Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/02/2009

Hugo et Molière

 

 

Depuis le 2 février, le festival Hugo et égaux crée, à Paris, en région centre et en Normandie des événements autour de Victor Hugo, et de Molière.

C’est un principe du festival : présenter avec Victor Hugo, une grande figure de la littérature puisque « l’art suprême est la région des égaux ».

Vous trouverez le programme complet sur :

http://www.festival-victorhugo-egaux.fr

il est dense et diversifié.

Demain, mardi 24 février, à 14 h aura lieu à Paris, participer à la rencontre Hugo-Molière, qui sera suivie d’un récital poétique.

Si vous aimez Hugo, vous serez charmé par le choix de poèmes dits par Jean-Paul Zennacker.

Et si vous ne l'appréciez pas, vous le découvrirez débarrassé de tout ce que vous lui reprochez.

Nous vous parlerons aussi de ce qui rapproche ces deux géants de la littérature.

 

 

 

 

 

 

 

Maison Victor Hugo

6 place des Vosges,

Entrée libre.

Réserver : 06 08 97 13 60

 

20/02/2009

Discrimination pondérale

 

La DRH a décidé de dégraisser le personnel. Au propre comme au figuré. Et voilà, Sheila (Karina Marimon), Lily (Isabelle Hétier), Patrick (Xavier Letourneur, qui met aussi en scène) et Claude (Nicolas Thinot) qui décident de devenir minces afin de ne pas se retrouver « dé-crutés ». Néologisme signifiant « virés », puisqu’il est l’antonyme de « recrutés ».

Leur semaine de congé, ils vont la passer ensemble, en jeûnant. Car « le jeûne est une pratique ancienne et répandue ». Toutes les religions inscrivent des périodes de carême à leurs rites. Les règles d’abstinence alimentaire sont draconiennes. Ils n’ont droit qu’aux bouillons (sans graisse), au jus de fruits (sans sucre), et aux tisanes. Ils doivent se peser tous les matins, ne pas sortir du périmètre afin de ne céder à aucune tentation, se purger pour « tout vidanger », et brûler des calories en pratiquant la marche ou quelque exercice physique et spirituel.

Un tableau journalier exhibe la courbe de leur poids. Claude plaisante au début : « le jeûne, ça ne mange pas de pain », mais la faim venant, le découragement le gagne. Patrick devient agressif, Lily de plus en plus déprimée, et Sheila a bien du mal à apaiser les tensions.

Dans cette intelligente comédie de Frédéric Sabrou, ce ne sont plus les canons de la mode qui dictent cette opération morbide, mais l’angoisse de perdre son emploi. En période de crise, le temps est venu de la « discrimination pondérale ». Terrible époque...

Heureusement l’humour éclaire la situation conflictuelle, et adoucit les mœurs cruelles d’une société sans autre repère que l’apparence. C’est mené tambour battant, et les nutritionnistes soutiennent la lutte finale.

On rit, et souvent de soi, car ces quatre cobayes qui regardent la salle comme eux-mêmes nous renvoient le reflet de nos travers…

On n’a plus aucun remords d’aller dîner ensuite, et copieusement ! Rien de tel que le théâtre pour vous ouvrir l’appétit.

 

 

 

 

Diète Party de Frédéric Sabrou

Mélo d’Amélie à 20 h

01 40 26 11 11

 

18:56 Écrit par Dadumas dans culture, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, société, régime |  Facebook | |  Imprimer

15/02/2009

Les chiens dévorants

Ils étaient venus en Amérique latine pour faire des affaires : remplacer les bidonvilles par des « housies », constructions préfabriquées, destinées à améliorer l’habitat des pauvres. Après le juteux contrat obtenu au Brésil, ils avaient rendez-vous au Chili, avec ce fameux général dont Bob (Jean-Baptiste Malartre) oublie toujours le nom. Vous savez celui qui fit assassiner la démocratie le 11 septembre 1973, et qui « voit grand ». Mais leur « jet privé », ne franchira pas la cordillère des Andes. Il s’écrase, et, alors qu’ « il pleut sur Santiago », les survivants vont devoir affronter le froid, la faim, la mort, la solitude.

Pat (Elsa Lepoivre) blessée, est la première à suggérer que « les morts, ça doit pouvoir se manger ». Sue (Léonie Simaga) approuve, suivie de Ed (Gilles David), Nan (Priscilla Bescond), Dick (Pierre-Louis Calixte) et Jack (Christian Gonon). Bess (Sylvia Bergé) d’abord choquée, fera comme les autres. Afin de rester en vie, ils vont découper les corps, faire sécher  des tranches au soleil ou les cuire tant qu’ils pourront allumer un feu.

Pour les directeurs de « Housies », il ne suffit plus « de pousser,[pour que] les obstacles s’écartent », il faut améliorer « l’ordinaire » composé de chips, d’olive, d’alcool trouvés à bord. Ils étaient triomphants, chrétiens et bien pensants. Ils redeviennent des bêtes sauvages. On pense aux vers de Racine, à « l’horrible mélange/D’os et de chairs meurtries […] Que des chiens dévorants se disputaient entre eux ». Ici, grâce aux interprètes, la cruauté du monde inspire aussi la compassion.

Michel Vinaver écrivit ce drame féroce, en 1980 en s’inspirant d’une part d’un fait divers de 1972 et d’autre part de l’implication de la CIA dans le coup d’état de Pinochet. Aujourd’hui, où le monde de l’entreprise liquide ses cadres sans vergogne, L’Ordinaire prend aussi la dimension d’une fable sociale. Le théâtre de Michel Vinaver est indissociable de notre vie.

C’est cette œuvre-là, sérieusement politique, qui entre au répertoire, et que l’auteur met lui-même en scène à la Comédie-Française. Il prolonge la scène par un tréteau élisabéthain qui pénètre les premiers rangs de spectateurs, violant ainsi leur espace pour mieux les engager dans l’action. Pas d’autre décor que ce plateau métallisé comme une aile d’avion, lisse comme un glacier (scénographie et costumes de Gilone Brun). Dessous, c’est la carlingue, refuge d’où sortent les accessoires, et où Bob planque ce qu’il vole. Car le chef n’a pas ni grandeur, ni générosité, alors que ses subalternes oublient leurs jalousies, et que les femmes montrent plus d’altruisme.

Et le grotesque de la situation provoque le rire. Ce n’est pas le moindre paradoxe de cette pièce, que l’humour soit associé au tragique, et que quelle que soit la situation, l’homme puisse ainsi ne jamais désespérer. C’est peut-être aussi ce qui le distingue de l’animal, car ainsi que le disait Guillaumet : « ce que j’ai fait, aucune bête ne l’aurait fait. »

 

 

 

 

 

 

 

L’Ordinaire de Michel Vinaver

Comédie-Française,

Salle Richelieu, 20 h 30

0825 10 16 80