Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/03/2011

Une femme libre

 

 

 

L’ex-Congo belge, devenu Zaïre, puis République démocratique du Congo, ne vit pas des jours tranquilles. Et pour Samantha (Alvie Bitemo), la vie devient trop difficile à Kinshasa. Elle a trente-quatre ans, elle est journaliste, mais son père n’est pas de la bonne ethnie et un soir, fatiguée des « débrouilles, des magouilles, des patrouilles », elle décide de tout quitter. Elle était contrainte par les traditions, les élections et tous les pièges à… Elle va devenir une femme libre, à Paris. À quel prix ? Celui de l’humiliation.

théâtre,tarmac,rdc,marie-louise bibish mumbuSamantha à Kinshasaest d’abord un récit de Marie-Louise Bibish Mumbu. Mis en lecture par Catherine Boskowitz, aux Francophonies en Limousin, il est maintenant un spectacle avec la participation de Benoist Bouvot qui signe la conception musicale. Les éclairages de Laurent Vergnaud ouvrent des plages lumineuses sur un espace scénique sans autre décor que des tables, des micros, des panneaux de couleurs. Bleu, rouge, jaune, comme les trois robes de Samantha. Couleurs primaires, couleurs franches, qui, avec la bande son restituent la vie grouillante de la capitale.

Alvie Bitemo, habite tout l’espace. Sensuelle, rebelle, rieuse, elle donne vie à l’héroïne, avec talent et sans pathos. Elle esquisse une danse, elle chante, elle est captivante. « C’est la liberté incarnée », dit d’elle sa metteuse en scène.

Nous sommes d’accord.

 

 

 

 

 

 

 

Photo :©  Patrick Fabre

 

Samantha à Kinshasa de Marie-Louise Bibish Mumbu

Tarmac

01 40 03 93 95

Jusqu’au 9 avril,

Du mardi au vendredi à 20 h

Samedi à 16 h

Mercredi 30 mars rencontre avec l’auteur après la représentation.

Mercredi 27 avril « Apérilivres » à 19 h avec Insa Sané (écrivain, slameur)

17/10/2008

Comment peut-on être togolais ?

 

Quand le narrateur débarque à Alep pour entreprendre des recherches linguistiques chacun s’étonne de son intérêt pour une langue en voie de disparition. Comment un Togolais raisonnable peut-il travailler dans un but non lucratif, « sans goût sucré de la fortune » ? Et surtout, comment peut-on être Togolais ? 

Dès l’aéroport, les douaniers l’interrogent, le suspectent, ce qui nous vaut dans ce « trifouillage d’identité », une peinture des mœurs digne des Lettres persanes. La société patriarcale d’Afrique, doublée de celle du Moyen-Orient, ne va pas simplifier les rapports. HABBATALEPPhotoEricLegrand12_redimensionner.jpg

Entre l’oncle (François Clavier) qui n’a qu’un seul souci : marier rapidement sa fille qui « lui pourrit la vie », la cousine (Valérie de Dietrich) humiliée de devoir jouer « Fanny » (sans Pagnol), des Syriens « affamés », des marchands du temple et des affairistes de toutes races (Christophe Vandevelde), le gentil émigré (Guillaume Gilliet) est vite un jouet entre toutes ces mains.

HABBATALEPPhotoEricLegrand01_redimensionner.jpgBalazs Gera met en scène ce conte initiatique avec une grande habileté. La scénographie de Giulio Lichtner modifie continuellement l’espace à l’aide de cloisons mobiles noires que les protagonistes déplacent eux-mêmes. Les lieux changent, les personnages passent, les pistes succèdent aux ruelles, le voyage incessant déroule ses aventures.

On rit franchement, puis le rire se teinte de gris, devient noir et, devant le tragique sort de la femme, naissent la tristesse et le malaise, « en barbelés dans la gorge ». Nous sentirions-nous un peu coupables ?

 

Gustave Akakpo est un auteur togolais. Il fait honneur à la langue française. Il enrichit le théâtre contemporain. Il a le sens de la comédie, la justesse des métaphores, des formules frappantes. Il peint les mœurs des sociétés patriarcales, leur hypocrisie, leur injustice. Il le fait avec humour et tendresse. C’est un grand auteur. Et les classes de 3e, de 2e et de 1e qui sortaient d’une représentation de À petites pierres  évoquaient Molière. Forcément, leurs professeurs les avaient aussi emmenés voir Tartuffe.

Si, si, ça existe encore ! Tout ne se passe pas forcément comme dans Entre les murs. Certains lycées sortent pour se cultiver intelligemment. Ils avaient lu À petites pierres, et même quelques-uns avaient joué la pièce. Ils savaient que l’auteur avait prévu deux dénouements, l’un comique, l’autre tragique.

Thomas Matalou, le metteur en scène a choisi la fin positive. La jeune fille qui a « fauté » ne sera pas lapidée. Mais quelle leçon pour tous ! Pour les machos qui ne pensent qu’à leur « margouillat », les pères vantards (Christophe Garcia et Franck Micque), les fils lâches, les femmes naïves.

Heureusement, les femmes sont solidaires et les jeunes un peu moins bornés que le « conseil des sages ». Ce ne sera plus la tradition imbécile qui fera loi, car « voici que nos enfants se lèvent pour défier nos âges ».

La scénographie de Thibaut Fack, dessine l’espace scénique comme une arène.

PetitesPierresPhotoEricLegrand79c.jpgDans ce cercle de craie africain, la jeune fille (Carolen Stella), se tient debout, face au public, à ses accusateurs, tout de blanc vêtue. Le jeune homme (Paul Tilmont) qui convoite sa fleur, entre dans le cercle coupé à mi-hauteur par le fil sur lequel sèche la lessive du jour. La corde se rompra à la défloration. Au sommet du cercle, deux panneaux translucides indiquent la maison, les murs s’écrouleront au moment du jugement. Au-delà du cercle, de chaque côté, deux bancs, où chacun des protagonistes va s’asseoir quand il ne joue pas. Seule la sœur protectrice (Mariana Lézin) s’assied à part, sur un escabeau d’où « elle veille sur sa sœur. Et quand enfin le Père (Christophe Garcia) abandonne toute poursuite, que le fiancé (Ludovic Carmaus) pardonne, que le jeune homme trouve sa promise, alors, le fond du théâtre s’ouvre sur le parc, ses allées et ses arbres où danse un soleil automnal.     

C’est comme à Bussang, au Théâtre du Peuple. Car ici, voyez-vous, à la Villette,  le peuple aussi vient au théâtre et la salle s'ouvre au monde…

S’il y a un auteur contemporain à découvrir en ce moment à Paris, c’est Gustave Akakpo. Et si vous n’avez pas le temps  (ni les moyens) de vous rendre à La Villette, commandez ses pièces chez votre libraire. Elles sont éditées chez Lansman.

 

Habbat Alep

À petites pierres

Deux pièces de Gustave Akakpo

Photos : Eric Legrand

Au Tarmac de La Villette

Jusqu’au 1er novembre

01 40 03 93 95

attention aux horaires (14h 30, 20 h ou 22 h le vendredi,ou 16 h le samedi)

15:46 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : théâtre, tarmac, akakpoc |  Facebook | |  Imprimer