31/10/2006
Adam et Ève, sacrés ancêtres
Nos ancêtres, Adam et Ève avaient reçu en cadeau de naissance la gestion du Jardin d’Eden, mais ils en furent chassés pour cause de liquidation divine. Et leur Créateur, qui pardonnait assez difficilement les offenses, poursuivit la gent féminine de sa vindicte pendant des siècles.
Sur ce thème biblique Pascal Bancou imagine une histoire de l’Amour, avec une Ève très activiste et « un principe mâle», Adam qui se laisse mener par le bout du nez. Isabelle Andréani revendique pour toutes les Ève de la salle, et Xavier Lemaire joue Adam à travers les siècles. Car cette histoire de suspicion illégitime court depuis la nuit des temps et a bien failli coûter le bonheur à notre espèce. Il fallut attendre le Cantique des Cantiques, pour voir fleurir des mots tendres. Et les Grecs remirent tout en question, car, si chez Socrate et Platon on avait « inventé le concept de Démocratie bien avant les Américains », on se méfiait des femmes. Quant aux chrétiens qui causaient dans les conciles, certains n’hésitèrent pas à affirmer que « la femme est un diable » et à utiliser « le bûcher par principe de précaution », c’est tout dire !
Les costumes de Brigitte Elbar permettent aux deux protagonistes de passer de l’Antiquité au Moyen Age, en filant par les Croisades, la Renaissance, les Précieuses, la Révolution, la Grande guerre, les Années folles, 1968. L’épopée s’achève en 2041 où la procréation se faisant en alternance, le pauvre Adam aboutit chez le « couillologue »…
Deux blocs d’escalier pour décor, des lumières de François-Eric Valentin, une musique de Raphaël Bancou, et le voyage spatio-temporel court la poste…C’est vif, enlevé, scabreux quelquefois, mais sans autre prétention que celle d’amuser, sans rien de choquant pour les enfants qui sont si éveillés de nos jours, et au courant de tout.
On peut donc se distraire en famille avec ces tableaux de l’Amour à travers les âges, mais n’en dites rien à votre confesseur.
Adam, Eve et descendances de Pascal Bancou
Théâtre Essaïon
Du mercredi au samedi à 20 h
depuis le 25 octobre
01 42 78 46 42
09:31 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
30/10/2006
Le divan d’Eva Darlan
Le divan du psychanalyste n’est pas triste quand il est réécrit par Eva Darlan et Sophie Daquin. Seule en scène, et dirigée par Jean-Paul Muel, Eva Darlan s’y installe en diva ! Elle ne vocalise pas, mais, en analyse, elle connaît la chanson ! Celle, du moins, des patients qui défilent chez Annie Azoulay, qui n’est pas psychanalyste, mais « thérapeute ». Toute une collection de « cas » : de la fringante femme active « révélée à sa propre fragilité », à celui qui « ne bande plus », en passant par la nymphomane, voici le père copain, la femme destructrice, la mère tyrannique, la femme détruite.
Mais, Eva Darlan n’épingle pas seulement les clients, elle incarne également la gourou conseillère : « comment faire un bon névrosé », le prêtre madré : « je vous laisse la sexualité, laissez-moi la culpabilité, c’est mon produit d’appel ».
Car c’est en termes commerciaux que les manipulateurs en tout genre se partagent les bénéfices de la naïveté humaine. Tout ce monde-là se réunit sous la houlette d’une bistrotière au dernier tableau, et c’est le bon sens qui gagne au "café d'en face", là où se réconfortent ceux qui sortent de chez la thérapeute !
Ainsi, les sketchs de café théâtre s’emboîtent finalement comme un montage de scènes et forment une unité appelée « pièce ». Les tableaux sont rapides, ironiques, enlevés. Eva Darlan, la bouche gourmande suce les mots qui égratignent, et font exploser de rire un public conquis. Entre le fameux divan rouge sang et un fauteuil d’osier, la comédienne promène un texte construit avec humour et ne se départit pas un instant de son sourire séducteur.
Ne commencez pas une analyse avant d’avoir vu et entendu Eva Darlan. Pour le prix d’un fauteuil d’orchestre, elle vous débarrassera de vos névroses. A quand le remboursement par la sécu ?
Divins Divans d’Eva Darlan et Sophie Daquin
Petits Mathurins à 21 h
01 42 65 90 00
11:50 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
26/10/2006
L’apprenti prodigieux
Il y a des gens qui vont au spectacle pour se reposer. Ne dites pas non, j’en ai vu qui piquaient des roupillons pendant les représentations, et même pas pendant le récit de Théramène. Je tairai les noms, parce que je suis sympa… Et qu’avec Sébastien Mossière, il n’en est pas question. Au contraire.
Il entre dans la pénombre, raconte que son oncle, magicien réputé, lui a donné rendez-vous pour sa leçon, et comme, de maladresse mystérieuse en éternuement prodigieux, le maître n’arrive pas, Sébastien dialogue avec le public. Et c’est parti pour une bonne heure de bonheur…
Il se dit « apprenti » magicien, mais c’est un vrai professionnel pour solliciter constamment l’attention des enfants, les faire participer à tous les numéros, leur raconter en même temps des histoires et les tenir toujours sous son charme. La magie n’est qu’un prétexte, le récit nourrit la pratique, libère la poésie, éveille l’imaginaire.
Si Sébastien Mossière joue les distraits, c’est pour que les enfants soient attentifs. S’il se dit apprenti, ce n’est pas pour étaler son savoir-faire, mais pour donner confiance aux petits qui sont fiers de lui rendre service. N'était-ce pas la méthode de Célestin Freinet, champion de la pédagogie active, lui-même émule d'un certain Socrate ?
L’Apprenti-Magicien de et avec Sébastien Mossière
à partir de 4 ans
Théâtre des Mathurins
A 14 h 30 pendant les vacances et après
0142 65 90 00
15:30 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer