11/06/2014
À Loches ou à Paris
Feydeau avait écrit un vaudeville sans chanson ! Erreur fatale ! comme dirait aujourd’hui votre ordinateur. Heureusement, Hervé Devolder et Jacques Mougenot ont réparé cette faute et nous découvrons Les Fiancés de Loches dans une prime jeunesse, une comédie musicale !
Dans l’art de la comédie, Georges Feydeau excelle, car la technique du quiproquo n’a pas de secret pour lui. Laure Gévaudan (Christine Bonnard), et ses frères, Alfred (Biry-Vicente), et Eugène (Franck Vincent), sont venus à Paris chercher « de bons partis » par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Mais l’agence est sous scellés, car le « comptable/misérable » s’est enfui avec la caisse. L’employé, Plucheux (Patrice Latronche) prie donc les clients éventuels de s’adresser « au premier étage » où son ami Séraphin (Fabrice Fara) tient une agence de placement. Et, puisque lui-même cherche maintenant du travail, il en profite pour demander un emploi. Justement, le docteur Saint-Galmier (Arnaud Denissel) a besoin d’un doucheur-masseur pour son établissement, le « Louvre hydrothérapique », et de trois domestiques (groom, maître d’hôtel et cuisinière) pour son appartement privé car il se marie avec la belle Léonie (Clara Hesse) que Rachel (Claudine Vincent) sa sœur, une vieille fille, chaperonne. Plucheux trouve donc immédiatement du travail comme doucheur. Mais surgit alors Michette (Charlotte Filou), la maîtresse que Saint-Galmier laisse tomber, et comme la famille Gévaudan fait irruption dans l’agence, les malentendus vont pleuvoir !
Méprises, disputes, mensonges, courses-poursuites, disputes se succèdent… Et le spectateur de jubiler !
Jacques Mougenot et Hervé Devolder secondent le génie de Feydeau. Le premier transforme, presque tous les dialogues en couplets légers et amusants qui en respectent le sens et la saveur. Et toute la file d’attente du bureau de placement, avec ses « chômeurs » exaspérés donne le ton satirique, dès la première scène. Et quelle verve inventive, au deuxième acte, sur les jeux de mots de « je dis /jeudi », et « ça me dit/samedi ». On pense aux compositions de Mireille et Franc-Nohain. Car Hervé Devolder a écrit des musiques qui conviennent aux personnages. Ainsi, les Gévaudan dansent une sorte de bourrée paysanne, Michette le cancan et Léonie chante une romance, qu’un violon sentimental souligne. Catherine Arondel règle des chorégraphies pleines de fantaisie. Et les comédiens chanteurs, dirigés par Hervé Devolder sont épatants. Les musiciens, un pianiste, Thierry Boulanger (ou Daniel Glet), un contrebassiste, Benoît Dunoyer de Segonzac et une violoniste Marianne Devos, derrière un rideau de tulle, les accompagnent.
Les décors de Jean-Michel Adam peuvent se changer à vue ou en un clin d’œil et les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont congruents aux personnages
Si vous cherchez du travail, on ne vous conseillera pas l’agence de Séraphin, mais si vous êtes déprimé, on vous recommande, non l’établissement de bains de Saint-Galmier, mais le Palais-Royal, vous en sortirez de belle et bonne humeur, en chantant, "à Loches ou à Paris", "quand on rit, on est guéri", et "la santé, ça n'a pas d'prix."
Photos : © Emile Brouchon
Les Fiancés de Loches d’après Georges Feydeau
Comédie musicale d’Hervé Devolder et Jacques Mougenot
Théâtre du Palais-Royal
Du mardi au samedi à 21 h
01 42 97 00 00
18:05 Écrit par Dadumas dans Blog, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du palais-royal, feydeau, devolder, mougenot, comédie musicale | Facebook | | Imprimer
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