31/03/2018
Y a-t-il un traducteur compétent ?
En considérant les affiches de cinéma je me dis que l’industrie cinématographiques doit manquer de traducteurs. Car, au moment où certains clament qu’il faut défendre la langue française, comment expliquer le nombre de titres qu’on nous propose en anglais ?
Et même quand des traductions ont été proposées, elles n’apparaissent… qu’en sous-titres !
Ainsi de 3 Billboards, traduit par Les Panneaux de la vengeance mais annoncés en anglais, ainsi de The Captain film allemand (Tiens, au fait quel titre avait-il dans cette langue ?) traduit par L’Usurpateur mais communiqué en anglais !
Pas assez accrocheurs sans doute !
Du temps où je préparais « Propédeutique », (Eh ! oui, je suis de ce vieux temps) on exigeait une traduction totale de nos versions. « Cherchez l’équivalent sur le verbe, sur l’adjectif, mais traduisez ! » Telle était la consigne…
N’y aurait-il plus de traducteurs ? Ou plus de budget pour payer des traducteurs compétents ? Ou pense-t-on que tout le monde parle « the fluent english » ?
Ne me dites surtout pas que les Français les comprennent ou qu'ils sont des champions en anglais, ça se saurait. Et que les titres suivants leur sont clairs.
Gardons Lady Bird puisque c’est le pseudonyme que se choisit une adolescente pour contrarier sa mère, mais que dire de : Phantom Thread, Ready Player One, Pacific Rim Uprising, Tomb Raider, Black Panther, Ghostland, Mektoub my love, Call me by your name,Blue, The Rider, The Foreigner, The Disaster Artist, Kings, et de tous ceux qui sortiront bientôt ?
Auriez-vous des idées ?
14:18 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Film, langue | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
30/03/2018
Il nous plaît bien !
Les « pastourelles » médiévales avec la musique, les travestissements, les cache-cache nocturnes et les décors champêtres, qui avaient plu dans le Jeu de Robin et Marion et Le Jeu de la Feuillée au XIIIe siècle, ont-elles influencé les premières comédies shakespeariennes ? Le Songe d’une nuit d’été, Peines d’amour perdues et Comme il vous plaira en conservent la trace. Shakespeare les rend plus païennes, y ajoute les bouffons qu’on n’appelle pas encore « clowns », et parle aussi de l’arbitraire du pouvoir. Elles continuent d’inspirer nos contemporains.
C’est avec une belle traduction de Jean-Michel Déprats que Christophe Rauck en propose aujourd’hui une nouvelle version. C’est « un montage » qui « met en valeur […] les joutes entre les deux couples d’amoureux que sont Orlando (Pierre-François Garel) et Rosalinde (Cécile Garcia Fogel) et Silvius (Pierre-Félix Gravière) et Phébé (Luanda Siqueira) » et le monologue de Jacques le mélancolique (John Arnold) :
« Le monde entier est un théâtre… »
que nous connaissons tous mais dont nous avions oublié l’origine.
Le plateau est nu et lisse, mais, en découverte et sur les côtés, des toiles peintes figurent la forêt d’Arden (ou des Ardennes ?), étrange et brumeuse, peuplée de cerfs, de biches, de faons et de renards empaillés. Hommes et femmes bannis par un méchant duc (Jean-Claude Durand) y ont trouvé refuge ainsi que Jacques le mélancolique, un philosophe excentrique et misanthrope.
Rosalinde et Célia (Maud Le Grévellec), vêtues de robes bois de rose, semblables, mais pas identiques, se travestissent pour échapper aux persécutions. Le rouge est mis. Rouge brique pour la salopette de Rosalinde qui devient Ganymède, rouge vif pour la robe de sa cousine devenue Aliéna (Costumes de Coralie Sanvoisin).
Malicieux choix que ce prénom de Ganymède, le bel adolescent dont Zeus devint amoureux ! En ce temps-là, le gendrisme ne choquait personne ! Mais déjà les revendications féministes perçaient dans la comédie. Et on n’hésitait pas à ridiculiser les mâles paillards comme Pierre de Touche (Alain Trétout) et les vierges un peu rassises comme Audrey (Jean-François Lombard). Les vrais amoureux, Orlando et Silvius sont attendrissants, et justes, comme tous les comédiens.
Heureuse est l’option du metteur en scène qui parcourt en musique un répertoire anglais très éclectique, magnifiquement chanté.
Le spectateur va de surprise en surprise, et de sourire en rire. Comme il vous plaira lui plaît !
S’il suit le conseil de Shakespeare « : « Aimez ce qui vous fera plaisir. », tout ira pour le mieux dans notre monde impossible !
Photo: © Simon Gosselin
Comme il vous plaira de William Shakespeare
Traduction de Jean-Michel Déprats
Théâtre 71 à Malakoff, jusqu’au 13 avril
Mercredi, jeudi, samedi 19 h 30
Mardi, vendredi, 20 h 30
Dimanche, 16 h (sauf le 1er avril)
01 55 48 91 00
Bateau Feu à Dunkerque, les 17 et 18 avril,
Théâtre de Sénart, du 3 au 5 mai,
Maison de la Culture d’Amiens, les 15 et 16 mai.
12:26 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 71, shakespeare, christian rauck, jean-michel déprats, alain trétout | Facebook | | Imprimer
27/03/2018
La Chie-en-lit du Carnaval
Quand Hubert Gignoux, en 1961 créa Mille Francs de récompense[1], il révéla au grand public un aspect inconnu de Victor Hugo, celui du Théâtre en liberté. Ni mélodrame, ni comédie pure, la pièce transgressait les codes du théâtre de son époque, pour offrir à ses lecteurs – car il n’était pas question pour Hugo de donner à jouer tant que la liberté ne serait pas rétablie – un réquisitoire politique et social, à la verve jubilatoire.
Dans son intégralité, le texte demande dix-sept comédiens et bon nombre de figurants. Hubert Gignoux l’adapta pour sa Comédie de l’Est, et ses dix comédiens. C’est cette version que la Comédie-Française reprit en 1995. Certains se souviennent de celles de Marcel Maréchal en 1966, de Benno Besson en 1990, de Laurent Serrano en 2000[2], et de la savoureuse adaptation faite par Vincent Colin pour la troupe malgache Landy Vola Fotsy en 2004.
René Loyon avait donnée la pièce dans son intégralité en 1985. Il respectait non seulement le texte, mais également les indications scéniques de l’auteur qui esquissait toujours son décor avant d’écrire. La très belle mise en scène de Laurent Pelly en 2010 nous avait comblés.
Retrouver Mille Francs de récompense avec une jeune troupe c’était donc, pour l’hugolienne que je suis, une nouvelle aventure.
Lorsque Glapieu (Maxime Atmani) est apparu, côté spectateurs, sur les marches des gradins, avec son petit sac à dos, son blouson à capuche, et sa démarche souple, je me suis dit : « c’est lui, tout à fait lui ».
En effet, quand Victor Hugo écrit Mille Francs de récompense, en 1866, il fait d’un gueux, Glapieu, le rôle principal de sa pièce. Et cette souple silhouette dont la « tenue manque de respectabilité », convient tout à fait au personnage. Il s’adresse au public, et dresse un terrible réquisitoire contre l’injustice :
« Est-il possible de pourchasser un pauvre homme comme cela, qui ne fait de mal à personne, uniquement parce qu’il a accompli autrefois une sottise. C’est de mon vieux temps, j’étais enfant. C’est égal, ça me suit. Ça ne pardonne pas, la première sottise, […] fil à la patte qui ne casse jamais.
Ô qui que vous soyez, qui ne voulez pas faire la deuxième sottise, ne faites pas la première.
Je passais, j’étais gamin, le tiroir d’une fruitière était entr’ouvert, il bâillait, il avait l’air de s’ennuyer, je lui fis une farce, je lui chipai douze sous.
On me happa, on me soutint que j’avais forcé le tiroir.
J’avais seize ans. C’est grave. Quinze ans et onze mois, on est un polisson ; quinze ans et treize mois, on est un bandit.
[…] Je n’étais pas même un filou ; on me jugea digne de passer voleur.
On me mit pour trois ans dans une maison d’éducation. A Poissy. J’appris là des choses bien utiles à la société. Du tiroir des fruitières, je m’élevai à la caisse des banquiers.
Un professeur […] m’expliqua le coffre-fort et la manière de s’en servir. […]
C’est ainsi qu’on devient, grâce à la sollicitude de la société, un homme à talents. » […]
Gouailleur et insolent comme Gavroche, Glapieu est aussi généreux que Monseigneur Myriel, aussi traqué que Jean Valjean :
« Je suis si essoufflé que je n’ai pas le temps de devenir vertueux.
