Déjà, dans cette pièce, la chanson bousculait l’écriture, et sous le masque de l’auteur perçait le compositeur.

Eh bien, c’est fait, il avoue, il choisit le cabaret, le voici meneur de revue… Il écrivait, maintenant, il chante et danse. Et il irradie de bonheur, l’œil pétillant de malice ! Ses confrères de la critique, ­ - car il est journaliste aussi – en restent ébaubis, mais ses élèves des collèges de banlieue pour lesquels il se défonce depuis des années, eux, doivent adorer. Figurez-vous une scène de cabaret comme on en trouvait aux beaux jours de l’Ecluse et un trio sur un tapis de gazon synthétique. Vous connaissiez les frères Jacques ? Voici la fratrie Notte : Pierre et Marie tout de noir vêtus, agiles, gracieux, mutins et coquins. Marie n’est pas encore une star, mais elle illumine la petite scène des Déchargeurs. Tous les deux chantent le désir d’avoir une place dans le monde, et la peur de ne jamais la trouver. Ils chantent les étapes transitoires de l’amour, de la famille et leur dégoût de la mort. Ils convoquent les grands penseurs : Nietzsche, Sartre et Duras pour se payer leur tête en la leur empruntant. Ils ne sont pas méchants, ils sont tendres et ironiques. Avec Karen Locquet, pianiste accomplie et complice, le duo devenu trio, brille d’une sacrée flamme.

 

Percolateur blues de  Fabrice Melquiot

 

Cyril cherche le bonheur, et court après l’amour jusqu’au « bout du rouleau ». Dans son errance il rencontre la jouissance, donne la mort, et trouve la paix près d’une fille pas très belle, mais si gentille, qui lui sert un café ! S’il doit encore naviguer, le percolateur lui servira d’amer.« C’est pas si mal », après tout. Percolateur blues de Fabrice Melquiot tient du voyage initiatique et du cauchemar. Une lecture linéaire ne sortirait pas la pièce du chaos originel. Damien Chardonnet Darmaillacq, le jeune metteur en scène organise sa création en ayant analysé chaque instant comme un plan cinématographique. Dans l’espace scénique étroit, avec Julia Manset, la scénographe, il construit des lieux profonds comme des destinées. Ombres et lumières façonnent les séquences, et découpent des personnages qui appartiennent aux rêves, ou, du moins à une réalité plus rêvée que vécue. Une troupe homogène : Marie Bastide, Luc Cerutti, Lauriane Escaffre, Yvonnick Muller, Adeline Picault, Audrey Santacroce, donnent chair et vie aux fantasmes  du héros. Beaucoup se sont connus au cours Florent, mais ce ne sont pas leurs premières armes. Ils étaient « la compagnie Un ange passe », ils se sont associés avec la « compagnie des Sept passages ». C’est pour vous emmener au septième ciel.

 

Théâtre des déchargeurs O8 92 70 12 28 J’existe (Foutez-moi la paix) de Pierre Notte à 21 h 30 Percolateur blues de Fabrice Melquiot à 20 h  

 

10:52 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer