Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/03/2009

Un fleuve pas tranquille

Madame Isabelle (Chantal Trichet) aime l’Afrique, et surtout Moussa (Criss Niangouna), un masseur qui sert aussi de guide pour « remonter le fleuve Niger ». Madame Isabelle est accompagnée de son fils, Désiré (Jacques Allaire). Vu qu’elle a l’oseille et qu’elle refuse de lui signer des chèques, Désiré cherche à la trucider. Il traficote, essaie de trouver un marabout, un chef de guerre, un complice quelconque pour s’en débarrasser. En vain. Il croyait se faire un complice de Moussa qu’il imaginait être un naïf avide de petits cadeaux. Moussa est un sage, qui emploie le plus-que-parfait du subjonctif à bon escient quand les deux blancs s’expriment «en « petit nègre ». Moussa, que Désiré a surnommé Lustucru est ethnologue de formation. Ni l’argent, ni le sexe, ni la promesse d’un visa ne le tentent.

En remontant le Niger d’Arezki Mellal, est une farce féroce. L’auteur n’épargne ni les Blancs cupides, ni les Noirs magouilleurs. Madame Isabelle n’a jamais aimé son fils, mais elle raffole des aventures exotiques. Désiré est prêt à renier sa religion, à tuer, pour obtenir des marchés juteux. Le Niger n'est pas un fleuve tranquille. Les ethnies se livrent à des guerres fratricides. Les enfants sont enlevés par les rebelles qui les obligent à devenir soldats. Les villages sont désertés, car on abat les chèvres qui s’approchent des mosquées, on tire sur les cigognes qui risqueraient de se nicher en haut des minarets, et la mine d’or empoisonne l’eau.

Maria Zachenska dirige ce jeu de massacre dans une mise en scène inventive. Les interprètes montrent les moeurs coupables avec une justesse subtile et une énergie ironique.

Rarement le racisme est abordé avec autant d'humour.

 

 

 

 

 

 

En remontant le Niger d’Arezki Mellal

Tarmac de la Villette

01 40 03 93 35

 

13:27 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, afrique, racisme, mellal |  Facebook | |  Imprimer

20/12/2007

Soirée africaine

     Qu’est-il arrivé à Antoine Fragonard (Bruno Rochette), pendant son séjour au « pays des hommes intègres », le Burkina Faso ? Depuis qu’il en est revenu Sylvia (Sylvie Rolland), sa compagne le trouve distant, absent, indifférent. Il se renferme comme un enfant coupable et refuse toute explication. L’arrivée d’un autre Antoine, un condisciple de l’école de Cinéma, Antoine Traoré (Alain Héma), son double africain va peu à peu révéler le secret qui « squatte sa cervelle ». Pas causant non plus le Traoré en ce qui concerne l’atelier de cinéma qu’Antoine F. a effectué au Burkina Faso six mois auparavant ! On parle de la lenteur insondable des administrations africaines, des petits trafics auxquels le cousin Félix (Ildevert Méda) se livre pour survivre. On discute longuement d’un scénario refusé et d’un autre accepté, du « cinéma comme arme d’émancipation » en Afrique, des conditions difficiles de l’artiste en France et ailleurs. On boit beaucoup sans oublier. Nicolas (Michel Burstin), l’ami blanc d’Antoine F., désespère d’être utile à tous chez les capitalistes.

     Noirs ou Blancs, les hommes ont bien du mal à rester intègres quand les chefs politiques, comme Sankara sont assassinés, et qu’une terrible maladie fauche les vies. Quelle maladie? Celle qui dévaste les corps ou celle qui pourrit les âmes? Il faut du temps et de l’intelligence, il faut mesurer ses paroles et les confronter à celles des autres pour admettre son impuissance et lutter contre l’impossible quand on ne veut pas l’accepter.

     L’auteur, Eric Durnez décale le drame en jouant sur la situation éponyme d’un titre : Quelqu’un va venir du Norvégien Jon Fosse que Sylvia, comédienne répète. Peu avant la première, le cousin Félix débarque et les Antoine livreront une partie du mystère.60ba34bbd5f13be3c214a49824868dd4.jpg

     Bruno Rochette est allé travailler au Burkina pour Sparadrap. Il est revenu avec l’équipe burkinabé pour Dragonnier. Sparadrap mis en scène par Michel Burstin est suivi de Dragonnier mis en scène par Ildevert Méda et forme un diptyque signé Eric Durnez et interprété par la compagnie Hercub et le théâtre Éclair. Difficile entreprise puisqu’il est dit qu’un « toubab ne peut pas comprendre ». Projet réussi puisque le but était de « supprimer les frontières », et de faire que « le monde soit moins injuste ».

     Sparadrap se joue en premier, mais chronologiquement, l’action se déroule après Dragonnier donné en deuxième partie. Jeu dramatique intéressant qui consiste à poser des repères et obliger le spectateur à répondre aux questions qu’ils se posent. Plaisir aussi de tout comprendre, et de découvrir la clé de l’énigme, cette beauté noire qui répond au nom de Parfaite (Amélie Wahébi). Les créations sonores de Max Vandervorst dans Sparadrap, la scénographie de Papa Kouyaté dans Dragonnier créent des univers différents et cependant très proches. 87831841e953fc9d785a5f8fc87936af.jpgL’univers du cinéma est évoqué par des scènes en ombres noires sur un drap blanc tendu (photo © Soux) et la présence d’un objet : une caméra sur pied, bien visible, mais sans emploi puisque le scénario est en panne quelque part chez un producteur.

     Ces deux spectacles touchent les spectateurs par les thèmes abordés avec pudeur et sincérité. Il fait froid, la salle est mal chauffée, mais la chaleur de l’Afrique vous gagne au Théâtre de Ménilmontant.

 


 

 

Sparadrap et Dragonnier publiés aux éditions Lansman

Sparadrap est joué à 19 h

Dragonnier à 21 h

Le café-bar, le Maquis assure une collation à l’entr’acte

 

Théâtre de Méminlmontant

Du 19 décembre au 20 janvier

01 46 36 98 60

P. S. le 19 décembre…   la compagnie Hercub’ a fêté son 16ème anniversaire.

Par ailleurs la compagnie communique :

Dans le cadre des projections-débats que nous organisons au théâtre, autour des représentations, le samedi 29 décembre à 17h : Une Femme pour Souleymane de Dyana Gaye. C’est un très beau et très sensible court-métrage sur la difficulté d’être immigré, et la responsabilité qui pèse sur les épaules de celui qui est parti, vis-à-vis de toute la communauté. Nous avions découvert ce film lors du Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Le film Borry Bana* de Abdulaye Diallo** et Luc Damiba, est prévu pour samedi 12 janvier à 17h. C’est un documentaire qui traite des circonstances obscures de la mort du journaliste d’investigation Norbert Zongo, dont l’assassinat pour des raisons politiques avait été déguisé en accident de la circulation.

*Borry Bana est une expression en langue Bambara qui veut dire « la fuite est terminée ».
** Abdulaye Diallo est un ami. Historien, journaliste, il dirige à Ouagadougou, le Centre National de Presse, courageusement baptisé… Norbert Zongo.

 

 

11:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, Afrique |  Facebook | |  Imprimer