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26/11/2008

Bon voyage Monsieur Perrichon !

 

Monsieur Perrichon (Pierre Vial) part en voyage ! Il n’est pas seul, le bourgeois ! Il emmène sa famille : sa femme (Madeleine Marion), sa fille Henriette (Hélène Babu), le petit chien d’icelle et ses bagages : « nous sommes neuf », s’écrie-t-il, fièrement. Il ne s’étonne guère de traîner dans son sillage, Armand (Stéphane Vérupenne) et Daniel (Alexandre Pavloff), deux jeunes gens qu’il rencontre partout où il va, de Paris à Chamonix. Ce n’est pas, comme il le croit par « un heureux hasard ». Ils ont été les cavaliers de Mlle Perrichon au bal du VIIIe arrondissement, et ils ont l’intention de la demander en mariage. Or chacun sait, depuis Molière que « Deux époux pour [une fille], c’est trop pour la coutume ! ». Armand est banquier, il sait « rendre service » et sauve Monsieur Perrichon d’une culbute qui aurait pu l’entraîner dans un précipice. Il a les faveurs de Madame et Mademoiselle Perrichon. Mais Daniel se rend vite compte que Perrichon est un« trésor d’ingratitude ». Il saura donc lui donner le beau rôle, flatter sa vanité et devenir le favori : « Vous me devez tout, je ne l’oublierai jamais », jure Perrichon qui peut, en rentrant à Paris se vanter : « j’ai sauvé un homme ! ».

Le sort d’Henriette ne tiendra qu’à une faute d’orthographe. Car, si Perrichon n’avait pas écrit, « la Mère de Glace », au lieu de « la Mer », sur le Livre des voyageurs, si le Commandant (Thierry Hancisse), n’avait pas ironisé sur ce « dévergondage grammatical », si le prétentieux Perrichon n’avait pas traité le commandant de « paltoquet », il n’aurait jamais connu la menace d’un duel, la générosité franche d’Armand, les calculs méprisants de Daniel : « Il n’y a que les imbéciles qui ne savent supporter cette tâche écrasante qu’on appelle la reconnaissance ». Faisant amende honorable, Monsieur Perrichon retournera à Chamonix effacer l’objet du litige, et donnera sa fille à Monsieur Armand. Bon voyage, Monsieur Perrichon !

Julie Brochen a pris « le parti d’en rire » à la manière de Pierre Dac et Francis Blanche, chantant sur le boléro de Ravel. Rien n’est donc pris au sérieux, sauf le ridicule. Les entrées se font par la salle… Sur scène, des rangées de fauteuils d’orchestre recouverts de housses (scénographie de Francis Biras), pas de vue panoramique sur le Mont Blanc, mais un tapis de mousse synthétique sur lequel Mademoiselle Perrichon s’effondre d’émotion. Et chez Monsieur Perrichon, les tableaux descendent des cintres. À jardin, Vincent Delterme accompagne au piano les couplets du vaudeville sur une musique originale de Denis Chouillet. Certaines répliques aussi seront chantées, à la manière d’un film de Jacques Demy. Les costumes de Sylvestre Dequest jouent sur l’intemporel. Quant à Sylvia Bergé, elle ensorcelle le commandant aussi bien en chauffeur raisonneur, qu’en Anita enjôleuse, Jean grincheux et quelques autres…

Mais Monsieur Perrichon ne remarque rien, il fait le paon, prêt, comme M. Jourdain, le bourgeois gentilhomme, à sacrifier sa fille pour satisfaire sa gloriole. Heureusement, il écoute aux portes et entend Daniel le juger. Retournement de situation : le présomptueux Daniel perd en une minute le fruit de ses patientes et tortueuses approches.

Les comédiens sont parfaits, comme d’habitude… Les bourgeois de Labiche n'ont pas fini de nous faire rire...

 

 

 

 

 

Le Voyage de M. Perrichon, d'Eugène Labiche et Edouard Marin

Théâtre du Vieux-Colombier

Jusqu’au 11 janvier 2009

01 44 39 87 00

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