23/09/2010
Tout pour plaire
Jean-Pierre Chapuis (Roland Giraud) avait pour devise « la faiblesse des autres c’est ma force ! ». Pourtant, tel qu’il apparaît ce matin-là à son ex, Séverine (Maaike Jansen), il a tout l’air d’un « chien errant ».
Sans travail, sans ressources, il vient quêter son pardon et solliciter un emploi.
C’est qu’elle a réussi, elle, la femme abandonnée !
Plaquée sans indemnité,
elle est maintenant directrice d’une maison d’édition, et elle a reconstruit sa vie.
Elle a, à ses ordres, un fiancé, Patrice (Patrick Guillemin), une secrétaire, Célia (Zoé Bruneau), un assistant, Gaëtan (Jean Franco), un coursier, Guillaume (Arthur Fenwick). Elle exige beaucoup, et de tous.
Mais a-t-elle oublié le grand amour de ses vingt ans ? Et qu’est devenue cette Victoria pour laquelle il l’avait plaquée et qui n’a duré que trois ans et demi ?
Rebaptisé « Auguste Pichare », afin de ne pas éveiller les soupçons du « fiancé », Jean-Pierre qui fut un financier rutilant, accepte l’emploi peu reluisant de technicien… de surface. C’était un « salaud », elle se venge.
Mais, - il y a toujours un « mais » dans ces situations, - la réalité glorieuse se fissure dès l’embauche dudit coupable. « Auguste » découvre que Patrice entretient une liaison avec Célia. Il déjoue alors toutes leurs manigances. Le petit Guillaume devient son allié avant que Victoria (Elisa Servier) ne réapparaisse et que chacun ne découvre le pot aux roses.
Car bien sûr, de révélation en aveu, l’intrigue court, rebondit, jusqu’à l’empoignade générale. Cousue en fil bicolore, noire pour l’âme humaine, rose pour les sentiments, la comédie d’Eric Assous a tout pour plaire. Du rythme, et des comédiens épatants en assurent une représentation sans temps mort.
On y égratigne aussi le milieu de l’édition, son hypocrisie, ses bassesses et la figure de l’auteur débutant, dessinée à grands traits dans le personnage de Liebovski (Jean-Yves Roan) montre que l’auteur a de la tendresse pour ses créatures.
Charlie Mangel a construit un décor clair et plein d’astuces. Jean-Luc Moreau s’est visiblement amusé à diriger son équipe.
C’est joyeux, bien conduit, bref un divertissement hautement recommandable…
photos : Bernard Richebé
Le Technicien d’Eric Assous
20 h 30
16:36 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, palais-royal, roland giraud, eric assous | Facebook | | Imprimer
22/09/2010
Le bonheur est dans la nostalgie
Bonne nouvelle pour cette rentrée ! Il y en a au moins deux qui ne réclament pas la retraite à soixante ans. Michel Dussarat, qui en a soixante-cinq, joue, chante et danse comme un jeune homme, et son patron, Jérôme Savary, qui, à soixante-sept ans passés, revendique de rester un « vieil adolescent ».
En une soirée et deux spectacles, Paris Frou-frou et Une trompinette au Paradis nous voilà requinqués.
Le premier spectacle met « Dudu » en vedette. Il a suivi le Magic Circus depuis ses débuts, il en a si souvent créé les costumes, et s’il reprend le smoking du meneur de revue de Cabaret, c’est pour notre plaisir. Jérôme Savary lui a taillé un scénario qui ressemble à sa vie. René (Michel Dussarat) mène la revue d’un cabaret le « Paris Frou-Frou ». Les affaires vont mal. Le patron Monsieur Roger (Frédéric Longbois) pense qu’à soixante-cinq ans, René devrait céder la place. Accompagné d’un pianiste, (Piano et Direction musicale Philippe Rosengoltz) dans les lumières de Pascal Noël, Michel Dussarrat qui signe naturellement les costumes se lance des numéros musicaux extravagants• (son : Virgile Hilaire). Mais il a beau multiplier les numéros extraordinaires, marin, bourgeoise, coolie, magicien, strip-teaseuse, couple même, son sort est plié. Paris Frou-Frou le quitte. Drôle et nostalgique, le spectacle est tendre, soigné dans les détails, et un peu désordonné, comme il sied au Magic Circus : il n’en est que plus émouvant…
