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09/11/2007

Des corps endiablés

La chair n’est pas triste quand Andréa de Nerciat la raconte, et nous n’avions pas lu ses livres… Nous avions des excuses, ils étaient séquestrés dans L'Enfer de la Nationale ! C’est dire combien sont polissonnes les rencontres qui se succèdent sur la scène du Théâtre Essaïon !

Marquise, Comtesse, petit Page, Chevalier, Prélat ou Marquis, les quatre comédiens (Liliane Nataf, Cécile Sanz de Alba, Samuel Bonnafil, Antoine Segard) qui les interprètent sans faiblir un seul instant, endossent des identités qui annoncent leurs états et leurs fonctions : Madame Durut, Comtesse de Motte-en-Feu, Vicomte de Culigny, Belamour, etc. Ils sont nés pour satisfaire leurs sens et n’ont qu’une seule occupation : jouir. Donner du plaisir, s'en donner, sans jamais faire souffrir l'Autre, les autres. Généreux de leur corps, ils se donnent entièrement, immédiatement, et simultanément. Dom Juan recensait 1000 et trois conquêtes, la comtesse en consigne cinq mille cinquante-six... Quelle santé !

Peintre assez leste d’un XVIIIe siècle libertin, Andréa de Nerciat est « l’envers solaire de Sade », dit Jean-Louis Thamin, le metteur en scène, adaptateur avec Liliane Nataf de ces Dialogues libertins regroupés sous le titre Le Diable au corps. Sa maison de plaisir, « Temple des Aphrodites », n’a rien d’un jardin des supplices. On ne sacrifie ici qu’à la « jouissance ». Quand on apprend que ce diable d’homme écrivit son texte en 1792, on se dit qu’il y avait donc des thébaïdes en pleine Terreur !

Mais ce sera la seule réflexion un peu philosophique qu’on avancera, car, pour l'essentiel, seul compte le corps . Les zones érogènes remplacent l’âme. Pas une ombre de tristesse, une esquisse de culpabilité. L’érotisme se satisfait du frottement des peaux, des pénétrations joyeuses, de la caresse des mots crus, de l’aimantation des regards. On fornique, on ne pense pas. Il n'y a que le paravent-miroir qui réfléchisse... On s'amuse jusqu'à la dernière nuit. Tenez ! Madame de la Bistoquière, quatre-vingts ans sonnés, toujours en lice pour essayer sept champions en deux heures.462e579c098cd34b3b0e84706f2cfef0.jpg

Sur scène ? Rassurez-vous, pas d’exhibition, tout est mimé bien sûr !

Un fauteuil solide supporte tous les assauts, et un rideau se lève pour voiler sans trop de pudeur les copulations à deux, à trois, à quatre, et même à huit, quand des mannequins grandeur nature, le "boute-joie" déployé, doublent les personnages dans une gaillarde partouze de corps endiablés…

Ces facéties n’ont pas lieu à La Feuille de Rose, mais au théâtre Essaïon…

Jusqu’au 17 novembre

Théâtre Essaïon

à 21 h 30

01 42 78 46 42

19:05 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

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