Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/09/2007

Mieux vaut être riche et bien portant...

Bruno Sobin (Jacques Frantz) est un battant. Toujours à l’affût d’une bonne affaire, il rachète à bas prix des sociétés en difficulté et après les licenciements et les restructurations, les revend quand elles tournent mieux. Pas pour gagner beaucoup d’argent, mais pour le faire circuler. Les banques prêtent et se remboursent sur ses acquis. C’est un jeu. Le chevalier d’industrie n’est pas sans reproche.

068899277a24525f0ab6fa100b17199e.jpg

Sobin est cynique, mais ceux qui l’entourent ne valent pas mieux. Jacques Grammont son collaborateur, expert en coups tordus et en fornications rapides, est prêt à le trahir pour gagner plus. Thomas Le Douarec lui donne une ambiguïté sulfureuse. Henri de Vilbert  louvoie entre politique et affaires avec une éthique en toc que la gravité affichée par Christophe Laudion souligne. Responsable de la déconfiture de la Maison Merrien, de Vilbert en précipite la chute en revendant ses actions à une banque, et plaque sa femme, Anne Merrien (Michèle Boudet) qui lui avait mis le pied à l’étrier. Claire Merrien (Marjorie Frantz) et Judith Merrien (Mayane) sont ruinées. Sobin le sera dès que les banques demanderont des comptes.

Ni la lucidité dévouée de Geneviève (Marie Piton), sa secrétaire, ni les démarches des ouvrières, Josyane (Naidra Ayadi) et Arlette (Marie Pillet), victimes de licenciement ne le sauveront quand le pouvoir l’abandonne. Mais Sobin, toujours, rebondit. Ce sera grâce à la femme de ménage, Zoulé (Maïté Vauclin), on ne vous dit pas comment, car il faut absolument découvrir  Les riches reprennent confiance de Louis-Charles Sirjacq au  Poche-Montparnasse. C'est une oeuvre de salubrité théâtrale...

Écrite il y a dix ans, publiée en 2002, Prix de la Fondation Diane et Lucien Barrière, la pièce semble inspirée par les scandales en cours. Sirjacq en excellent auteur pressent l’atemporel. Il ne dénonce pas. Il peint par petites touches de couleurs franches, aiguës comme des couteaux. Les scènes sont brèves et tranchantes. Il juxtapose cruellement les humbles et les nantis, mais il aime ses personnages, et son Sobin qui a si peur de la maladie et de la mort n’est pas antipathique. Jacques Frantz ne le rend jamais odieux, au contraire, il creuse toutes les nuances de l’humanité. À ses côtés, Marie Piton est lumineuse et tous les acteurs sont parfaitement ajustés à leur rôle.

Étienne  Bierry, qui avait déjà fait confiance à l’auteur pour L’Argent du beurre, présente cette nouvelle création. Il n’hésite pas Étienne  Bierry quand il aime. Et il réussit. A l’heure où, dans les grands théâtres un seul acteur monologue sur un plateau immense, (je ne désigne personne), Étienne Bierry  ouvre sa scène « de poche » pour dix interprètes, la restructure pour créer deux dégagements et Jovan Josic y case encore un décor de bureau métallisé en noir et argent, un canapé de cuir, un vélo de salle de sport  et une vidéo pour concrétiser les « technologies nouvelles », dont on parle. Il est fou,  Étienne, et c'est pour ça qu'on l'aime...

A mesure que Sobin s’enlise, les objets disparaissent, la gêne s’installe en vidant les lieux. Ainsi fonctionne l’ironie de l’auteur qui cite Edouard Bourdet dès le prologue : « Les temps sont difficiles ». On rit beaucoup, d’un rire quelquefois amer. Mais, finalement, ces personnages, on les plaint, car chacun sait qu’il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade…

Les riches reprennent confiance de Louis-Charles Sirjacq

Poche-Montparnasse

01 45 48 92 97

12:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Les commentaires sont fermés.