25/03/2009
Une robe de silence
C’était un couple de taiseux. Irène (Valérie Gabriel) ne parlait jamais du suicide de ses parents. Paul (Fabrice Moussy) pour obéir à sa mère, Olga (Anna Strelva), avait enterré la boîte à souvenirs de son père sous les rosiers. Mais un jour, les secrets sont trop lourds. A force de tarauder les mémoires, elles brisent les âmes. Irène n’a plus goût à la vie, et malgré les conseils de son amie psychanalyste, Édith (Léa Wiazemsky), plus rien ne l’intéresse, même pas sa fille, Agnès (Andréa Brusque), adolescente joyeuse et aimante.
C’était un couple sans histoires, qui s’aimait… Puis un jour, Paul achète une petite robe blanche, pour une petite fille de six ans. Impulsivement, sans motif apparent. En dissimulant l’achat à Irène et se murant, comme elle, dans un « infranchissable et obstiné silence ».
Dans L’Intervention de Victor Hugo, une petite robe blanche d’enfant sauvait Marcinelle et Edmond, le couple qui se déchirait. Ici, faute d’explications, la machine à tragédie se déclenche et tout finit très mal… La robe de silence est mortifère.
Frédéric Andrau met en scène l’intime avec logique. Il a construit l’espace scénique du couple en plan incliné dont la surface grise est élastique (scénographie : Goury). Le fond de scène est noir et fonctionne comme un promenoir, un « ailleurs » qui contrôle l’espace central. Les lumières d’Ivan Mathis cernent les personnages. Les comédiens évoluent avec souplesse entre passé et présent, fantasme et réalité. Ils ne trichent pas, le décor se plie à leurs confidences, ou à leurs cachotteries.
C’est un très beau travail.
La Petite Robe de Paul de Philippe Grimbert
d'après son roman.
Maison des métallos
01 47 00 25 20
Jusqu’au 29 mars
13:43 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, littérature, grimbert | Facebook | | Imprimer
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