01/10/2010
Jeunesse
C’est l’année Musset. Avec ses élèves du cours Florent, Jean-Pierre Garnier a réalisé un magnifique travail choral en mettant en scène La Coupe et les Lèvres poème agrémenté de références à la Confession d’un enfant du siècle.
Onze jeunes comédiens : Valentin Boraud, Camille Cobbi, Matthieu Dessertine, Sylvain Dieuaide, Pauline Dubreuil, Thomas Durand, Marianne Fabbro, Lazare Herson-Macarel, Marie Nicolle, Antoine Philippot, Jean-Charles Schwartzmann. Issus du cours Florent, de l’Erac, du TNS, des Conservatoires municipaux, ces jeunes gens très doués, figurent les chasseurs, les soldats, les paysans, les chevaliers, les moines, créant une polyphonie très antique pour un chœur romantique. Quatre éléments féminins incarnent la fiancée, la courtisane, la sœur, et peut-être la mère. Face à ces types sociaux, un rebelle : Frank, qui « brûle la maison de son père », et cherche sa voie, entre anarchisme, et discipline.
« L’artiste est un soldat », dit Musset, mais son Frank serait plutôt un « soldat de fortune » ingouvernable qu'un militaire responsable. « Homme de bronze », refusant son « patrimoine », il est « sentimental la nuit et persifleur le jour ».
Le travail du mouvement conduit par Maxime Franzetti, donne au groupe une cohésion merveilleusement orchestrée. Les silhouettes juvéniles séduisent. Androgynes, toutes vêtues de sombre au début, elles prennent des poses, se dénudent, se sexualisent. Les filles en robes légères colorées dansent leurs désirs. Jean-Charles Schwartzmann, les accompagne de ses compositions musicales à la guitare, au clairon, à l’accordéon, au piano. C’est prodigieux de beauté.
Mais pourquoi faut-il que le rôle de Frank, passe de bouche en bouche, de corps en corps ? C’est admirable comme travail de groupe. Mais c’est aller contre l’essence même du héros romantique : un individu solitaire face à une société qu’il rejette. Pour qu’on saisisse mieux le travail de la troupe, ne serait-il pas plus logique que le personnage du « coureur d’aventures », « Prométhée » voué à l’échec soit incarné par un seul comédien face à tous les autres ? Par eux, le malheur advient à cet « étranger vêtu de noir », qui croyait boire à la coupe du bonheur.
Cependant, ne boudons pas le plaisir de découvrir des comédiens prometteurs ! Et celui de retrouver avec eux ce Musset passionné qui joue les blasés, sensible qui joue les cyniques : toute la jeunesse, quoi !
La Coupe et les Lèvres d’Alfred de Musset
Théâtre de la Tempête
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22:46 Écrit par Dadumas dans Littérature, Musique, Poésie, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, musset, tempête | Facebook | | Imprimer