Un oiseau sans nid (08/12/2008)

 

 

Ray (Maurice Bénichou) avait quarante ans quand il a connu Una (Léa Drucker). Connu au sens biblique. Les livres sacrés ne s’étonnent pas des ces événements. Même quand la jeune fille n’a que douze ans.

Nos sociétés protègent les enfants, quelquefois contre eux-mêmes. Ray a été condamné à la prison, « trois ans d’enfer », et Una à la solitude, au dénigrement, au remords soigneusement entretenu par les parents qu’elle voulait fuir. Lequel, de Ray ou de Una avait « des appétits d’adulte douteux » ?

Seize ans plus tard, elle a retrouvé sa trace, roulé pendant six heures pour venir le relancer. Ray a changé de nom. Il a refait sa vie. Il n’y a plus de place pour elle dans son nid. Elle s’accroche, il faiblit, se défend de plus en plus mal, mais finalement la rejette.

Maurice Bénichou est tragique dans le rôle de l’homme coupable. Léa Drucker violente et ambiguë oppose une jeunesse provocante à la lâcheté de l’adulte.

Claudia Stavisky les met en scène dans un décor de Christian Fenouillat où éclate la médiocrité de la vie de Ray. Vestiaire de tôle, table et chaises de formica, tout est lisse, froid, aseptisé, même les déchets de fast food qui traînent à terre sans salir. Tout est laid, sans âme, et ces deux êtres qui s’affrontent, se torturent, ne pourront plus jamais être heureux.

Blackbird, dans mes souvenirs (et mon dictionnaire) se traduit par « merle » ou « un merle », oiseau sacrément effronté, comme la petite Una. À ma connaissance, le titre n’était pas pris. Pourquoi laisser le terme anglais ?

Il est vrai que tout le monde ne peut pas avoir une merlette à son blason.

 

 

Blackbird de David Harrower

Texte français de Zabou Breitmann et Léa Drucker

Théâtre de la Ville,

Théâtre des Abbesses

Jusqu’au 19 décembre

01 42 74 22 77

 

10:48 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, langue française |  Facebook | |  Imprimer