20/01/2016
Garder le secret
En Malaisie, l’amok est l’être, qui fou de rage, peut commettre n’importe quel forfait. C’est cette forme d’ivresse qui saisit le jeune médecin (Alexis Moncorgé), devant l’attitude d’une femme inconnue, qui, dans le village perdu où il exerce, vient lui demander de la débarrasser du fruit d’un adultère. Non parce qu’il réprouve l’acte. Il a déjà rendu ce service. Mais parce qu’il la trouve orgueilleuse et méprisante.
Il la désire. Elle se refuse. Elle fuit. Il la suit. Elle aura recours à une faiseuse d’anges, et mourra d’une hémorragie qu’il ne pourra arrêter. Elle lui fera jurer de « garder le secret ». Et il fera tout pour que « personne ne le sache ».
Dans une semi-obscurité, il confesse la tragédie qui a bouleversé son destin. Il est seul en scène, et la nuit rougeoie dans le lointain (Lumières de Denis Koransky). Une cloche tinte. Il est à bord d’un bateau quittant les Indes. Il s’est isolé car « il ne supporte plus les hommes. » Il nous raconte son histoire.
Quelques malles empilées servent de décor, une toile opaque, clôt le fond de scène. La scénographie de Caroline Mexme est sobre. Le comédien est seul, tout repose sur lui, et Alexis Moncorgé libère les ondes puissantes d’un désespoir qu’il ne peut dominer.
Caroline Darnay, qui le met en scène, l’enveloppe d’ombres mouvantes. La bande sonore de Thomas Cordé crée un monde oppressant, et quand dans sa colère, le narrateur « serre le poing contre un dieu misérable », il nous entraîne dans sa malédiction.
Alexis Moncorgé qui signe aussi l’adaptation, donne ici le meilleur de la nouvelle de Zweig.
Amok d’après Stefan Zweig, adaptation d’Alexis Moncorgé.
Photo : © Christophe Brachet
Théâtre de Poche-Montparnasse
du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h30
01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
16:29 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre de poche-montparnasse, zweig, caroline darnay, alexis moncorgé | Facebook | | Imprimer