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10/03/2009

Livres (3)

 

 

Pénélope, Ô Pénélope de Simon Abkarian, raconte l’histoire de Dinah, une femme dont le mari Elias, n’est pas revenu de la guerre. Elle est seule avec son fils Theos. Ante, le potentat local la poursuit de ses assiduités et menace de tuer son fils.

Sur le thème antique, Simon Abkarian construit une tragédie moderne, dans cette Europe où les guerres fratricides n’ont pas cessé.

La rémanence des souvenirs heureux donnera-t-elle suffisamment d’espoir pour que s’achève le cycle de la vengeance ? Pour que cessent enfin les désirs meurtriers ? Simon Abkarian imagine une figure de femme singulière et inattendue.

 

 

Pénélope, Ô Pénélope de Simon Abkarian

Actes Sud-Papiers, 13 €

avec le soutien de la SACD

17:51 Écrit par Dadumas dans Livre, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, livre |  Facebook | |  Imprimer

09/03/2009

Une terre tragique

 

 

Nous connaissions la tragédie antique, la tragédie classique, il y a maintenant la tragédie « dentaire» qui raconte, à travers celle des Spodek, la tragédie de ce peuple qui devait être « élu » et fut « déporté ».

Pourquoi « dentaire » ? Parce que Charles Spodek (Philippe Fretun) était dentiste avant que les décrets de Vichy ne lui interdisent d’exercer. Son cabinet avait été revendu en toute légalité à un certain René Bertrand, « cent pour cent français ». Charles et Clara (Christine Murillo) Spodek, avec « spo », comme dans « spoliés », avaient deux filles. L’une a été déportée, l’autre a été cachée dans un couvent qui, en 1945, refuse de la rendre. Charles ne veut pas assigner l’Église, comme dans l’affaire Finaly. Il voudrait « qu’elle rentre d’elle-même ». terre0760®BrigitteEnguerand.jpg

Mais les tutelles religieuses savent manipuler les âmes. Leur seule enfant deviendra « sœur Marie-Thérèse de la Résurrection » et les nuits et les jours des Spodek ne seront plus jamais paisibles. Eux qui étaient athées, et qui, même par « tradition » répugnaient à fêter kippour ou pessah, les voici qui « mangent les herbes amères » et disent les prières. Plus rien ne les retient, plus rien ne les intéresse. Charles revend le cabinet qu’il avait mis trente mois à récupérer et où ses clients venaient avec lui épancher leurs chagrins, comme si le fauteuil du dentiste était le « pèse-souffrance » de leurs tragédies. Sans doute celui qui connaît le chagrin peut-il mieux comprendre ce qui torture les autres ?

Qu’est-ce qui les déchire ? Le souvenir des morts, mais surtout pour Charles et Clara, la douleur brûlante de celle qui vit loin d’eux, et les laisse seuls en choisissant d’être morte au monde.

Alors, ils s’embarquent vers « la terre promise » retrouver une vague cousine, survivante comme eux. Ils ignorent tout de cette terre, sauf qu’elle est tragiquement entourée d’ennemis. Quelle promesse pourrait-elle porter ? Quelle promesse pourraient-ils lui faire ? Ils partent comme on fuit. Mais n’emportent-ils pas leur passé et la certitude poignante de n’avoir nulle part pour être heureux ?

Sur le pont du bateau chantent des sœurs, des pionniers, des religieux. Les uns prient Dieu, les autres l’Eternel et les derniers, Allah. Charles ne prie pas. Espère-t-il encore ?

Avec Vers toi terre promise Jean-Claude Grumberg signe une œuvre bouleversante. Deux comédiens, Clotilde Mollet et Antoine Mathieu interprètent tour à tour les amis, les parents, les amis, les clients, l’auteur, les témoins et même « les salauds » qui gravitent autour des deux protagonistes. La mise en scène de Charles Tordjman rend limpide une œuvre complexe où passé et présent s’entrecroisent, où les souffrances profondes se masquent de rires grinçants. Des comédiens exceptionnels donnent au texte toute son intensité.

Un chef d’œuvre !

 

 

 

Vers toi terre promise de Jean-Claude Grumberg

Théâtre du Rond-Point, 21 h

Jusqu’au 28 mars

Puis du 7 au 11 avril.

01 44 95 98 21

 

photo: Brigitte Enguerand

 

04/03/2009

Un fleuve pas tranquille

Madame Isabelle (Chantal Trichet) aime l’Afrique, et surtout Moussa (Criss Niangouna), un masseur qui sert aussi de guide pour « remonter le fleuve Niger ». Madame Isabelle est accompagnée de son fils, Désiré (Jacques Allaire). Vu qu’elle a l’oseille et qu’elle refuse de lui signer des chèques, Désiré cherche à la trucider. Il traficote, essaie de trouver un marabout, un chef de guerre, un complice quelconque pour s’en débarrasser. En vain. Il croyait se faire un complice de Moussa qu’il imaginait être un naïf avide de petits cadeaux. Moussa est un sage, qui emploie le plus-que-parfait du subjonctif à bon escient quand les deux blancs s’expriment «en « petit nègre ». Moussa, que Désiré a surnommé Lustucru est ethnologue de formation. Ni l’argent, ni le sexe, ni la promesse d’un visa ne le tentent.

En remontant le Niger d’Arezki Mellal, est une farce féroce. L’auteur n’épargne ni les Blancs cupides, ni les Noirs magouilleurs. Madame Isabelle n’a jamais aimé son fils, mais elle raffole des aventures exotiques. Désiré est prêt à renier sa religion, à tuer, pour obtenir des marchés juteux. Le Niger n'est pas un fleuve tranquille. Les ethnies se livrent à des guerres fratricides. Les enfants sont enlevés par les rebelles qui les obligent à devenir soldats. Les villages sont désertés, car on abat les chèvres qui s’approchent des mosquées, on tire sur les cigognes qui risqueraient de se nicher en haut des minarets, et la mine d’or empoisonne l’eau.

Maria Zachenska dirige ce jeu de massacre dans une mise en scène inventive. Les interprètes montrent les moeurs coupables avec une justesse subtile et une énergie ironique.

Rarement le racisme est abordé avec autant d'humour.

 

 

 

 

 

 

En remontant le Niger d’Arezki Mellal

Tarmac de la Villette

01 40 03 93 35

 

13:27 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, afrique, racisme, mellal |  Facebook | |  Imprimer