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25/03/2007

Polémique

Je croyais naïvement qu’un comédien entrait à la Comédie-Française grâce à ses talents dramatiques reconnus par tous, soit à la sortie du Conservatoire, ou distingués par ses pairs au vu de ses prestations théâtrales. Vous le pensiez aussi. Nous avions tort.

François Koltès, ayant droit de Bernard-Marie Koltès parle de faire interdire les représentations de Retour au désert, (voir la note du 20/02/07) après les trente représentations prévues au contrat, au motif que le rôle d’Aziz (Michel Favory) n’est pas joué par un comédien algérien. Michel Favory ne l’est qu’à moitié puisque sa mère était kabyle, et il réussit superbement, par son talent et son métier, à nous faire croire qu’il est tout entier l’indigène qu’il interprète.

Mais quelle curieuse façon de concevoir le rôle du comédien !

Car alors, Gérard Philipe  qui n’était pas un hidalgo n’aurait jamais dû jouer Le Cid, ni Orson Welles Othello, puisqu’il n’était pas maure. Et pourquoi Marcel Bozonnet en son temps, a-t-il autorisé Rachida Brakni à jouer le rôle de l’Allemande Marie de Neubourg dans Ruy Blas ?

Assez curieusement, François Koltès ne protestant pas contre le fait que le rôle de Saïfi soit tenu (et magnifiquement) par Imer Kutllovci - qui n’est pas non plus algérien, mais possède un joli talent distingué par ses professeurs au conservatoire, - ne doit-on pas penser que l’attaque contre Retour au désert se situe ailleurs ?

Dans une zone sensibilisée par les discours identitaires actuels, ou dans les strates secrets de la famille Serpenoise avec laquelle Bernard-Marie Koltès réglait des comptes…

Allez donc voir Retour au désert avant que la liberté de créer n'y soit étouffée, et avant que votre liberté ne vacille…

 Comédie-Française
2 rue de Richelieu, Paris 1er


- Location par téléphone : 0825 10 1680

12:10 Écrit par Dadumas dans culture, éducation, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre, culture |  Facebook | |  Imprimer

Commentaires

Oui, cette polémique est incroyable. L'ayant-droit, frère de BM Koltès, veut faire interdire les représentations après juin 2007 alors que la Comédie a signé jusqu'en 2008 !!! Alors même que Michel Favory compose un Aziz tout à fait crédible. Cette attitude de principe de François Koltès est ridicule pour le moins.

J'avais vu la pièce en février à la 2ième représentation et j'avais beaucoup aprécié.
Muriel Mayette nous offre une vision clownesque et poétique de cette pièce. L'action est située dans les années 60 à l'est de la France à l'époque des évènements d'Algérie. BM Koltès avait douze ans et assista à des scènes qu'il ne saisissait pas forcément mais qui restèrent dans sa mémoire. Il retranscrit cette période avec cette vision décalée. BM Koltès expliqua en 1988 lors de la création : « Cela se passait quand même d'une manière étrange, l'Algérie semblait ne pas exister et pourtant les cafés explosaient et on jetait les Arabes dans les fleuves. Il y avait cette violence-là, à laquelle un enfant est sensible et à laquelle il ne comprend rien. Entre douze et treize ans, les impressions sont décisives, je crois que c'est là que tout se décide. »

Le parti pris de Muriel Mayette n'efface pas la violence de certaines scènes. Au contraire, ce décalage met en valeur la sincérité des personnages et du propos. Les thèmes sont ceux des rapports familiaux souvent ambigus ici ; l'enfermement social et familial, et comment s'en échapper : « Est-ce que la patrie, c'est l'endroit où on n'est pas ? J'en ai marre de ne pas être à ma place et de ne pas savoir où est ma place. Mais les patries n'existent pas, nulle part, non. » dit Mathilde.

Les comédiens furent extraordinaires : Catherine Hiegel, Bruno Raffaeli, Michel Vuillermoz, Grégory Gadebois Naraky Sangaré, Michel Favory, etc . Et la petite Julie Sicard est une comédienne de très grand talent, très touchante dans le rôle de Fatima.

Il faut aller voir cette pièce avec un regard neuf et un esprit ouvert et sans a priori. On y découvrira toute la richesse de ce texte dans une belle mise en scène.

Écrit par : Domi | 26/03/2007

Les commentaires sont fermés.