12/10/2014
L'amour toujours recommencé
Stéphane (Jean-Pierre Bouvier) a aimé Vincent (Frédéric Nyssen) passionnément. Tout les séparait : l’âge, la situation sociale, le milieu. Deux ans auparavant, Vincent est parti sans explication. Stéphane en souffre encore.
Et, ce soir, dans cette ville au bord de mer où Stéphane a été reçu « comme un prince », ils se rencontrent. Le bar est désert, et ils s’y installent. Ils boivent sec, et à coups de vodka, égrènent des souvenirs et des reproches. Philippe Besson bâtit son intrigue sur un dialogue incisif où le verbe se fait action.
Le metteur en scène, Patrice Kerbrat les installe dans un salon confortable mais les fauteuils club restent vides. Ils sont sur la défensive, rivés au comptoir. Stéphane en costume classique semble à l’aise, mais est attentif à chaque mot, chaque geste de son amant. Vincent, en T-shirt blanc, bras croisés, semble se retenir de bondir et frapper.
Ils parlent, se questionnent, et comme sur un air de tango, esquissent deux pas en arrière vers leurs souvenirs, et un pas en avant pour se réunir. Par instants, le dialogue se fait monologue. Le protagoniste, immobile dans un cerne de lumière évoque le passé, commente l’attitude de l’autre ou la sienne. Jean-Pierre Bouvier a la voix feutrée, douce, celle de Frédéric Nyssen est contenue et rageuse.
Chacun plaide en sa faveur, les torts sont partagés. Le jeune homme a « fait beaucoup de progrès » et a « repris ses études », mais annonce qu’il va se marier. L’homme mûr n’a plus envie de « lui poser des questions », ni de « lui adresser des reproches. » Les égoïsmes s’estompent, car l’important est de montrer à l’autre combien on l’aime.
Amours homosexuelles ? Oui, et alors ? L’émotion naît de la peinture de l’amour quel qu’il soit.
Les deux comédiens rendent vraisemblable un dénouement sans surprises. Quand le jour se lève, derrière les baies vitrées, les deux amants sont réconciliés. Et l’amour, comme la mer est « toujours recommencé ».
Un tango en bord de mer de Philippe Besson
Théâtre 14
01 45 45 49 77
Jusqu’au 25 octobre
Mardi, vendredi, samedi, 20 h 30
Mercredi, jeudi, 19 h
Samedi, 16 h
17:31 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre 14, ph. besson, jean-pierre bouvier | Facebook | | Imprimer