23/01/2010
Guillaume le conquérant
Lorsque sa mère appelait : « Les garçons et Guillaume à table », le jeune Guillaume Galienne n’y voyait aucune offense. Il se rêvait fille pour faire plaisir à Maman, qui avait déjà deux garçons. Lui, ne jouait pas à la guerre, mais à « Sissi et sa belle-mère ». Dans sa naïveté, il se pensait femme.
Apprenait-il à danser la sévillane en Espagne, avec Paqui ? Il copiait les postures féminines. Mais quand il imitait sa mère au téléphone, il trompait la bonne et sa grand-mère Babou, mais pas son père. Il détestait la violence des sports que ses frères pratiquaient, et chez les « frères des écoles chrétiennes », on le surnommait « la pédale ».
Dans un collège « au fin fond de l’Angleterre », il apprit que « chaque souffrance est good for the health » et tout le monde pensait qu’il avait simplement « du mal à assumer son homosexualité ».
En réalité, il aimait sa mère, le « souffle des femmes », le théâtre, et il rencontra enfin Amandine…
On connaissait le brillantissime comédien, qui interpréta* François, le divin jongleur de Dario Fo comme nul autre ne l’avait jamais fait auparavant. On découvre ici un auteur subtil, un homme sensible, cultivé, polyglotte, un esprit aiguisé, brillant. On est ébloui par tant de talents, une telle présence. Car, imaginez-vous la gageure ! Guillaume Gallienne seul en scène, faisant crouler de rire la grande salle de l’Athénée, du parterre au deuxième balcon !
Dans une mise en scène simple et raffinée de Claude Mathieu, éclairé par Dominique Bruguière, Guillaume revit les malentendus de son enfance, le trouble de l’adolescence, et tous les personnages qui l‘entourent ou l’accablent.
Il est bien sûr sa mère, (comme Philippe Caubère fut Claudine). La mère est toujours le premier modèle, celui qu’on copie et qu’on rejette. Mais tout en restant lui-même, il est aussi toutes les femmes qu’il admire, tous les hommes qu’il craint. La consultation chez les deux psychiatres, restera un morceau d’anthologie, un cours magistral pour de jeunes comédiens.
Il lui en a fallu du courage, de la ténacité pour devenir lui-même ! Travailler sa voix pour qu’elle passe de la « voix de tête » à sa voix de baryton ne lui a pas suffi. Il a fallu aussi « apprivoiser l’objet » de sa peur, le cheval en l’occurrence, et « faire confiance à l’animal ».
Il en a souffert des angoisses avant de devenir Guillaume le conquérant, celui qui entend un jour appeler : « les filles ET Guillaume, à table ! »
photo : Pacome Poirier
*Studio de la Comédie-Française
Les garçons et Guillaume à table de et par Guillaume Galienne
Du 21 janvier au 20 février
Théâtre de l’Athénée
01 53 05 19 19
23:19 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théâtre, guillaume galienne, comédie-française, th. de l'athénée | Facebook | | Imprimer