30/04/2014
Ce qu’il faut de chagrin
Il roule comme un fou, et sa fille, à côté de lui, essaie de le raisonner. Où vont-ils tous les deux ? Lui (Jacques Descorde), le visage fermé, l’air sombre, la parole rare, elle (Solenn Denis), comme toutes les adolescentes du monde, fragile, déboussolée, passant de la peur aux larmes, et de l’abattement à l’agitation, tous les deux vont accomplir un geste sacré : disperser les cendres de la femme aimée, de la mère qui vient de disparaître.
Il fait répéter à sa fille les mots d’un poème « Blanche est la mer, et blancs les ferries », elle hésite encore, et ensemble, ils reprennent : « Tout sera blanc[1] ».
Avec l’urne funéraire, il trimballe un révolver dans son sac, et la nuit, quand la petite dort, il semble fasciné par l’arme. Il réprime ses larmes, refoule ses sanglots, il hésite. Elle, avec impatience crie sa rage de vivre, et au bout du chemin, elle gagne.
En quinze séquences courtes et poignantes, avec Maman dans le vent, Jacques Descorde rend un vibrant hommage à celle qui lui manque. Le décor est sobre, un lit barre un écran blanc sur lequel se projettent la route, la falaise, le ciel, et, enfin, la plage où danse, en robe rouge, la jeune fille souriante.
On mesure « ce qu’il faut de chagrin » pour écrire cette pièce bouleversante. Et comment après le désert du malheur, le rire d’un enfant, rompt la fatalité et éclaire l’avenir.
Photos © D. R.
Maman dans le vent de Jacques Descorde
Texte publié à L’École des loisirs
Théâtre du Lucernaire jusqu’au 14 juin
Du mardi au samedi à 21 h
01 45 44 57 34
en tournée la saison prochaine, aux Ulis, à Guyancourt, Aubervilliers, St Jean de Luz, Strasbourg, Saran
16:44 Écrit par Dadumas dans Blog, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, lucernaire, jacques descorde | Facebook | | Imprimer