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25/09/2008

Diaboliquement machiavélique

 Au XVIIe siècle la pourpre cardinalice donna deux grands hommes d’État à la France : Richelieu et Mazarin. Ni l’un, ni l’autre n’avaient de vocation ecclésiastique. Tous les deux  se destinaient aux armes. Le destin conduisit Richelieu auprès de Louis XIII, et Mazarin, diplomate au service du pape, en mission auprès de Richelieu. Il y resta et, pour lui succéder, devint cardinal.

Le Diable rouge, c’est lui : diaboliquement machiavélique, joué par un Claude Rich éblouissant.

Mazarin, sentant ses forces décliner, tisse autour du jeune Louis XIV (Adrien Melin), son élève en politique, un réseau d’appuis sûrs dont Colbert (Bernard Malaka) est le parangon. Que faut-il assurer avant de mourir ? Renflouer les caisses du royaume car le trésor est vide, rétablir la paix dans le royaume où s’agitent encore des Frondeurs, signer la fin des hostilités qui durent depuis trente ans entre la France et le royaume d’Espagne d’où vient la Reine (Geneviève Casile), et pour ce, marier le Roi à une princesse espagnole : Marie-Thérèse.

Où trouver l’argent ? Comment ne pas « creuser la dette de l’État » sans « taxer les pauvres plus qu’ils ne sont déjà » ? Mazarin trouve la solution aisément en financier moderne : taxer ceux « qui travaillent », « plus tu leur prends, plus ils travaillent »…Colbert serait plutôt pour diminuer les intermédiaires, « développer le commerce » et surtout « sanctionner les trafics », les « fortunes scandaleuses ». Mais, répond Mazarin « ce sont les coquins qui mènent le monde ».

Rien n’a changé pense le public qui s’identifie à la fois au brave Colbert et au « diable rouge ».

Rien ? Si, tout de même, aujourd’hui le mariage d’un roi n’est plus « strictement politique », et l’adorable Marie Mancini (Alexandra Ansidei) épouserait sûrement son roi.

Antoine Rault aime le genre historique. Très bon genre. L’auteur est documenté. Il affine sa méthode depuis La Première Tête et son Diable rouge atteint la perfection. L’action, les personnages, la langue qu’ils emploient tout converge dans une peinture fidèle et vraisemblable.

Le décor de Catherine Bluwal, est audacieux avec ce grand plafond miroir qui révèle les secrets des sols marbrés, des paravents peints, des encoignures où l’on se dissimule. Les costumes de Claire Belloc, en rouge brun pour la Reine et le Roi, minutieusement accordés sont magnifiques. La sobriété sombre du noir de Colbert en dit long sur le personnage.

La mise en scène de Christophe Lidon fait de ce Diable rouge un des plus beaux et des plus intelligents spectacles de cette rentrée.

Mazarin se plaignait de ne pas être aimé des Français. Aujourd’hui, ils vont l’adorer…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Diable rouge d’Antoine Rault

Théâtre Montparnasse à 20 h 30

01 43 22 77 79

12:28 Écrit par Dadumas dans Histoire, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, théâtre |  Facebook | |  Imprimer

24/09/2008

Une si longue attente

     Le décor est céleste (Signé Thierry Flamand). Le soleil frappe les murs éblouissants de blancheur (Lumières de Laurent Béal). La terrasse surplombe une mer céruléenne. Et Laetitia Casta (Elle) a un corps de déesse. L’auteur la compare à Circé l’enchanteresse qui retient Ulysse. Et Elle se prend pour Bardot dans Le Mépris de Godard. À moins que ce ne soit Lui (Bruno Todeschini) qui se prenne pour Piccoli en détaillant ce qu’il aime chez cette femme : « Je n’aime que toi ! Ton visage ! Tes seins ! Tes épaules ! Tes mains ! Tout, quoi ! ».

Mais les hommes sont lâches, et le Prince charmant qui était marié quelque part, retourne dans ses foyers, comme Ulysse à Ithaque… « En amour, disait Napoléon, la seule victoire, c’est la fuite. ».

Lui, a retenu la leçon du stratège, et le mari volage ne le restera pas longtemps. Devant la famille de la belle : une mère trop attentive (Michèle Moretti), un père désorienté (Thierry Bosc), un frère ironique (Nicolas Vaude), une sœur sauvage (Magali Woch), Simon comprend que son bonheur est ailleurs. Prétextant une randonnée, il se sauve. Un secouriste (Stanislas Kemper) dévoile la supercherie.

La belle, séduite et abandonnée, glisse dans la folie. « Il est debout sur mes paupières », dit-elle reprenant à son compte L’Amoureuse d’Eluard.

"Elle l’attend", et la si longue attente détraque sa boussole… La belle était fragile.

Banal ? Non, car le style Florian Zeller est inimitable. Bousculant la temporalité, la durée, l’auteur passe sans rupture du réel au fantasme, du présent vécu à la mémoire rêvée, du réel à l’imaginaire. Et Nicolas Vaude, au meilleur de lui-même, donne à son personnage une vérité stupéfiante.

Elle t’attend de Florian Zeller

mise en scène de l'auteur.

depuis le 9 septembre.

Théâtre de la Madeleine

01 42 65 06 28

 

16:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer

Le rouge est mis

Rouge, tout est rouge chez Diana Vreeland (Claire Nadeau), « la flamboyante rédactrice en chef de Vogue, Miss V. dont les avis en matière de mode avaient force de loi. Jusqu’à ce jour,où, brutalement, son employeur lui signifia, par lettre qu’elle « avait fait son temps ».

Rouge de colère ? Rouge de honte ?  Rouge  parce que ça donne bonne mine... Et qu'elle ne va pas perdre la face !

Elle est seule, aujourd’hui dans son appartement new-yorkais. Elle monologue, remonte le cours de sa carrière, dégringole en aval, s’accroche au bourd du gouffre : l’affront la dépossède de tout ce qui faisait son pouvoir et ses relations se dérobent, l’une après l’autre. Sic transit gloria mundi.

Full Galop de Mark Hampton, et Mary Louise Wilson est devenu La Divine Miss V. dans l’adaptation de Jean-Marie Besset. Le texte frappe, la situation électrise.

Dans le rutilant décor d’Édouard Laug, maquillée ( Suzanne Pisteur) et coiffée comme une geisha (Pascal Donnadieu), Claire Nadeau vêtue de noir (costume de Christian gasc) se cabre comme un animal sauvage et blessé. Elle est superbe.

La mise en scène de Jean-Paul Muel lui donne une aisance triomphale.

Jamais vaincue, Miss V. entame une nouvelle carrière.

À imiter après tout licenciement…

Théâtre du Rond-Point

Salle Tardieu, 18 h 30

Jusqu’au 26 octobre.

15:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre |  Facebook | |  Imprimer