Chien de sort ! Ah ! C’est comme ça ! Eh bien ! On va voir, la première bonne action que je trouve à faire, je me jette dessus, je la fais.
Ça mettra le bon Dieu dans son tort ! »
Et déjà, spectatrice satisfaite, je souris à la mise en scène de Kheireddine Lardjam.
J’admets que le metteur en scène renverse l’ordre des entrées, que ce soit Glapieu qui parle le premier et que notre jeune première n’intervienne qu’après lui.
Les panneaux translucides flanqués de banquettes, mobiles et modulables à vue pour délimiter l’espace et le modifier (scénographie d’Estelle Gautier) s’accordent à l’esprit de la pièce. Des ombres d’oiseaux volètent (dessins de Jean-François Rossi), un masque coloré traverse la scène, - « nous sommes en carnaval » -, et je me rassérène.
Mais voici qu’apparaît Cyprienne (Aïda Hamri) … Hugo l’avait conçue en « robe de toile, propre, blanche, pauvrement et gracieusement simple. », elle apparaît en tenue « gothique ».
Bon ! Je consens. Une adolescente, aujourd’hui, se pose souvent en provocatrice.
Actualisons !
Mais pour quelles raisons hurle-t-elle sur le « vieillard qui dort » ? Alors que tout dans ses paroles et ses gestes ne devrait être que tendresse envers ce « Pauvre grand-père! » qu’elle gourmande gentiment :
« Vous êtes mon grand-papa, mais je suis votre petite maman. Dormez à présent. (Elle le regarde dormir.) Moi je suis comme ma mère, elle m'a pour fille, et moi, voilà mon enfant. »
Hugo l’imaginait Cordélia[3], on me présente une Lady Macbeth ! Cette perversion me contrarie…
Heureusement Glapieu revient. Et Cyprienne fait la « bonne action » qui permet à ce pauvre « excentrique en rupture de ban » d’échapper aux argousins.
Me voilà donc, spectatrice témoin et complice des tribulations du persécuté de la société.
Je reprends confiance.
Naïve que j’étais ! L’apparition d’Étiennette (Linda Chaïb) me consterne… Qu’en a-t-on fait ? « En robe de toile comme Cyprienne » écrivait Hugo. « Comme », c’est-à-dire « propre » et « gracieusement simple ». Porter de la toile en février, quand le bourgeois s’habille de laine et de velours, est un signe de pauvreté. Que les robes soient « propres » et simples montre la décence des deux femmes, leur volonté de garder leur dignité, leur modestie. Or, ladite mère en pantalon rose bonbon et veste de peluche blanche, balance un sac rose pailleté, se cache derrière des lunettes de soleil panoramiques et vocifère comme une hystérique. À croire que ces deux figures féminines méritent bien le sort qui les attend ! Il me semble pourtant que Victor Hugo les peignait en innocentes victimes d’une société close et corrompue.
Rien ne va plus comme on dirait au Tripot sauvage. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Rousseline (Azeddine Benamara),n’est pas chauve comme le décrivait Hugo, dans les didascalies et comme le soulignait un Glapieu sarcastique :
« Un homme chauve. Dans un endroit où il y a des femmes ! Attention. »
Qu’à cela ne tienne, il a le costume sombre, la barbe intégriste et l’œil mauvais d’un traître du boulevard du Crime. Je l’accepte puisqu’on « lui donnerait le diable sans confession. »
Que l’Huissier soit aussi Scabeau (Romaric Bourgeois) et qu’il chante son texte sur une guitare électrique avec fond tumultueux de rock ne me dérangerait pas si j’entendais les paroles. Mais la techno engloutit tout.
Et tout se décompose !
Edgar (Etienne Durot) se retrouve en caleçon comme au vaudeville.
Cyprienne débite son joli serment d’amour :
« Regardez au fond de mes yeux. Edgar, après la mort, dans le ciel, je ne vous aimerai pas davantage; seulement je vous aimerai dans plus de lumière. Edgar, mon sourire, c'est vous. Ma tristesse, c'est vous. Quelle chose étrange que de penser toujours à quelqu'un ! Le matin je me lève, je me dis : '' le verrai-je aujourd’hui.'' Je me dis : '' viendra-t-il ? '' Je tremble quand vous venez, j'ai peur, mais c'est ma joie. Quand vous êtes parti, à peine la porte est-elle refermée, je me rappelle tous les mots que vous avez dits, le gilet que vous aviez, vos gants, votre chapeau posé sur la chaise, le rayon de soleil qu'il faisait, je passe ma journée à cela, je n'ai pas autre chose dans l'esprit, je me fais des reproches, oui, vous serez mon mari, vous êtes déjà mon âme. Oh! quel profond oubli que l'amour ! »
avec l’indifférence dédaigneuse d’une écolière qui n’en pense pas un mot.
Le Major Gédouard (Samuel Churin) parvient presque à sauver son rôle et je me dis que tout n’est pas perdu.
Hélas ! Quand on n’a pas assez de comédiens pour monter un drame romantique, il faut avoir des idées. Celle de réunir en une même personne, Rousseline et Barutin, le jeune député, ami de Tancrède de Pontresme (Cédric Veschambre), n’est pas la pire. Supprimer le tiers de l’acte II non plus.
Et puisqu’on garde les attaques contre la justice :
Il faut être absolument en démence, quand on peut jouir de la vie, pour se mettre à juger les hommes! […]
Mais où donc est la raison humaine ? Ils s'entortillent dans beaucoup de calicot rouge, et les voilà tout fiers. Ils appellent cela la pourpre judiciaire.
Je suis indigné. Au lieu de rire, de boire, de chanter, d'être amoureux comme les oiseaux ! on est monsieur le conseiller, monsieur le procureur !
Vanités puériles ! […] »
contre la famille:
« Mon oncle a cette manie-là. Juger, jugeoter, jugeailler ! Ah! je hais les toques, et les toqués! »
[…]
À tous les diables tous les oncles ! Ah! les grands-parents, les perruques, les toges, les rabats, tous les vieux yeux ronds fixes de la famille, Argan juge, Orgon président, Géronte chancelier ! faisons-les frémir. Amusons-nous. »
réjouissons-nous avec ce malicieux Pontresme tout à fait congruent.
Le vrai crime se fait au troisième acte quand le baron de Puencarral, interprété par le même comédien qui jouait le grand-père, se mue en cynique blasé.
Que disait Barutin de ce baron, dans le texte de Hugo ? Avant qu’il n’apparaisse, le personnage était longuement présenté. On ne pouvait pourtant pas faire d’erreur :
« Ce Puencarral, […] un millionnaire au désespoir, et de plus, un capitaliste naïf. […]
On le fraude, on le fait tomber dans des chausse-trapes, il s'en tire plus riche qu'auparavant. Il a de la chance, une hausse survient, on ne sait quoi, et la tricherie qu'on lui a faite tourne à son profit. Il s'est enrichi à être dupe comme tel autre à être fripon. »
[…]« Au total, c'est un honnête homme. Il s'est enrichi très loyalement dans les grandes affaires. Il a fait des spéculations heureuses et considérables. Il n'y a pas d'eau trouble dans sa pêche. »
Nous savions tout sur lui avant qu’il n’entre en scène :
[…]
« Ce Puencarral s'appelle quelque chose comme Aubry, Landry, André, un nom très commun, le premier nom venu. Tu sais de ces noms comme Dumont et Durand. Tout le monde s'appelle comme cela. Il a prêté de l'argent au roi d'Espagne qui l'a fait baron de Puencarral. »
Alors, pourquoi, puisqu’on caviarde le texte de Mille francs de récompense, aller l’échanger contre celui de L’Homme qui rit ? Pourquoi confondre le règne de Charles X, en France, vers1825, avec celui de Charles II en Angleterre en 1660 ?
La « chie-en lit » du carnaval ne justifie pas tout !
Pourquoi mettre dans la bouche du baron « mélancolique » et philanthrope, des paroles ironiques et caustiques sur le peuple ? Pourquoi Samuel Churin qui jouait déjà le major Gédouard passe-t-il du rôle de père noble à celui d’amant ? Conflit oedipien non réglé ? Pourquoi prend-il ce ton d’indifférence en évoquant son amour de jeunesse, alors qu’il le fait activement rechercher ? Pourquoi taire la raison qui l’a contraint d'abandonner son Étiennette ?
