Les Brigands sont de retour (22/02/2007)

 

Ces brigands-là, on les adore, ils vous mettent la joie au cœur et aux lèvres, et une représentation de leur compagnie vous laisse heureux au présent et confiants dans l’avenir. On les avait découverts avec Docteur Ox, suivis avec Ta bouche et Toi c’est moi. Cette année ils ont choisi un opéra bouffe de Jacques Offenbach dont le titre rejoint l’intitulé de leur troupe : Les Brigands.

L’œuvre est écrite pour plus de trente interprètes, ils ne sont que quinze, qui dialoguent avec une quinzaine de musiciens, Thibault Perrine a donc élagué pour adapter, et le résultat donne ainsi plus de force à cette satire qui date de 1869 et se lit comme la joyeuse parodie d’un empire chahuté par des scandales financiers.

Le livret de Meilhac et Halévy tricote une intrigue amoureuse à gros points, se souvenant de Corneille : « Jeune présomptueux ! », « As-tu du cœur ? », et de L’Ecclésiaste : « S’il est un temps pour la parole, il en est un pour la prudence ». La fille du brigand Falsacappa est amoureuse d’un jeune paysan qui s’enrôle dans la bande de son père. Mais « le sentier de la vertu » emprunte quelquefois des détours inattendus, et elle sauve un jeune aristocrate qui se révèle être le prince de Mantoue, lequel doit épouser la princesse de Grenade afin de régler les dettes de son royaume : trois millions, que Falsacappa espère bien encaisser pour son compte puisque « Il faut voler selon la position qu’on occupe ». Travestissements des bandits, corruption des puissants, inconstance des amoureux, et morgue des Espagnols, les ingrédients étaient déjà dans La Périchole, et la recette est toujours goûteuse.

La musique assaisonne les mets d’une sapidité piquante. Benjamin Lévy, Prix de la révélation musicale 2005, conduit l’orchestre avec une allégresse qu’il communique à tous. Loïc Boissier et Stéphane Vallé mettent gaillardement en scène, dans une scénographie à transformations signée Florence Évrard. Élisabeth de Sauverzac a habillé de costumes disparates non seulement les bandits mais également les musiciens. Quant aux nobles espagnols, tout droit sortis d’un tableau de Vélasquez revu par le Gérard Oury de La Folie des grandeurs, le noir brodé d’argent leur sied à merveille. Tous sont gentiment extravagants.

Et les voix peuvent vocaliser, les chœurs tonitruer ou chanter en sourdine, piano,  pianissimo, le public est conquis. Comment résister aux voix charmeuses d’Emmanuelle Goizé en Chérubin séducteur ? À celles de Marie-Bénédicte Souquet, Charlotte Plasse, Camille Slosse, Ainhoa Zuazua Rubira, Jeanne-Marie Lévy, toutes enchanteresses ? Jean-Philippe Catusse, Gilles Favreau, Ronan Nédélec barytonnent chaudement, Mathieu Cabanès, Christophe Crapez, David Ghilardi, Olivier Hernandez, sont des ténors troublants, et Christophe Grapperon, Matthieu Heim, Jacques Gomez sont des basses qui font palpiter les sens.

Ces Brigands sont de bonne compagnie, et leur succès, ils ne l’ont pas volé !

Les Brigands de Jacques Offenbach Athénée

jusqu’au 4 mars 01 53 05 19 19

et en tournée en France (Lannion, Chelles, Narbonne, Marseille, Arras, Beauvais, Niort, Nîmes, Saint-Louis) et en Suisse

20:40 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer