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23/10/2009

De la haine à l'amour

 

 Le roman de Victor Hugo, Les Misérables, n’a pas fini d’inspirer les créateurs. Cinéma, Théâtre, peinture, sculpture, et même bande dessinée, s’en sont emparé. Plus de cinquante millions de spectateurs ont vu la comédie musicale éponyme, qui a fait le tour du monde, avant de s’installer à Londres, d’où elle repartira en 2010 pour revenir à Paris. Javert est devenu un « type » littéraire, Gavroche un nom commun, Thénardier un « complexe* ».

Après Délivrez Proust qui ouvrait l’œuvre foisonnante de Proust au grand public, le défi de Philippe Honoré s’est porté sur le roman fleuve de Victor Hugo. Il suppose le spectateur instruit des grandes lignes de l’histoire. Et il a raison. Avec trois comédiens, il ne restitue pas l’œuvre dans sa totalité, mais il présente l’actualité sociale du roman.

Il s’intéresse à ceux qui souffrent. « C’est du plus profond du peuple que monte la sève de la société » écrivait René Journet dans une préface des Misérables. Pour que les humbles, les gueux, écrasés par la « loi de la haine », parviennent à la rédemption, Hugo offre « la loi d’amour ». Philippe Honoré l’a compris.

Les figures féminines sont jouées avec brio par Anne Priol (Fantine, Cosette, Éponine), qui interprète également une chanson de Gavroche. Emmanuel Barrouyer sait être tour à tour le bienveillant évêque, l’intraitable Javert, une Thénardier détestable, Marius rebelle et amoureux. Et Philippe Person qui met en scène, sait faire passer la douleur de Jean Valjean, et l’irascibilité de Gillenormand. Chacun devient narrateur pour lier les séquences. Au passage, il nous rappelle en quelques mots, les étapes de la rédaction et les terribles jugements des contemporains.

On oublie les détails de l’intrigue au profit de passages oubliés par beaucoup d’adaptateurs. Ainsi de « Un homme à la mer » (Livre I, chapitre 8) métaphore de la « noyade » morale et sociale de Jean Valjean et des jugements sur une société dure au pauvre et complaisante envers les riches.

Sur un fond sombre, le décor de Vincent Blot dispose trois petits podiums encadrés de portiques éclairés (combat des « ténébreux » et des « lumineux » orchestré par Alexandre Dujardin). À gauche, Philippe Person, à cour, Emmanuel Barrouyer. Fantine-Cosette occupera d’abord le centre, au second plan, avant de descendre de son piédestal pour assumer sa déchéance.

En retrait, à droite une gigantesque silhouette de carton-pâte, surmontée d’un chapeau haut de forme, suggère la rigidité monolithique de Javert. Au fond, à jardin, les accessoires pour les changements à vue. Au centre, des praticables deviennent tribune, ou salon, ou barricade. Le grand-père Gillenormand y pérore :« ce jacobin ! ce terroriste ! », Marius et Cosette y échangent leur premier baiser.

Il manquera toujours quelque chose au spécialiste, mais le spectacle incite le spectateur à se replonger dans l’œuvre originale, et le pari est gagné !

 

 

 

 

*Le Complexe de Thénardier de José Pliya

 

 

Misérables d’après le roman de Victor Hugo

Adaptation de Philippe Honoré

Théâtre du Lucernaire à 20 h

01 45 44 57 34

Commentaires

j`adore victor Hugo

Écrit par : emule | 16/11/2009

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