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15/10/2017

De haine et d'amour

 

 

 

Théâtre, Psychanalyse, Mélanie Klein, Brigitte Jaques-Wajeman, Trois femmes. Trois psychanalystes en scène. Mélanie Klein (Marie-Armelle Deguy), sa disciple Paula (Sarah Le Picard), et l’objet d’étude, sujet des dissensions, Mélitta (Clémentine Verdier) fille de Mme Klein.

Nous savons que Mélitta, devenue elle-même médecin, s’opposa violemment à toutes les découvertes de sa mère. Nicolas Wright montre ces trois femmes au cours d’une nuit de quête et d’aveux, de suspicions et de confessions. Ce n’est pas la nuit de Walpurgis, mais tous les démons y sont convoqués.

Vous ne croyez pas à la psychanalyse ? Vous avez vos raisons. Mais ici, vous auriez tort de vous priver de cet éblouissant trio. La reine est sans conteste, Marie-Armelle Deguy, puissante et fragile, d’une intelligence remarquable dans l’interprétation d’un texte mouvant et violent.

Clémentine Verdier, en fille perverse, vindicative et irascible, est bouleversante. Et Sarah Le Picard, blessée, mais lucide et déterminée, joue la raison face à ces passionnées, pétries de haine et d’amour.

Le spectacle mis en scène par Brigitte Jacques est puissant, ne le manquez pas…

 

 

 

Mme Klein de Nicolas Wright

Traduction François Regnault

Mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman

Théâtre de la Ville/salle des Abbesses

01 42 74 22 77

Jusqu’au 20 octobre

21/04/2016

2016, l’Odyssée du portable

 

 

 

Le portable rend bien des services, mais il a envahi nos vies, et modifié nos comportements.théâtre,science,théâtre de la reine blanche,j. -l. bauer,antoine campo,elisabeth bouchaud


En 2016, rares sont ceux qui ne jouent pas avec leur téléphone dans le métro, leur voiture, et même, en douce, pendant les conférences et les spectacles. « Éteignez vos portables ! » a été l’injonction des directeurs de salle, avant de devenir l’intitulé de la rubrique théâtrale[1] d’un célèbre confrère.

Jean-Louis Bauer, avec sa nouvelle pièce La Chair et l’Algorithme élargit le domaine de La Voix humaine de Cocteau. Il montre comment l’accélération des techniques capables de reproduire la voix humaine, de diriger des activités, isole l’humain dans un univers de cauchemar et détruit la conscience. Plus de chair, que des algorithmes ! 

Jeanne (Elisabeth Bouchaud) en fait la triste expérience. théâtre,science,théâtre de la reine blanche,j. -l. bauer,antoine campo,elisabeth bouchaudElle est journaliste et le portable est l’instrument privilégié de sa vie sociale et sentimentale. Elle gagne en rapidité, mais, peu à peu l’invention de nouvelles applications, grignote la réalité, dévore tous rapports, saccage les destinées.

Dans 2001, l’Odyssée de l’espace, (1968, Stanley Kubrick) Hal, l’ordinateur fou est désactivé, dans La Chair et l’Algorithme, l’odyssée du portable est terrorisante. Plus rien ne le contrôle, et la pauvre Jeanne perd ses amours et sa vie. Son double (Marie Chaufour) imprimé en 3 D pense et vit à sa place.théâtre,science,théâtre de la reine blanche,j. -l. bauer,antoine campo,elisabeth bouchaud

Antoine Campo qui signe ici la mise en scène, la scénographie et les costumes, réalise, avec les lumières de Paul Hourlier, l’équipe vidéo d’Aline Romat et Matthieu Desport un spectacle inquiétant où la vision d’un futur proche sonne comme une alarme. C’est beau et effrayant à la fois.

De quoi vous donner à voir, entendre et réfléchir, humains de peu de raison…

 

 

 

 

 

La Chair et l’Algorithme de Jean-Louis Bauer

Mise en scène, scénographie et costumes d’Antoine Campo

Théâtre de la Reine Blanche

19 avril -16 juin à 21 h les mardi, jeudi, samedi.

01 40 05 06 96

 

 

[1] - Jean-Pierre Leonardini dans L’Humanité.

03/12/2013

Science et conscience

 

 

 

Fritz Haber (Xavier Lemaire) était un chimiste allemand qui mit sa science au service de l’industrie, si bien qu’il permit de fabriquer des engrais afin de nourrir la planète, et des gaz asphyxiants pour faire mourir l’ennemi.

Pour la première utilisation il reçut le Nobel en 1918, mais comment accepter la seconde. Sa femme, Clara Immerwahr (Isabelle Andréani), chimiste elle-même est révoltée par les premiers essais, à Ypres, en 1915, sur le front de la Somme, d’un gaz mortel baptisé « ypérite ». D’où ce cri désespéré qu’elle lance à celui en qui elle avait toute confiance : « Qui es-tu Fritz Haber ? ». théâtre,poche-montparnasse,isabelle andréani,xavier lemaire,claude cohenElle ne reconnaît plus le jeune chimiste, prénomme Jacob, brillant chercheur qu’elle a épousé et qui, pour se faire accepter dans la société allemande, s’est converti au protestantisme, et la confine au foyer alors qu’elle était la première femme à recevoir un doctorat en chimie.

Elle argumente de la morale, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » comme le disait Rabelais. Elle raisonne, il impose, elle supplie, il ordonne, elle pleure, il ricane. En une nuit, seront détruits quinze ans de confiance, de bonheur construit sur des affinités, une ascension sociale partagée. Il est devenu un Prussien intraitable, et il ne voit plus en elle qu’une « mama » juive. Il part vers d’autres expériences. « Un savant appartient au monde en temps de paix et à son pays en temps de guerre. » affirme-t-il. Elle se suicide.

L’auteur, Claude Cohen montre l’affrontement du couple dansthéâtre,poche-montparnasse,isabelle andréani,xavier lemaire,claude cohen cette effroyable soirée. Lui aveuglé de nationalisme hautain, elle, admirable d’humanité. La mise en scène de Xavier Lemaire nous plonge au cœur du désarroi de cette femme. Les lumières de Stéphane Baquet les isolent autour d’une table encore dressée. Il porte fièrement l’uniforme, elle est vêtue d’un gris fané (costumes de Rick Dijkman), en deuil de ses illusions. Dans la petite salle où ils jouent, pas un battement de cils n’échappe au spectateur.

Après l’ypérite, Haber mit au point un puissant insecticide, le zyklon B, et même s’il n’en connut pas les applications que les nazis en firent, la pièce de Claude Cohen pose de vraies questions sur la science.

 

 Photos © Laurencine Lot


Qui es-tu Fritz Haber de Claude Cohen

Théâtre de Poche-Montparnasse

Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 17 h

 

01 45 44 50 21