Une trompinette au Paradis rend hommage à Boris Vian, le génial auteur qui nous quitta à trente-huit ans, il y a plus de cinquante ans. Jérôme Savary l’adore. Il fait partie de son panthéon, comme Joséphine Baker et Fregoli. Il se met donc lui-même en scène, avec ses fidèles : sa fille, Nina Savary qui est aussi son assistante sur les deux spectacles, son « trial » (ténor comique) Antonin Maurel, une danseuse : Sabine Leroc, et le ténor léger : Frédéric Longbois. Costumes de Dudu bien sûr ! Ajoutez l’orchestre des « Franciscains Hot Stompers », Philippe Rosengoltz au piano, Jérôme Savary en conteur, puisant dans les plus belles chansons de Boris Vian, de « Je voudrais pas crever » au Déserteur et vous avez un spectacle enlevé, des numéros épatants, des attendrissements et des joies comme seul le grand Savary a su nous en donner depuis des décennies. Les titres étaient prometteurs, Fais moi mal, J’suis snob, Faut qu’ça saigne, La Java des bombes atomiques, Le blues du dentiste les chansons deviennent de véritables sketches où Nina Savary, Antonin Maurel, Sabine Leroc, Frédéric Longbois révèlent des dons extraordinaires. On en redemande, on ne veut plus les quitter…
Avec Savary en maître de cérémonie, le bonheur est dans la nostalgie, mais de celle qui vous éclaire la vie… Car dans l’œil du maître, « il y a de la lumière »…
Théâtre Déjazet
01 48 87 52 55
Paris Frou-frou à 19 h
Une trompinette au Paradis à 20 h 30
14/09/2010
Centenaire Jean-Louis Barrault
Depuis le 8 septembre, la célébration de Jean-Louis Barrault est commencée.
Lectures, projections, spectacles, et concerts vont se succéder à Paris, où il avait son théâtre, - on devrait dire ses théâtres, car il anima plus d’un lieu - et au Vésinet où il est né.
Hier soir, Didier Sandre a lu des extraits de Souvenirs pour demain, à l’Atelier, où Jean-Louis Barrault apprit son métier avec celui qu’il appelait « le jardinier », Charles Dullin, maître des lieux, metteur en scène du Cartel qui bouleversa la scène entre les deux guerres.
La voix chaude, vibrante du comédien, son sourire redonnèrent à Jean-Louis Barrault les couleurs de son éternelle présence. Camlle Boitel, dans un fabuleux numéro de mime rappela les influences de Decroux, et le penchant du comédien pour cette discipline.
C’était émouvant, et cependant plein d’espoir, car les artistes nous disaient ainsi leur admiration et leur confiance dans celui auquel ils rendaient hommage…
Une association s’est créée. Un comité d’honneur, présidé par Pierre Bergé, a mobilisé les auteurs, les comédiens, les musiciens, les éditeurs, les directeurs de théâtre, afin de commémorer Jrean-Louis Barrault qui consacra sa « vie au Théâtre » et révéla les grands auteurs du XXe siècle, Ionesco, Claudel, Prévert, Genet...
Le prochain rendez-vous sera le 4 octobre au Théâtre du Rond-Point qu’il créa à partir d’une patinoire. La grande salle porte encore son nom.
Le théâtre Marigny, lui doit la salle Popesco, c’est là que le 11 octobre, on lira sa correspondance avec Artaud.
Puis viendront le Palais-Royal (18 octobre), le centre Wallonie-Bruxelles (15 et 22 novembre), la Cinémathèque française (15 novembre), l’Odéon (19 et 23 novembre, 1er décembre, 6 décembre), la Comédie-Française (6 décembre), le Musée d’Orsay (7 et 15 décembre), le Théâtre de la Ville (11 décembre)
Le Théâtre des Champs-Élysées (10 octobre, 14 novembre, 12 décembre, et 29 mai), lui consacrera ses concerts du dimanche matin, puisque c’est lui qui les avait créés, à Orsay. Et l’Opéra de Paris, avec son école de danse à Nanterre (26 mai), et son ballet à Paris (29 juin au 15 juillet) a créé deux ballets écrits d’après le scénario de Prévert et Carné : l’immortel chef d'oeuvre, Les Enfants du paradis.
De quoi faire rêver tous les théâtreux...
Photo : D. R.
Pour tout renseignement : www.centenairejeanlouisbarrault.fr
Les partenaires de l’association, sont, outre les théâtres cités, l’INA, la BNF , la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent, Arte, Jeanine Roze Productions, le CNT, le CNEA, le Théâtre du Vésinet et l’association des Théâtres privés.
Souvenirs pour demain est édité au Seuil.
Saisir le présent, autre livre de souvenirs, est édité chez Robert Laffont.
Correspondance Paul Claudel/Jean-Louis Barrault, éditions Gallimard.
Une vie sur scène, éditions Flammarion.
18:31 Écrit par Dadumas dans culture, Film, Littérature, Livre, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musique, cinéma, littérature, jean-louis barrault | Facebook | | Imprimer