Débloguer aux Diablogues (26/11/2007)
En ce temps-là, on ne parlait pas de blog, ni de « diablogue ». Le mot n’existait pas, mais la chose, si. L’inventeur, Roland Dubillard faisait le diable à deux, tous les après-midi à cinq heures avec Grégoire et Amédée, qui dialoguaient cinq minutes et ces discussions oiseuses réjouissaient les « chers auditeurs »… Les deux grands naïfs qui causaient dans le poste n’avaient pas de prétention scientifique comme les Bouvard et Pécuchet de notre livre de littérature, ils étaient simplement incapables d’affronter les choses absurdes de la vie. Et Dubillard en dénonçaient des vertes et des bien colorées.
Cinquante ans plus tard, alors que les blogueurs bloguent et débloguent à qui mieux mieux, Anne Bourgeois nous sert à point ces Diablogues goûteux. Pour passer du champ radiophonique à l’espace scénique, elle a choisi deux pointures : Jacques Gamblin et François Morel, vous dire si la salle s’esclaffe ! La scénographie d’Edouard Laug pose deux fauteuils club sur fond de voie lactée dont Laurent Béal fait scintiller les étoiles et Jacques Cassard compose les sonorités sidérantes. Isabelle Donnet habille les deux zozos de gris. Même costume, même chemise, à peine une petite nuance différente sur la même cravate, ces deux-là sont frères en arguties. Ils discourent de la ressemblance de l’hippocampe avec le cheval, du rôle de l’instrument nommé compte-gouttes, de la musique sans mélodie, des images incertaines d’un film amateur. Ils s’embrouillent dans la technique et pour eux la vie quotidienne est souvent impraticable.
Qui, un jour ne s’est pas révélé Grégoire ou Amédée devant une incompréhension, une aporie créée par le quotidien ? C’est sans doute pour cette raison que chaque spectateur se sent concerné et préfère en rire.
Jusqu’au 31 décembre
01 44 95 98 21
10:45 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre | Facebook | | Imprimer