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30/03/2006

Un homme de désir

 

Une mise en scène de Claudel est toujours un événement. Et l’histoire de Simon Agnel dit Tête d’Or, résonne étrangement actuelle.  Ce gueux révolté sauve son pays, et devant la lâcheté de « l’assemblée de saligauds et de lâches » qui le gouvernent, cet « homme de désir » s’empare du  Pouvoir, conduit les armées à la gloire jusqu’au jour où une coalition le vainc. « Où est ma faute ? » demande-t-il, Et la Princesse martyre lui répond. Ils mourront ensemble.
Anne Delbée a mis en scène Tête d’Or au Vieux Colombier. Le jeune Claudel, (il a vingt ans), est bouillonnant rêves inaccomplis. Il cherche un idéal. En lui s’affrontent « l’homme nouveau », et l’ancien. Le texte est foisonnant de récits héroïques, de références mythiques, de citations bibliques. Sa poésie barbare emporte loin du réel, et l’auteur multiplie les personnages pour créer un monde surhumain.
Anne Delbée choisit  d’élaguer le texte et réduit le nombre des personnages. Elle impose un seul décor inspiré par ce que dit Cassius : « Que l’Arbre du temps qui porte les mondes comme des oranges,/ Et comme des pommes, et comme des figues sucrées, et comme des raisins,/S’abatte les racines en l’air », dans la troisième partie. En abattant ainsi, dès la première partie ce symbole de Simon Agnel qui confiait, dans la première partie : « un arbre a été mon père et mon précepteur », et cheminait, de ce « père immobile » dans la nature à la ville où veillait un Roi épouvanté, n’affirme-t-on pas d’entrée que « tout est fini » ? Les draperies baroques, le forsythia en fleurs (pour le genêt), les postures des corps, les couleurs imposée : Noir, blanc et or, construisent une liturgie magnifique.
Thierry Hancisse est un Tête d’or puissant dont la  « voix étrange agit sur le cœur comme une corde », ainsi que le voulait Claudel, son compagnon Cébès, joué par Clément Hervieu-Léger n'en apparaît que plus fragile, plus émouvant. Et Marina Hands, que nous avion déjà aimée dans le rôle d’Aricie, il y a quelques années, révèle un immense talent de tragédienne, qui fait frissonner la salle entière.

 

 


Théâtre du Vieux-Colombier
Du 29 mars au 14 mai
01 44 39 87 00/01

 

12:17 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer

28/03/2006

L’Ange du Lucernaire



 Les nouveaux directeurs du Lucernaire ont ouvert une collaboration avec l’Université, depuis deux ans. Le groupe Sorbonne Nouvelle de Paris III a donné les lundis 6, 13, 20 et 27 mars, La Novice et la Vertu, une pièce de Jean-Louis Bauer dans laquelle l’auteur invente une nouvelle Annonciation, et un « Tout Nouveau Testament ». Ce n’est pas que l’auteur se prenne pour Dieu, ni pour un prophète, mais vous avez remarqué comme moi, que le monde ne tourne pas très rond… À croire, se dit Jean-Louis Bauer, que le diable a pris la place de Dieu dans cette course effrénée au profit qui ignore le Bien pour mieux établir le Mal.
D’ailleurs l’Ange déchu (Gilda Cavazza) explique à Jose (Frédéric Bour) que le nouveau Messie devra naître d’une Vierge à qui on inséminera la semence du Diable en laissant croire aux gogos qu’il s’agit d’un « panel extrêmement représentatif de l’humanité tout entière ». Le spectacle sera retransmis par les télévisions du monde entier. Il n’y a plus qu’à trouver Marie.
Pauline Colon joue l’Innocence avec foi, ses cheveux blond vénitien et sa carnation rappellent exactement le tableau de Fra Angelico représentant l’Annonciation. Gilda Cavazza est une belle diablesse, mais elle boule encore un peu son texte. Frédéric Bour aussi. L’émotion sans doute ! Et le manque de métier. Ils doivent s’aguerrir. Le metteur en scène, Yves Morvan utilise le plateau nu, il a raison. Les musiques choisies conviennent parfaitement. On reverra volontiers la sympathique équipe.
En avril, Gilda Cavazza met en scène un texte de Philippe Minyana. Il n’y sera question que de ces pauvres humains.

La Novice et la Vertu

De Jean-Louis Bauer
Texte publié à l’Avant-Scène Théâtre
Prix : 10 €
En avril

Les Petits Aquariums

De Philippe Minyana
Au Lucernaire, le lundi à 21 h.

13:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer

25/03/2006

Des planches apprivoisées

 

Pour se sentir à l’aise sur la scène, les jeunes comédiens doivent « apprivoiser les planches ». On disait autrefois « balayer les planches », ce qui ne signifiait pas que le débutant était assimilé à un « technicien de surface », mais qu’il devait apprendre à marcher sur la scène, à s’y tenir, y prendre de l’aplomb.
Jeux de planches de Jean-Paul Alègre a été écrit pour tous ceux que le Théâtre fascine, et qui, un jour, tentent l’aventure. Composé en saynètes, le texte joue avec les codes, les situations, le vocabulaire. On peut d’ailleurs s’en servir pour expliquer les différents sens d’un mot, comme « répéter ». On peut jouer aux métaphores : « tuer le temps », « tuer la poule aux œufs d’or ». Mais, on y dénonce aussi les tics des théâtreux, le théâtre où l’on s’ennuie, et les menaces du Pouvoir contre les artistes. Les choses les plus graves s’y disent avec légèreté. On en découvre les strates en le jouant.

Josèphe Cottet, Yannick Landrein, Thomas Moreno, l’ont bien compris, et dans une « mise en scène collective, dirigée par Elisa Pariente », ils s’en emparent pour leurs débuts au Théâtre.

Josèphe est brune, fine, charmante. Elle peut interpréter les amoureuses, jouer aussi bien le drame que la tragédie, et son sourire fait merveille dans la comédie. Le svelte Yannick a la souplesse d’un Arlequin, la mine rêveuse d’un Perdican, l’œil malicieux d’un Turlupin. La voix de Thomas sonne grave, et il sait jouer les importants, courtiser les spectateurs, Matamore ou Dom Juan, il a de la présence. Tous les trois ont la grâce.

Et Elisa Pariente a eu l’intelligence de tout centrer sur eux, d’éliminer tout artifice, tout décor, tout accessoire. Un théâtre de tréteaux avec deux chaises, et c’est tout. Retenez les noms de ces jeunes-là.

 

 

 

Au théâtre de l’ARTicle
41, rue Volta
75003 Paris
01 42 78 38 64
le vendredi 31 mars à 19 h 30
et à Versailles, pendant le mois Molière.
Texte publié à l’Avant-Scène Théâtre
Prix : 10 €

22:10 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre |  Facebook | |  Imprimer