« […] La loi militaire m'a saisi, je n'étais plus amant, ni père, ni homme, j'étais esclave, j'étais soldat ; il a fallu partir. Il a fallu laisser derrière moi cette femme, cette mère, et cette enfant, cette petite fille dont j'avais vu le sourire. Oh ! ce sourire est resté sur moi. C'est une lumière sur ma vie. Cette lumière rend tout le reste sombre. Les événements sont arrivés. Je suis revenu de la guerre. À mon retour, hélas, en notre siècle cette histoire est dans presque toutes les familles, trouvé les ténèbres et le deuil. »
et il ajoute : « […] Ma vie était brisée »
Pourquoi laisser croire qu’il est indifférent au malheur des pauvres ? Alors que clairement, il s’y oppose :
[…] « Il me revient qu'on fait en mon nom beaucoup de saisies, que les huissiers travaillent de tous côtés pour ma maison, et qu'on exécute une foule de petits débiteurs. C'est là une outrance odieuse. Mettez-y un terme.
[…] Il faut être sévère aux vicieux, mais pitoyable aux malheureux. Brutaliser ceux qui souffrent, est-il rien de plus révoltant ! Et cela en mon nom ! Je sais qu'une banque ne fait pas de sentiment mais qu'on laisse en paix les misérables ! »
Enfin, et c’est le coup de grâce, la fin est tronquée, bâclée, transformée.
Car, s’il n’est pas choquant que le jeune homme qui ne voulait pas être juge, profite de sa dernière soirée de liberté pour jouer les transsexuels, il est impossible qu’il se présente le lendemain, dans ses nouvelles fonctions, avec ses hauts talons et sa tenue de carnaval ! Car, outre que Hugo croyait à la rédemption du coupable et luttait pour la réinsertion du condamné, la pièce ne se clôt pas sur la réplique de Glapieu :
« Je suis Glapieu le récidiviste, vous dis-je. Un récidiviste ne peut être qu'un récidiviste. »
Il y a d’abord la gratitude émerveillée de Cyprienne se « tournant vers Glapieu »,
« Ah ! vous êtes le bon Dieu ! »
Il y a la réponse de Glapieu en forme de boutade :
« C'est trop d'avancement. Non. […]
Mademoiselle, vous allez voir le bon Dieu sortir entre deux gendarmes. «
Il y a la générosité de Puencarral qui intercède auprès de Pontresme :
« Monsieur le substitut, il n'y a pas de plainte portée. Je m'intéresse profondément à cet homme. Je demande sa mise en liberté. . .
[…] J'insiste, monsieur le substitut. . . »
Il y a la réponse positive, (ou presque) de Pontresme :
« Mais soyez tranquille, monsieur le baron. On sera indulgent. On fera ce qu'on pourra.
A Glapieu.
On vous sauvera peut-être du bagne. On aura égard à beaucoup de choses. . . »
Il y a la grandeur d’âme de Glapieu, le paria, qui, inverse les rôles, sur le ton de la confidence, « Bas à M. de Pontresme » :
« Je vous ai reconnu. Mais pas tout haut. C'était vous le faux nez. Mais vous avez été un bon garçon dans ce boui-boui du Tripot Sauvage. Je n'ai pas voulu vous compromettre. Je vous ai ménagé. »
mais qui lance à Rousseline un :
« Au revoir. »
promettant à l’aigrefin des jours intranquilles.
Ah ! M. Kheireddine Lardjam, vous m’avez gâché ma soirée…
Heureusement, Victor Hugo en a vu d’autres et des meilleures !
Vous avez manqué tant de belles répliques, comme celle-ci :
« La vérité finit toujours par être inconnue. »
que je me demande, comme Louis Aragon : « Avez-vous lu Victor Hugo ? »
Mille Francs de récompense de Victor Hugo
Mise en scène de Kheireddine Lardjam
Théâtre de l’Aquarium
0 43 74 99 61
Du mardi au samedi à 20 h
Dimanche à 16 h
Jusqu’au 8 avril
[1] - Publiée dans L’Avant-Scène Théâtre ( N°248). Voir in Théâtre en Liberté, édition Folio, P. 730, la recherche d’Arnaud Laster sur les différentes mises en scène.
[2] - Publiée dans L’Avant-Scène Théâtre (N°1079)
[3] - in Le Roi Lear de Shakespeare. Arnaud Laster in Théâtre en liberté en souligne la parenté. (Folio Classiques)
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