24/10/2006
Un peu, beaucoup, passionnément
Ils se sont aimés, un peu, beaucoup, passionnément… « Mais la vie sépare ceux qui s’aiment », l’air est connu, autant que les rencontres autour des « grandes occasions », c’est-à-dire, mariages et enterrements.
Véronique Olmi, l’auteur, choisit la fête heureuse, le mariage de la petite sœur, qui va permettre à Nicole (Véronique Olmi), de retrouver Maxime (Pascal Elso), qui fut son amant dix ans auparavant, et avec qui elle a rompu pour rentrer auprès de son mari Jean (Stéphane Hillel).
On se dit tout, on se déchire, on se pardonne, l’orage gronde dans cette fermette isolée où on les a logés le temps d’une nuit. Pendant que les couples s’électrisent, la jeune Virginie (Aurore Auteuil) tente de faire comprendre à Laurent (Sébastien Lalanne) qu’il est temps pour elle de se marier. La pauvre ingénue qui découvre l’orgasme sado-maso, apprendra pourquoi son séducteur ne peut réaliser ses rêves de petite fille. Le texte rebondit, le temps marche, inexorablement, les émotions gonflent, explosent, libèrent les rires et les larmes. C’est délicieux comme une pluie d’été, fluide, rafraîchissante.
La mise en scène de José Paul et Agnès Boury utilise au mieux l’espace difficile du Petit Théâtre de Paris, grâce au décor de d’Edouard Laug. Les comédiens se glissent aisément dans ces rôles qu’on croit écrits exprès pour eux.
Les personnages ont les faiblesses de nos amis. Ils sont attachants, vulnérables, ils nous ressemblent. C’est le miracle de l’écriture de Véronique Olmi de nous laisser croire que la vie est là, simple et tranquille, et qu’il faut la saisir, très vite.
Je nous aime beaucoup
de Véronique Olmi
Petit Théâtre de Paris
01 42 80 01 81
18:57 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
22/10/2006
Fuites et délires.
Vous aviez peur du plombier polonais ? Grave erreur ! C’était le plombier espagnol qu’il fallait redouter. Jacques Leroy (Patrick Zard’) ne s’en méfiait pas, et, un beau matin, en voilà un qui débarque pour chercher une fuite qui n’existe pas… Car c’est un fieffé menteur que ce prétendu Miguel (Roland Giraud), qui perd son accent et sa moustache dès que Leroy a tourné les talons. Il s’empare du téléphone, lance un ultimatum à un certain Delambre auquel il demande 4 millions d’euros pour prix de son silence. Plombier, lui ? Plutôt maître chanteur ! Toujours mêlé à des malversations, il a dû fuir, cinq ans auparavant. Exil doré, si on en croit les photos des magazines people, ce que sa maîtresse Lucie (Elizabeth Bourgine) qu’il a abandonnée avec leur fille Christelle (Delphine Depardieu), ne lui pardonne pas.
Mais il a du charme, du bagout et des excuses puisque chacun sait que « dans la politique, si on ne sait pas mentir, on ne réussit pas », et ce Michel-là est familier d’un futur Premier Ministre… Il n’est pas à une invention près, ni auprès de la mère de Leroy (Arlette Didier), ni vis-à-vis de sa femme Camille (Pascale Louange). De quoi affoler la pauvre génitrice et le brouiller définitivement avec toutes les deux.
Dans le décor de Charlie Mangel, les portes claquent, le téléphone sonne, les papiers peints se décollent, mais tout finit bien. C’est une comédie de Jean-Claude Islert qui tire au but efficacement, avec la complicité de Jean-Luc Moreau pour la mise en scène. Match gagné : le public s’amuse ! C’est pour ça qu’il est venu !
Délit de fuites de Jean-Claude Islert
Théâtre de la Michodière
01 47 42 95 22
22:19 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer
19/10/2006
Une Veuve sentimentale
Joyeuse Missia Palmieri, qui débarque à l’ambassade de Marsovie à Paris avec l’urne funéraire de son défunt dans les bras ? Pas vraiment. Entourée, adulée, elle représente une petite fortune, et ses prétendants ne manquent pas. Mais elle sait qu’on ne la courtise que pour son héritage, et la cupidité de ces mâles en émoi, la rendrait plutôt amère. Son ami Nadia, mariée au baron Popoff, l’ambassadeur, espère lui faire épouser son amant, Camille de Coutançon afin de donner le change à son époux. Mais sur les rangs, se bousculent aussi l’attaché militaire belge, le consul du Guatemala, et quelques admirateurs de moindre envergure. Le baron Popoff, soucieux des finances marsoviennes, conscient que la fortune de Missia représente tout le budget de l’Etat, voudrait qu’elle choisisse le Prince Danilo, l’attaché militaire marsovien, afin que les millions restent dans la Patrie.
Or, par un pur hasard, Dieu de l’opérette, le Prince Danilo est le grand amour de jeunesse de Missia. Hélas ! Elle n’a pas pu l’épouser car elle était pauvre, aujourd’hui, c’est lui qui n’a pas un sou et il ne veut pas qu’on croie qu’il ne l’épouserait que par intérêt. De l’orgueil mal placé ? Ah ! Mais on a sa fierté dans l’aristocratie !
Il faudra trois actes pour qu’ils cèdent l’un à l’autre, et Franz Lehar, sur un livret de Victor Léon et Léo Stein, d’après L’attaché d’ambassade d’Henri Meilhac (1861), créé à Vienne en 1905, adapté par Caillavet et de Flers (1909), fit faire le tour du monde à sa Veuve joyeuse. Sous la baguette de Gérard Daguerre, notre veuve sentimentale trouvera enfin l’Amour…
Aujourd’hui, Jérôme Savary y met la patte, et c’est un heureux moment pour l’Opéra-Comique. Il s’en passe des choses à l’ambassade de Marsovie ! Pas très honnêtes, ces Marsoviens en faillite, épouvantés de voir atterrir sur leur terrasse, un hélicoptère qui leur fait craindre l’arrivée de Sarkozy. Quand on traficote la blanche pour arrondir ses fins de mois, on n’a pas l’esprit tranquille. Même sous le regard lumineux du portrait de Savary, maquillé en général grand Conducator…
Ezio Toffolutti abrite visiblement l’ambassade dans le foyer du Palais de Chaillot, et c’est un joli coup de chapeau à celui qui redonna une âme à ce théâtre. La Cinémathèque sera le décor de la réception de l’acte II. Le « joli pavillon » de l’acte suivant, sera le kiosque des Jardins du Trocadéro, mais Maxim’s sera toujours Maxim’s avec un cancan extraordinaire dont Sabine Leroc et Sacha la grenouille renouvellent l’art.
On s’amuse de toutes ces trouvailles, de cette « folle de Chaillot », de « Madame de Fontenay », de la gouaille prodigieuse d’Eric Laugérias qui joue Figg , on admire les voix (Marie-Stéphane Bernard ou Anne-Marguerite Werster pour Missia, Jean-François Vinciguerra pour le baron Popoff, Boris Grappe ou Ivan Ludlow pour Danilo) , les costumes de Michel Dussarrat, on retrouve l’émotion des amours romanesques, des valses sirupeuses.
Sortir d'un spectacle, en souriant, en fredonnant, c'est si rare, de nos jours... Partageons notre plaisir.
Théâtre de l’Opéra-Comique
Jusqu’au 15 novembre
0825 00 0058
15:45 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer