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31/07/2010

Une page pour Philippe Avron

Pour Philippe Avron, qui est parti retrouver son maître Jean Vilar, et ses compagnons philosophes, cette page de Montaigne :

"Vainement vous voulez savoir l'heure incertaine de votre fin, mortels, et son chemin futur.

Nous troublons la vie par le souci de la mort, et la mort par le souci de la vie. L'une nous ennuie, l'autre nous effraye. ce n'est pas contre la mort que nous nous préparons : c'est chose momentanée. Un quart d'heure de passion sans conséquences, sans nuisances ne mérite pas des préceptes particuliers. A dire vrai, nous nous préparons contre les préparations de la mort. La philosophie nous ordonne d'avoir la mort toujours devant les yeux, de la prévoir et considérer avant le temps, et nous donne après les règles et les précautions pour prouvoir à ce que cette prévoyance et cette pensée ne nous blesse..

Si nous n'avons su vivre, c'est injustice de nous apprendre à mourir...

Si nous avons su vivre contamment et tranquillement, nous saurons mourir de même.

Toute la vie des philosophes est une méditation de la mort.

Mais il m'est avis que c'est bien le bout, non le but de la vie, c'est sa fin, son extrêmité, non son objet.

Au nombres des offices que comprend celui de savoir vivre, est aussi celui de savoir mourir.

Ceux qui craignent la mort présupposent la connaître. Quant à moi, je ne sais ni ce qu'elle est, ni ce quel fait en l'autre monde.

Si c'est une transmigration d'une place à l'autre, il est à croire, qu'il y a de l'amendement d'aller vivre avec tant de grands personnages trépassés, et d'être exempts de n'avoir plus à faire à des juges iniques et corrompus. Si c'est anéantissement de notre être, c'est encore amendement d'entrer en une longue et paisible nuit. Nous ne sentons rien de plus doux en la vie qu'un repos et sommeil tranquille et profond, sans songes.

La défaillance d'une vie est le passage à mille autres vies, ainsi l'univers est renouvelé."

Montaigne

 

 

Nous t'aimions, Philippe et tu nous as beaucoups aimés.

Après ton dernier spectacle, ton dernier Avignon, il y a peu de jours, tu nous as salués pour la dernière fois...

Philippe, notre Filipetto, tu feras désormais partie de ces ombres qui peuplaient la Cour d'honneur et que tu évoquais souvent...  Et nous pensons à toi...

 

07/07/2010

La mort est venue

  

Laurent Terzieff aimait les poètes et il se plaisait à réciter celui de Pavese qui commence ainsi :« la mort viendra et elle aura  ton visage ». La mort est venue. Et nos visages ont eu les yeux pleins de larmes. Et ces mots et sa voix nous ont accueilli dans l’église Saint-Germain-des-Prés » pour un dernier salut avant qu’il ne rejoigne sa « demeure d’éternité ».

Laurent Terzieff vivait comme un ascète profondément mystique, détaché des biens de ce monde, et brûlant pour le théâtre d’une foi inextinguible. Loin du tumulte, du snobisme, du clinquant, il avait su tenir cette haute rigueur morale dont notre siècle oublie jusqu’à la moindre trace. Avec Pascale de Boysson, sa compagne, il avait révélé des auteurs dramatiques étrangers : Saunders, Schisgal, Albee, Mrozeck, soutenu de jeunes auteurs français comme Jean-Louis Bauer.

Nous étions nombreux à l’aimer et s’il était exigeant pour lui, il demeurait infiniment indulgent pour les autres. Ainsi en est-il des saints.