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12/02/2009

Pour l’amour de l’humanité

Il se passe une chose prodigieuse au théâtre Antoine. Le public y vient pour retrouver ses personnages favoris. Il les connaît, il les aime depuis des décennies, et grâce à La Petite Illustration des années 30, puis grâce au cinéma, enfin, grâce à la télévision, il sait les répliques fameuses par cœur. Et il les attend, les savoure, les mâche silencieusement avant que les comédiens, en scène, ne les lui lancent.

On assiste donc à un duo d’amour, non entre le beau Marius (Stanley Weber) et la délicate Fanny (Hafsia Herzi), mais entre les spectateurs et les mânes de l’auteur. La représentation devient un repas spirituel où les mots de Marcel Pagnol servent de pain de communion, pour l’amour de l’humanité.

L’instigateur de cette transsubstantiation ? 20090121-_DSC6845.jpgFrancis Huster, metteur en scène, adaptateur de la trilogie de Pagnol, Marius, Fanny, César, dont il propose une version en trois heures : César, Fanny, Marius. Il réussit son miracle. Il y joue aussi Panisse, le « brave homme ». Un Panisse moderne, fougueux, généreux et qui aurait travaillé pour perdre son accent car, plus personne n’a « cet accent-là », aujourd’hui, avec la télévision.

Les autres officiants de cette liturgie ont un grand prêtre, un César mythique, incarné par Jacques Weber, truculent, « hénaurme », dans ses colères et sa mauvaise foi. Urbain Cancelier est un Escartefigue de tradition bonhomme, comme Éric Laugérias avec Monsieur Brun. Charlotte Kady crée une Honorine décidée, mince et jeune d’allure et on comprend qu’elle prenne pour elle la « demande » de Panisse. Les seconds rôles (Jean-Pierre Bernard, Arnaud Charrin, Serge Spira ou Serge Esposito) ont de la tenue.

Le décor de Didier Flamand restitue l’atmosphère du « bar de la Marine », côté salle, côté terrasse et les lumières de Nicolas Copin enveloppent les personnages d’une douceur chaude. On s’y croirait…

On resterait bien avec eux deux heures de plus.

 

 

 

César, Fanny, Marius d’après la trilogie de Marcel Pagnol

Théâtre Antoine

01 42 08 77 71

Du mardi au vendredi à 20 h

Samedi, à 16 h  et 20 h 30

Dimanche à 15 h 30

 

 

 

07/02/2009

Théâtre à risques

 L’endroit est désert. Berthe (Katia Tchenko) pense qu’ils sont en avance et Edmond (Jacques Brunet) qu’ils auraient dû suivre le conseil de Tristan Bernard : « Venez armés ! ». Car le théâtre est en piteux état. Les fauteuils sont défoncés, le balcon lézardé, le public rare. Heureusement, Martine (Letti Laubiès), l’ouvreuse, est souriante.Knobst1PhotoLot.jpg

Un second couple entre. Franck (Xavier Lemaire qui met aussi en scène), a reçu une invitation de son copain Rodolphe pour assister à la représentation de L’Alpenage, le dernier chef d’œuvre de Knobst, auteur, metteur en scène et  propriétaire de cette salle décrépite… Il traîne au spectacle sa compagne, Claire (Laurence Breheret), qui préfèrerait se coucher de bonne heure.

Elle est fatiguée, Claire. Fatiguée de faire bouillir la marmite, car Franck est un comédien au chômage. Un autre chômeur les rejoint. Un certain Laurent (Benjamin Brénière), ami de l’ouvreuse, qui ne « supporte plus d’être sans emploi ». Laurent est mal élevé. Edmond ne le supporte pas. Franck l’apostrophe. Le ton monte. Des craquements sinistres y répondent. Le balcon se fend, le sol s’écarte, « l’accès aux loges est fermé », la grille de sécurité bloque la sortie et le rideau de fer est coincé. Il faut de la témérité pour se risquer au théâtre aujourd’hui !Knobst5PhotoLot.jpg

Cette fable de Jean-Loup Horwitz peint non seulement le délabrement d’un théâtre mais celui de toute notre société. Les relations humaines sont rongées par le mépris qui éclabousse l’un, l’envie qui noircit l’autre. L’angoisse s’installe chez les personnages. Elle reflète celle qui étreint aussi les vrais spectateurs, lesquels ne savent plus, dans la salle, s’ils peuvent encore rire de ceux qui sont sur scène. L’effet de miroir déconcerte et les comédiens sont d’un naturel suspect… Et pourtant, c'est une comédie.

Le public entre dans l’intrigue. Enfin, Knobst (Guy Moign) paraît, dans un brouillard de plâtre, et la situation s’éclaire.

Nous ne vous dirons pas bien sûr comment tout se résout, car il faut y aller….

 

 

 

L’Alpenage de Knobst

Comédie de Jean-Loup Horwitz

Jusqu’au 7 mars

Théâtre 14

01 45 45 49 77

 

 

 

 

01/02/2009

Avant le mariage

Cérémonie.jpgLorsque Miriam (Michelle Brûlé) a quitté David (Rufus), leur fille Ruth (Yaël Elhadad), avait huit ans. Elles sont retournées vivre à Montréal, lui est resté au kibboutz. Vingt ans plus tard, elle se marie, et Ben (Franck Bussi), le fiancé, « lui aussi en perte de père », a tenu à ce que David soit présent. Il est donc allé à sa recherche, en Israël. Il l’a trouvé, il le ramène, et tous les deux rassemblés se ressemblent bougrement : même altruisme, même judaïsme pacifique et bienveillant : « je prends ce que la vie me donne », dt le père.

Comme Ruth ressemble à son père, on sent bien que ceux-là vont vite refermer les blessures d’autrefois.

Miriam, ayant plus à se faire pardonner, y met plus de rancœur. Cependant, Rifkha (Sylvie Guermont), la mère de Ben, sert de confidente. Elle permet aux deux femmes de s’expliquer « avant la cérémonie ». Elle leur dit aussi qu’ « un enfant n’aime pas davantage sa mère quand il déteste son père. »

À travers cette histoire de famille, l’auteur, Naïm Kattan, juif né à Bagdad, pose la question de l’identité, de l’appartenance à un peuple, à un pays, car « un pays ne remplace pas une identité. »

Florence Camoin, dans sa mise en scène, fait évoluer les personnages dans deux décors symétriques : à jardin, l’espace de Ben et sa mère, à cour, l’espace de Ruth. Au proscenium, du côté de chez Ruth, la musicienne, Christine Kotschi, avec ses instruments à cordes, de l’autre, le guéridon d’un café ou David s’installe pour réfléchir… Les lumières d'Anne Gayan basculent astucieusement sur l’un ou l’autre espace. Les scènes sont brèves, ponctuées de musique, ou introduites par des chants traditionnels modulés par Mitchélée (chant).

Le spectacle est émouvant, et, dans la salle, certains spectateurs vivaient la situation…

 

 

Avant la cérémonie de Naïm Kattan

Prix de l’Académie française 2007

Espace Rachi

01 42 17 10 38

jusqu’au 8 février

reprise les 6 et 7 avril au Théâtre de Saint-Maur

01 48 89 99 10

12:34 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, judaïsme |  Facebook | |  Imprimer