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30/01/2006

Braves soldats

 

« Entre mille et une guerre notoires », Brassens préférait la guerre de 14-18 et il semble qu’il ait fait des émules. Depuis deux ans, nous avons lu Les Âmes grises, de Philippe Claudel, Le Monument de Claude Duneton et sur scène, nous avons vu La Traversée de Samuel R. de Michel Vier, Comme en 14 de Dany Laurent, sans compter les correspondances de poilus, les films, les BD et les travaux de recherche. Voici La Sainte Catherine, une nouvelle pièce de StéphanWojtowicz.

Catherine (Caroline Maillard), c’est l’infirmière de l’hôpital militaire installé dans un hôtel réquisitionné. La guerre est finie, mais pas la démobilisation, et traînent encore dans les chambres les gazés, les gueules cassées, les pas chanceux comme Plumet (Didier Brice) qui a le pied en compote et le cerveau un peu embrumé. Le capitaine Cazaud (Philippe Magnin) qui commande l’hôpital, est débordé, et quand un civil, qui plus est un artiste (Guillaume de Tonquédec) vient le déranger pour réaliser un monument à la gloire du poilu tombé pour la France, il est furieux. Mais comme il est pétochard et servile, et que le sculpteur peut amener Joffre et Pétain à l’inauguration, c’est bon pour sa carrière, ça, il s’incline.

Stéphan Wojtowicz brosse avec lui le portrait d’un gradé cynique et déplaisant dont Magnin s’empare avec volupté. Il adore jouer les chefs sans âme. Catherine est forcément dévouée et son idylle avec Plumet ne surprend pas. Restent le soldat et « l’artiste ». Les deux acteurs gagnent la partie. Braves soldats. Le premier inspire la compassion, un sentiment difficile à admettre dans notre époque qui bannit la sentimentalité. D’autant que Plumet, soumis et fataliste, fruste dans les manières et le langage n’attire pas d’emblée la sympathie.

L’auteur en l’opposant à l’artiste égoïste et vaniteux impose au spectateur une vision plus réaliste que la mise en scène (signée José Paul et Agnès Boury) gomme un peu. Car rien ne rend compte du nombre ni de la souffrance des soldats qu’on nous cache derrière le trop beau décor d’Édouard Laug. Question de moyens sans doute ?

Il y a un ton Wojtowicz, une écriture serrée, acerbe, dérangeante. Nous avions aimé La Photo de papa en 1997 à Avignon, La Sainte-Catherine n’est peut-être pas créée au bon moment dans le théâtre adéquat. Mais l’auteur a du talent.

 

Petit Théâtre de Paris

01 42 80 01 81

 

20:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

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