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22/12/2006

La douceur de la soie

  

Le canapé de cuir rutile, seul meuble de l’espace scénique, seule tache de couleur vive, il  épanouit son style anglais du centre au côté cour. Il sert de lit, de rempart, de siège, de cachette. Les comédiens s’y réfugient, les personnages y règlent leurs comptes, s’y appuient, en font un confident quelquefois, un ami, toujours. Côté jardin, se dresse un portant, avec quelques vêtements, couleur noire ou tons neutres. Le chic est dans la discrétion. On maîtrise ses sentiments comme son image.

Philippe Honoré, le metteur en scène aime partir de textes non dramatiques pour ses mises en scène. Cette fois, il adapte des nouvelles de  Françoise Sagan qui peignaient des couples sur la pente du malentendu, des êtres au bord de la rupture,  des êtres lucides, un peu cyniques qui ne peuvent aimer les autres parce qu’ils s’aiment trop eux-mêmes et que leur horizon se limite souvent à leur personne et à leurs pairs.

Elle (Edith Vernes) et Lui (Jacques Faugeron), seront tour à tour ces personnages jeunes et élégants, un peu artistes, un peu bourgeois, femme et homme sans souci matériel, sans vraie méchanceté, mais sans générosité, lisses, charmants et charmeurs. Lui est « sentimental sans sentiments », elle, affiche une tranquillité exaspérante. Dans une autre histoire, lui, cache son désespoir sous des phrases désabusées, elle, sa solitude sous le mutisme de l’indifférence. Il y aura bien quelques exceptions une Lady Garret qui se décoince, un mari trompé qui veut tuer son rival, mais comme ceux du « cheptel », cette assemblée un peu snob qui les entoure, les contraint, leur ressemble, ils  refusent de montrer leur souffrance et leurs larmes. Leurs yeux gardent toujours la douceur de la soie.

Les lumières de Jean-Luc Chanonat cernent les personnages avec beaucoup d’adresse, la musique de Didier Goret les accompagne avec finesse. La projection sur le sol d’une vidéo de Stéphane Cottin semble superflue, l’intensité dramatique naît du dialogue que les deux interprètes ajustent avec rigueur et délicatesse. Un joli moment…

 

 

 

 

Des yeux de soie d’après Françoise Sagan

Théâtre du Lucernaire

 01 45 44 57 34

Depuis le 6 décembre

11:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

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