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10/02/2011

Désir d’orient

 

 

 

 

En France, ce fut le film d’Elia Kazan, Un tramway nommé Désir qui révéla Tennessee Williams au grand public, au début des années 50. Depuis, bien des mises en scène de la pièce se sont succédé, mais aucune ne peut faire oublier le regard halluciné de Vivian Leigh et les muscles de Marlon Brando, saillants sous le maillot humide de sueur. Aussi, le spectateur est-il dérouté, quand Lee Breuer, pour l’entrée de la pièce au répertoire de la Comédie-Française, cède à un désir d’Orient et en donne une lecture japonisante.

Blanche Dubois (Anne Kessler), fille de propriétaire ruiné, demande asile à Stella sa sœur (Françoise Gillard), mariée à un prolo, Stanley Kowalski (Éric Ruf). Le logement de la Nouvelle-Orléans est petit, peu confortable, les potes de Stanley, Pablo (Christian Gonon), Steve (Bakary Sangaré), Mitch (Grégory Gadebois) envahissants, la voisine Eunice (Léonie Simaga) pas très discrète, et Stella est enceinte. Des querelles éclatent continuellement. Des désirs taraudent les uns et les autres. Stanley ne va pas tarder à découvrir la vérité sur Blanche et il précipite la déchéance de sa belle-soeur.

Alors que piano, trombone, saxo, guitare, lient les scènes par un jazz-band, très couleur locale, le metteur en scène, refusant le réalisme et la touffeur de la Louisiane, dirige une scénographie tout en tréteaux, cloisons, écrans peints, panneaux mobiles. Comme Blanche Dubois, Il veut "de la magie". Il utilise les avant-scène et les sorties vers la salle, les trappes comme au kabuki et les servants masqués du bunraku, qui au lieu de manipuler les marionnettes, apportent les accessoires aux protagonistes. Le mouvement du décor place les situations dramatiques dans une instabilité perpétuelle.

Le désordre inscrit dans l’espace figurerait-il celui, psychologique, de Blanche ? Mais où est la promiscuité qui génère les tensions dans le deux-pièces minable des Kowalski. Trop de beauté dans les tableaux, les costumes (Renato Bianchi), les lumières (Arnaud Jung) contredisent le texte. La traduction de Jean-Michel Déprats n’est pas en cause. Le parti pris du metteur en scène contraint les comédiens à des afféteries inutiles. L'utilisation de micros aggrave cette impression.

Grégory Gadebois et Françoise Gillard gardent leur naturel et c’est alors un vrai plaisir de retrouver l’atmosphère sensuelle et colorée de ce Sud troublant.

 

 

 

 

Un Tramway nomme Désir de Tenessee Williams

Traduction de Jean-Michel Déprats

Comédie-Française

Du 5 février au 2 juin

www.comedie-francaise.fr

 

 

29/01/2011

Têtes d’affiches


 Comme je sortais du théâtre, hier soir, je remarquai de nouvelles affiches sur les colonnes Morris. Rien que du lettrage ! Mais quelles lettres ! Majuscules, larges, blanches sur fond brique, comme elles se détachaient ! Elles se lisaient de très loin. Un seul nom apparaissait d’abord : « Johnny Halliday » la tête d’affiche, la star. Sans doute le grand retour à Bercy, ou au Zénith…

Un peu plus bas, et dans un corps inférieur , on lisait : « Tennessee Williams », en vedette américaine, ce qui est bien normal vu qu’il est de cette nationalité.

Ah ! Il y avait une phrase, beaucoup plus petite, entre les deux vedettes : « joue une pièce de ». Tennessee Williams, ce n'était  que l’auteur !  Je distinguai aussi en dessous de tout ce bloc de lettres, en caractères majuscules : « Le Paradis sur terre », le titre de la pièce !

Et j’aperçus alors, en bandeau diagonale en haut, et à gauche, « location ouverte », ainsi que le nom d’un théâtre : " Edouard VII ", au centre ! Un théâtre de sept cents places, n’était-ce pas trop petit pour Johnny ?

Tout en bas à droite, un autre bandeau annonçait : « pour cent représentations exceptionnelles » ! Fallait pas rater l’événement ! Dès demain, j’appelle le numéro de location ! 

J’allais le noter quand j’aperçus le bandeau diagonale du bas : « à partir du 6 septembre ».

Ouf ! J’avais encore une petite chance.

Mais un doute me vient. Le Paradis sur terre, est-ce un monologue ?