01/09/2007
Loupiotte : « un rêve qui veille »
On vit mal dans la rue. Les passants trop pressés n’ont pas une obole pour le pauvre claquedent solitaire qui tend la main. Et quand il essaie de dormir sur un banc public un autre traîne-misère voudrait lui prendre sa place. C’est trop ! Et chacun de réagir comme une bête qui veut défendre son territoire…
L’homme est une brute à l’état de nature, un voleur, un chenapan. Les pauvres seraient-ils méchants ? Non, juste méfiants. Mais quand l’un et l’autre enfin se regardent, ils se voient identiques : même souffrance, mêmes gestes, même T-shirt, même veste, même pantalon, mêmes baskets, et même grommelot pour s’exprimer dans une langue inconnue qui ne laisse distinguer que les prénoms : « Kamel » et « Toine ». L’inquiétant étranger n’est qu’un autre soi-même. Alors… à défaut de pouvoir partager son pain, Kamel dédouble… son chapeau, seul accessoire qui manquait à Antoine pour être son pareil.
(Photos : DR)
Frères de bitume, les voilà jumeaux, amis pour le pire, en attendant le meilleur : Kamel et Antoine. Retenez ces prénoms. Vous ne les oublierez plus. Car ces deux-là ont l’âme naïve de Charlot, et pour démunis qu’ils soient matériellement, les deux êtres qu’ils incarnent sont riches d’imagination. Leur angoisse du lendemain ? Ils la transmuent en jeu et toute inquiétude devient sujet de rire.
La plupart des spectacles immobilisent le temps et l’espace. Avec Loupiotte, le temps devient fluide et l’espace réversible. Antoine et Kamel, comme deux pantins élastiques affrontent les dangers et la méchanceté du monde et retombent toujours sur leurs pieds. Ils savent voyager de ring en stade, du court de tennis à l’aérodrome, du bord de la rivière à l’hôpital et de la détresse à la tendresse.
Comme deux « petits Poucet rêveurs », ils entraînent les spectateurs dans une course follement drôle qui, parfois, vire au cauchemar. Hommes « dont jamais l’espérance n’est lasse », ils ne découragent jamais. L’amitié est leur « loupiotte », et les sauve de toutes les vicissitudes. Le miracle est qu’ils en persuadent aussi les spectateurs qui délirent de bonheur avec eux.
Car, il y a toujours, « un rêve qui veille », et, s’ils sont de la « race d’indépendants fougueux » chère à Jean Richepin, ils sont naturellement poètes…
Le 18 octobre
au Théâtre 13 à 20 h 30
01 45 88 62 22
Et en tournée.
09:50 Écrit par Dadumas dans Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre, poésie | Facebook | | Imprimer
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