10/10/2012
Livre : Oriane au pays des merveilles
Le Voyage d’Oriane est un « conte d’été » de l’an 2000. Vous dire si mes lectures ne suivent pas la mode ! Mais peut-on tout lire au moment où les oeuvres paraissent en librairie ? Et j'ai une excuse : c’est un petit livre de poche édité au Luxembourg.
L’auteur ? Danièle Gasiglia-Laster, grande admiratrice de l’œuvre de Marcel Proust auquel elle emprunte le prénom de la duchesse de Guermantes.
Oriane, donc, jeune fille très cultivée est envoyée dans un monde étrange où les animaux, les fleurs discutent à égal avec Hugo, Proust, Mozart, La Fontaine, le cheval Pégase, un boa, j’en passe et des… plus insolites.
Le vocabulaire est riche, la lecture ouvre de beaux horizons littéraires en divertissant le lecteur. Le voyage est plaisant, et on imagine une mère (ou un père) lisant un épisode, chaque soir, au moment du coucher, et du baiser du soir, aux enfants avides de rêves élégiaques, qui s’initieraient ainsi aux poètes et à une philosophie humaniste, voire panthéiste, de la vie.
Le Voyage d’Oriane de Danièle Gasiglia-Laster
Éditions des Cahiers Luxembourgeois
NIC Weber éditions
12:35 Écrit par Dadumas dans culture, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, culture | Facebook | | Imprimer
04/10/2012
Redevenir humains
Imaginez deux informaticiens surdoués, Charline (Juliette Poissonnier) et Arthur (Guillaume Marquet). Ils viennent de gagner le grand concours international des logiciels, et ils s’apprêtent à aller chercher leur récompense à Versailles où le Conservateur (François Raffenaud) les attend avec de gentils sponsors plus ou moins cyniques : Jacques Servié (Jean Charles Rieznikoff), Bernard Pinaud
(Alain Gautré), un artiste Paul Magamé (Tony Mpoudja), et une drag queen, Bugz (Joe Sheridan).
Et soudain, l’ordinateur quantique s’éteint, l’écran disjoncte, la souris devient araignée, les deux jeunes savants sont transformés en chimpanzés, et « le bug envahit le monde »…
Ne dites pas que vous n’y aviez jamais pensé, quand vous voyez vos frères humains, l’œil rivé à des écrans, le pouce sur la touche de leur téléphone, l’index sur la touche « entrée » de leur ordinateur ou de leur tablette numérique.
Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien poussent très loin le délire angoissant dans Bug, une nouvelle pièce qui divise la critique et laisse les spectateurs suffoqués. Sur le plateau, treize comédiens, et une vingtaine de rôles. Pas un temps mort. Un rythme à couper le souffle. Des personnages étranges comme ce Bugz, bisexué, assassiné, mangé et ressuscité. N’y voyez aucune allusion à une religion, quelle qu’elle soit, mais une métaphore de notre monde qui dévore ses créatures et leurs créations.
Un savant sans conscience Gunther (Stéphane Dausse) rate ses clones, Gunther 2 et 3 (Laurent Ménoret) mais affirme « faire progresser la science.» Une Allemande, Inge (Katarzyna Krotki), bourrelée de remords, rend visite à une vieille dame juive, Juliette, (Bernadette Le Saché) qui perd la mémoire, mais garde son bon sens. Michael Jackson (Pierre Lefebvre), plastiné se promène avec Jean Genet (Laurent Menoret), Houellebecq (Alain Gautré) et Jeff Koons (Stéphane Dausse), un jeune noir, Cassius (Pierre Lefebvre) rêve de devenir footballeur. Paul découvre l’horreur du Rwanda, Maria (Manon Kneusé) les perversités des laboratoires.
La sarabande infernale traverser le temps et les espaces, toujours à l’abri de son « écran », toile transparente tendue entre le public et la scène, dont les effets de verre dépoli, de nuées, de brumes, de « neige », de courts-circuits, fascinent les spectateurs. Sur le décor de Jean Haas, les vidéos d’Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun, projettent des images et des textes, et les lumières de Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne, la musique et le son de Stéphanie Gibert construisent un univers fantastique, que renforcent les maquillages de Sophie Niesseron, les accessoires d’Erwan Creff, les costumes de Cidalia Da Costa.
Jean-Louis Bauer aime ces parcours entrecroisés, ces subtiles dérives, ces rencontres improbables qui illustrent la folie du monde, la transgression, la régression. Philippe Adrien exploite toutes les techniques pour donner au texte qu’il cosigne une diabolique trajectoire. Une gageure, une réussite. Les portes des armoires s'ouvrent sur des jardins, des couloirs incertains, et conduisent sur de hauts plateaux, au bord de l'abime. Juliette Poissonnier et Guillaume Marquet sont prodigieux dans leur quête désespérée.
« Comment on fait pour redevenir humain ? », demandent les deux protagonistes. C’est la question essentielle d’une pièce plutôt pessimiste sur l’avenir de l’humanité.
Mais peut-être, vous, y verrez-vous un autre message.
Photos : © Antonia Bozzi
Bug ! de Jean-Louis Bauer et Philippe Adrien
Théâtre de la Tempête
jusqu’au 27 octobre
01 43 28 36 36
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 16 h
23:14 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : théâtre, bauer, adrien | Facebook | | Imprimer