19/09/2008
Les deux amours de Léontine
Elle en a du tempérament Léontine Béjun (Isabelle Nanty) ! Et de l’ambition pour son mari (Urbain Cancelier) et son amant Lucien (Yvan Le Bolloc'h). Le mari serait plutôt pantouflard, complaisant, pourvu qu’il y trouve son intérêt, l’amant du genre « Bel-Ami », sensuel, ne résistant à aucune séduction : femme, argent, honneur.
Léontine veut que son Béjun se présente aux élections. Il est imprimeur, il devient directeur d’un journal de gauche : La Torche, dont Gélidon est rédacteur en chef. L’adversaire de droite, le Baron Saint-Amour (Gérard Chaillou) rachète le vilain canard et en modifie la ligne éditoriale. Le baron a une fille adorable Madeleine (Cassandre Vittu de Kerraoul). Gélidon n’y résiste pas ! Il reprend son nom de plume, car à Paris, il est aussi romancier. Il redevient Montillac, et pour les yeux de Madeleine signe dans la Torche des éditoriaux cinglants contre Gélidon. Mais, pour ne pas abandonner Léontine, il reste rédacteur en chef d'un deuxième et nouveau canard : Le Phare, qui soutient Béjun et se déchaîne contre Montillac.
Serait-ce dire que les journalistes s’adaptent à toutes les situations ? Que leur pensée est molle et leur idéologie malléable ? Des noms ! je veux des noms !
Arthur Schnitzler, dans les Journalistes peignait un personnage semblable à Gélidon, dans un contexte viennois inquiétant et tragique. Tristan Bernard, lui, égratigne une bourgeoisie provinciale hypocrite, avec une mécanique bien huilée qui mènerait à la catastrophe si tout ce petit monde était sérieux. Mais la belle Léontine se console aisément et Gélidon finit par assumer ses responsabilités. La charge est d’autant plus comique que les acteurs sont excellents.
On ne résiste pas à l’œil allumé d’Isabelle Nanty, au sourire du ténébreux Yvan Le Bolloc'h, à la rondeur d’Urbain Cancelier, à l’autorité de Gérard Chaillou, à la finesse de Cassandre Vittu de Kerraoul. Autour d’eux, Pierre Olivier Mornas (Larnois), Catherine Chevalier (Amélie Flache), Jean-Marie Lecoq (Commandant Mouflon), Jean-Pierre Lazzerini (Honoré Flache), Jean-louis Barcelona (La Chevillette), Michel Lagueyrie (Moreau) ; Laurent Méda (Alfred), campent une société plus sotte que dangereuse. Les décors de Stéphanie Jarre, les costumes d’Emmanuel Peduzzi cernent l’époque qu’on disait « belle ».
Peut-être aurait-on préféré que le metteur en scène, Alain Sachs nous actualise légèrement ce ballet de compromissions ?…
Mais de nos jours, c’est bien connu, personne ne trahit…
Les Deux Canards de Tristan Bernard
Théâtre Antoine
Depuis le 9 septembre
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11:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre | Facebook | | Imprimer
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