Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/09/2007

Sartre et le revizor

Il est gonflé Jean-Paul Tribout ! Monter une pièce éreintée à la création et en faire une brillante comédie qu’il sous-titre « Arsène Lupin chez les réacs », il faut avoir de l’audace ! Et un sacré savoir-faire.

Qu’on en juge : une escroc de haut vol, Georges de Valéra (Eric Verdin) échappe de justesse à l’inspecteur Gobelet, (Jacques Fontanel), grâce à la complicité de Véronique (Marie-Christine Letort), journaliste dans un journal de gauche et fille de Sibilot (Henri Courseaux) que son journal de droite vient de mettre à pied. Or, ce journal, dirigé par Palotin (Jean-Paul Tribout) doit lancer une grande campagne anticommuniste. Il y va de sa survie. Palotin est servile à souhait : « Mes opinions sont immuables tant que le gouvernement ne change pas les siennes. » C’est le moment où Nekrassov, ministre soviétique de l’Intérieur, disparaît… Valéra se fait passer pour le transfuge Nekrassov, Sibilot est réintégré et Mouton (Emmanuel Dechartre), le président du journal, berné avec l’assentiment de tout son conseil d’administration voit le tirage du journal monter en flèche. Tout ira si loin dans l’imposture que les réactionnaires refuseront la vérité, et que la D. S. T. sollicitera Nekrassov-De Valéra pour jouer les accusateurs contre des journalistes d’opposition. Plus le mensonge est gros, mieux il passe ! Et Sartre fait pleuvoir les sarcasmes. Il y a du « revizor » dans sa comédie…

Mais, en 1955, les communistes ne lui avaient pas  pardonné Les Mains sales (1948), et les milieux de droite ressentirent Nekrassov comme un camouflet. La pièce déplut. Cette satire, menée au pas de charge raillait le journalisme sans déontologie, l’anticommunisme dit primaire et les manœuvres des politiciens sans scrupules. Elle fut très mal reçue.

Aujourd’hui, la comédie éclate de santé, portée par une équipe bouillonnante qui joue trente rôles avec dix comédiens. Catherine Chevallier la secrétaire qui minaude comme Marilyn est aussi l'intraitable Madame Lherminier, Madame Bounoumi, et une clocharde. Jacques Fontanel inspecteur désabusé, est aussi Nerciat, et Périgord, Laurent Richard est Demidoff, mais également Tavernier, Bergerat, et le clochard. Xavier Simonin joue Chaviret, Baudoin, un agent, tout en assurant l’assistanat à la mise en scène. Et dans une course-poursuite digne de Labiche, ils entraînent les spectateurs médusés… Le décor à transformation d’Amélie Tribout esquisse les lieux sans vrai naturalisme, mais avec une bonne dose d’ironie et un subtil partage entre l’intime et le social.  Pas de temps mort, mais des flèches en rafales.

C’est réjouissant d’un bout à l’autre. Eric Verdin tient enfin son grand premier rôle et Jean-Paul Tribout un succès mérité.

Nekrassov de Jean-Paul Sartre

Théâtre 14 Jean-Marie Serreau

01 45 45 49 77

09:35 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Commentaires

Bonjour,
Merci de nous faire partager vos critiques aiguisées.
Serait il possible de rentrer en contact ?

Écrit par : Emmanuelle | 21/09/2007

Les commentaires sont fermés.