Un mandat polyvalent (26/04/2007)
La comédie de Nikolaï Erdman est plus proche des burlesques américains que du réalisme soviétique. Les personnages composent une galerie fantaisiste dans laquelle les musiciens du groupe Pad Brad Moujika (Matthieu Boccaren à l’accordéon, Adrien Chevalier au violon, David Fisher à l’alto, Fred Fruchart à la contrebasse, et William Pigache aux percussions) introduisent des couleurs et des sons anarchistes. L’intrusion de Tamara (Françoise Lépine), et la présence d’Anatole (Julie Jacovella), complètent une sarabande caustique sur les attentistes de tous les régimes. Tout en façade, rien dans la tête. Tout pour sauver leurs petits privilèges, rien à secouer d’une idéologie quelle qu’elle soit, « sauver la Russie », c’est ici, sauver sa peau… Méfiez-vous des opportunistes ! Quand celui qui brigue un « mandat » l'obtient et qu'il est enfin du côté du Pouvoir, aucun lien n’est sacré. Le mandataire retourne aisément sa veste : il est "polyvalent".
La mise en scène de Stéphane Douret jongle avec les valises et les malles, les tableaux ont un côté pile bien plus important que le côté face et les personnages s’agitent comme des pantins. Ce délirant jeu de massacre est soutenu par un malin décor de Malika Chauveau et des costumes très ubuesques de May Katrem. Après les deux versions du Suicidé, cette saison, la patrie théâtrale a rendu un bel hommage à Nikolaï Erdman !
Le Mandat de Nikolaï Erdman
Traduction : Jean-Philippe Jaccard
Théâtre 13
Jusqu’au 11 juin
01 45 88 62 22
16:45 Écrit par Dadumas | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre | Facebook | | Imprimer