09/03/2012
Un sale gosse
Victor (Thomas Durand), est un enfant « modèle », « irréprochable », terriblement intelligent », mais le jour de ses neuf ans, il va être tout simplement « terrible ». Le gamin monté en graine, va juger les adultes du haut de son mètre quatre-vingts. Il savait déjà que son père Charles Paumelle (Serge Maggiani), couchait avec la bonne, Lili (Sarah Karbasnikoff). Et la petite Esther (Anne Kaempf), enfant du couple ami, les Magneau, lui révèle qu’il est aussi l’amant de Thérèse (Valérie Dashwood), sa mère.
Elle a vu ce qu’elle ne devait pas voir, Victor va dire ce que les adultes taisent. C'est-à-dire la vérité. L’enfant « précoce » est devenu un « sale gosse » et sa parole est féroce.
La scène se passe chez des bourgeois en 1909. Ce pourrait être un vaudeville. Mais Roger Vitrac en détourne les codes. Le cocu, Antoine Magneau (Hugues Quester), n’est pas ridicule, il est fou et dans son délire revanchard, confond le traitre Bazaine et l’infidèle. Victor provoque son père, puis le général Longségur (Philippe Demarle). On l’aime bien cet enfant quand il récite du Victor de Laprade, mais quand lui et Esther rejouent la scène « du crime », c'est-à-dire l'adultère, avec les mots bêtifiants des amants coupables, quelle rage ! « Ils nous imitent, les singes ». La douce Emilie (Elodie Bouchez), hésite à comprendre son infortune, Antoine pique sa crise et les gifles pleuvent…
Car, ils ont la main leste, ces adultes hypocrites. Et qu’ils sont peu attentifs, peu tendres envers leurs enfants ! Victor, désemparé, malade, décide de mourir. Le médecin (Stéphane Krähenbühl), appelé trop tard, ne le sauvera pas. Car, avec Ida Mortemart (Laurence Roy), grande dame affligée d’une maladie vulgaire, incapable de maîtriser ses flatulences, entre en scène la grande figure de la décomposition macabre d’une société close. La mort rôde, fascinante, ravageuse.
Dans sa mise en scène, Emmanuel Demarcy-Mota, abolit le salon bourgeois. Une maison aux parois de verre occupe le centre du plateau au départ. Les murs vont s'ouvrir, s'écarter, libérer les miasmes d'un monde délétère. Dehors c'est un jardin calme en automne. Des feuilles jonchent le sol, autour d’un bassin où les protagonistes plongeront. Des arbres suspendus, étalent des branches et des racines dénudées. A moins que ce ne soit la mandragore qui pousse au pied des pendus. L’image vous poursuivra longtemps.
Demarcy-Mota aime jouer avec les matières. Le sable (dans une de ses premières mises en scène), l'eau, la terre, le végétal appartiennent à cet univers qui mêle le réel et l'onirique. Les costumes bourgeois (Corinne Baudelot), et le surréel de la scénographie (et lumières) d’Yves Collet soulignent cette ambivalence. Le dérèglement des sens commande la folie de l'espace. Les comédiens sont extraordinaires de justesse dans cette bacchanale mortifère.
C’est un grand moment de théâtre dont les adultes (que nous sommes) ne peuvent ressortir indemnes.
Théâtre de la Ville jusqu'au 24 mars,
01 42 74 22 77
puis à Saint-Etienne les 28, 29 et 30 mars
La Coursive de La Rochelle, les 4 et 5 avril
et en 2013, Rennes, luxembourg et Reims
17:31 Écrit par Dadumas dans Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : théâtre, littérature, vitrac, demarcy-mota | Facebook | | Imprimer
Commentaires
Je vais y aller, la semaine prochaine je vais me rendre à La Coursive afin de voir les horaires. Si c'est le soir, j'en profiterai pour me concocter une petite soirée sympa.
Écrit par : wanda BREWINSKI | 09/03/2012
Bonne idée ! Tu me diras ce que tu en penses. Je pense que l'univers surréaliste te plaira. Et tu verras des comédiens exceptionnels. Tu me diras celui (ou celle) qui t'impressionne le plus.
Écrit par : Danielle Dumas | 09/03/2012
cet article est très intéressant pour moi, merci!
Écrit par : kamagra | 20/03/2012
Merci beaucoup pour l'information vraiment très intéressant! Je ne le savais pas auparavant.
Écrit par : kamagra jelly | 09/07/2012
Un sale gosse? Il faut le lire. je crois que c'est vraiment intéressant. Merci pour l'info!
Écrit par : kamagra paris | 12/07/2012
Les commentaires sont fermés.