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02/05/2011

La laideur en peinture

 

 

Personne n’avait jamais dit à Lette (Jérôme Kircher) qu’il était moche, ni sa maman, ni sa femme (Delphine Cogniard), ni ses copains. Il était si beau « intérieurement » ! Mais son patron juge qu’il a « une tête pas possible » pour aller présenter aux clients l’appareil qu’il vient d’inventer. Le chef (Frédéric Cherboeuf) lui préfère son assistant (Alexandre Steiger), « un petit bidouilleur » qui ne le vaut pas, bien sûr, mais qui saura plaire dès le premier abord dans une relation où le physique compte tant !

Lette est un esprit positif. Il s’adresse immédiatement à un chirurgien esthétique et la transformation est si admirable qu’une vieille dame riche (et chirurgisée aussi) devient sa commanditaire et que tous les hommes de son entourage se font opérer pour obtenir la même tête…théâtre,rond-point,von mayenburg,kircher

La comédie ne s’embarrasse pas de psychologisme, elle est menée tambour battant par Jacques Osinski qui n'utilise aucun décor. Toutes les scènes s’enchaînent au proscenium, sans autres accessoires qu’une table vaguement médicale et quelques pansements. Les comédiens changent de personnages, de lieux, sans rien modifier de leur tête ni de leurs costumes. Cette activité fébrile expédie tout sentiment humain aux oubliettes et peint surtout la laideur des âmes.

Dans cette société où tous les hommes aspirent à se ressembler, Marius von Mayenburg recrée l’image terrifiante du Rhinocéros de Ionesco.

 

 

Le Moche de Marius von Mayenburg

Théâtre du Rond-Point à 18 h 30

Jusqu’au 22 mai

01 44 95 98 21

15/11/2010

Misandrie joyeuse

Nouara Naghouche est AA.

Lisez : « Alsacienne arabe ».

Et vous savez, demande-t-elle, la différence entre un arabe et un alsacien ? Réponse : « l’Arabe parle français ». Oh ! Pas celui de l’Académie, mais quand elle raconte la vie à Colmar, tout le monde la comprend.

Zoubida, bouclée dans son F5, est soumise à la brutalité de Rachid, Marguerite la xénophobe subit un René pas très net, et Marie-France, « d’origine sociale privilégiée » s’épanouit depuis qu’elle s’est libérée de son mari. Par petites scène crues, violentes, gouailleuses, Nouara Naghouche raconte avec humour le quotidien des femmes, leurs sacrifices, leur misère, et la violence des mâles qui les oppriment. sacrifices.jpg

Avec sa misandrie joyeuse,  elle est épatante cette petite femme-là !

Vêtue d’un survêtement dépareillé, elle mime les situations et change de personnalité au gré des histoires de sa cité. Les textes qu'elle cosigne avec Pierre Guillois, qui met en scène, finissent par se recouper pour un réquisitoire en forme de…plaidoyer…

Le spectacle est dû à "une initiative de Matthew Jocelyn". Il s'en passe des choses à l'Atelier du Rhin...

 

 

 

 

 

 

Sacrifices de Nouara Naghouche et Pierre Guillois

Théâtre du Rond-Point

01 44 95 98 21 

Jusqu’au 28 novembre à 18 h 30

 

 

 

Sacrifices

 

 

Photo : © Brigitte Enguérand

23/01/2010

Les deux font la paire

 

 

Yacobi (Manuel Lelièvre) ne supporte plus de passer ses soirées à jouer aux dés avec Leidental (David Migeot).

Il le lâche un beau soir parce que, dit-il, ils ne sont pas « de la même espèce », et que « la vie (l’) appelle ». Leidental, cherche une explication et colle au train de son ancien pote.

Entre temps, Yacobi a rencontré la pulpeuse Ruth (Agnès Pontier), robe rouge et hanches ondulantes, et s’emballe pour son « gros popotin ». Il ne pense même qu’à « ça ». Elle, « donne l’illusion d’une femme douce et soumise », mais c’est pour mieux régner sur les deux hommes qui la suivent, ses « deux amours ». Et ces deux-là font une sacré paire !

Ruth se dit pianiste, mais Yacobi découvrira, le soir des noces, que « le seul instrument » dont elle « peut tirer des sons, c’est son corps ». Quant à Leidental, il avoue qu’il est malheureux, mais finalement il découvre qu’il aime souffrir, et se donne en cadeau au couple comme « confident multifonctions ».

Hanokh Levin renouvelle ironiquement le trio du mari, de la femme et de l’amant. La pièce, construite en séquences rapides, s'articule avec de savoureux apartés, au public, au partenaire, à soi-même, et les états d'âme se chantent.

 Ruth n’est pas vraiment une « salope », juste une femme qui « aime qu’on s’occupe d’(elle) ». Leidental n’est pas vraiment maso, mais il s’ennuie tellement tout seul ! Et Yacobi est comme tous les hommes, guidé par le désir. « Le sein est l’opium des enfants », et il n’est peut-être pas tout à fait adulte…

Frédéric Bélier-Garcia a conçu une mise en scène alerte. La comédie de Levin pétille d’humour. Le metteur en scène en révèle toutes les subtilités. La musique de Reinhardt Wagner, donne aux chansons une malice « offenbachienne ». La scénographie et les costumes de Sophie Perez, la lumière de Guillaume Para animent cette ronde polissonne avec intelligence.

Les répliques mordent souvent et les  spectateurs rient beaucoup.

 

 

 

Yacobi et Leidental d’Hanokh Levin

Traduction Laurence Sendrowicz

Editions Théâtrales

Théâtre du Rond-Point

Jusqu’au 26 février à 21 h

01 44 95 98 21