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14/09/2012

Anniversaire

 

 

 

La Librairie théâtrale vient de fêter ses… 160 ans.

Oui vous avez bien lu ! Fondée en 1852, sous le second empire, elle est devenue, rue Marivaux, à Paris, la plus grande librairie théâtrale et aussi la plus ancienne.

Elle reste le rendez-vous de tous ceux qui, amateurs ou professionnels, cherchent un texte dramatique.

Elle ne se contente pas de vendre des livres, elle en édite. De tous les genres, des classiques et des contemporains.

Pour vous guider, des spécialistes : Sarah, Gabriella, Marielle, Fabien, David, Laetitia et Amandine, ils entouraient hier soir les directeurs : Marie-Laure Falcoz et Christophe Mory.

La fête débordait dans la rue, jusque devant l’Opéra-comique (heureusement en travaux). Auteurs et comédiens célébraient le bonheur de se retrouver autour d’un verre, avec leurs hôtes.

Pour souhaiter longue vie à la Librairie Théâtrale, un seul geste : acheter les livres de théâtre (au lieu de photocopier) et une seule adresse : 3, rue Marivaux  75002 Paris !

 

 

www.librairie-theatrale.com                         www.artcomedie.com

29/04/2011

Drôle de monde !

  

Quand Adam de la Halle, dans Le Jeu de la Feuillée, passait en revue les bourgeois, les croquants, et les fées de sa bonne ville d’Arras, son poète désargenté était-il aussi sceptique que le Frantz-Anatole Chambon de la Vérouillère (Pierre-Olivier Mornas), descendant de Musset et clochardisé dans la rue de la Nef ? Sans doute Frantz est-il plus proche du Gringoire de Hugo dans Notre-Dame de Paris, que de Perdican ou Fantasio, mais ce protagoniste solitaire face à un monde chaotique s’inscrit dans la lignée romantique que révère Stéphanie Tesson. Et, comme ses grands modèles, elle s’inspire des formes médiévales pour peindre cette « fresque prophétique ». La référence à la Nef des fous de Jérôme Bosch est évidente. Celle de la « feuillée », pour la « folie », la corrobore. Car il s’agit de peindre notre époque à travers les folies qui la défigurent. Théâtre, Stéphanie Tesson, Théâtre 13

Au cours de la « nuit du Tout est dit », le coucher de Frantz-Anatole va être troublé par l’arrivée d’une intruse, Nella Mérine (Julie Debazac) vedette du petit écran. Elle pense que tout le monde la connaît. Frantz n’en a jamais entendu parler. Elle a cassé un de ses talons, elle s’est égarée dans cette rue déserte et voudrait qu’on la raccompagne. Et, comme à travers le « jeu » médiéval, les contemporains vont défiler, jouer avec les situations, les formes et les mots. En prose ou en octosyllabes fleuris, il s’agira de passer du coq-à-l’âne, faire surgir le fantastique du langage comme dans un conte - commenté par Todorov -, et se moquer des faiblesses humaines, comme dans une « revue ». Poésie et humour tissent les liens scéniques.

Les comédiens de la troupe de Stéphanie Tesson jonglent avec les rôles. Brock commence par être l'allégorie fantaisiste de la Rumeur, puis reparaît en « Acteur-Phoque », car à l’heure où la banquise fond, le pauvre mammifère se recycle. Il sera aussi un banquier sans scrupule flanqué de la Pauvreté (Fabienne Fiette) récupérée en impatiente Mrs Dowjones. La même comédienne interprétera une Mort un peu braque, puis une Sculpture moderne, face à une sculpture classique, la Beauté (Émilie Chevrillon) qui est d’abord une Fleur, puis une Dame sans sa Licorne. théâtre, Stéphanie Tesson,Théâtre 13

Inversion des valeurs, jeu carnavalesque- aurait dit Bakhtine -, la sarabande ne laisse pas le spectateur respirer. Drôle de monde où les temporalités se pénètrent, le monde actuel investissant le temps des mythes !

Pablo Peñamaria est tour à tour un Jésus extatique, un terroriste dément, un professeur dépassé. Viennent en désordre « Les compères de la pollution », les « protestataires », les « Traînards », les « Vieillards », et « le Temps », qui ne fait « que passer ». La scène foisonne de personnages, la revue fourmille d’idées, d’inventions linguistiques et scéniques.

MagueriteTanguy des Déserts, a conçu un décor simple de panneaux lisses, mordorés, et des structures complexes dans les accessoires, Corinne s’est surpassée dans les costumes et Anne Caramagnol dans les maquillages.

« Après la nuit du « tout est dit », viendra « la journée des sourds », Il faut donc se hâter de tout dire, et dans leur précipitation, les personnages n’apportent pas de solution aux problèmes qu’ils ont eux-mêmes suscités par leurs inconséquences.

Stéphanie Tesson ne juge pas, elle met en images et en mots les travers des humains, mais aussi leurs rêves. Au spectateur d’être intelligent pour assembler le puzzle et essayer de remettre en ordre le monde imparfait dans lequel il s’est perdu. Comment quitter cette rue de la Nef ? Comment sortir d'une impasse ?

Dans son précédent spectacle, Stéphanie Tesson nous parlait de la Mort. Aujourd’hui, elle la met « au chômage », avec une injonction : « aimez ! », et elle crée « le temps de l’immortalité ».

Le spectacle est déraisonnable ? Mais croyez-vous que notre époque ne le soit pas ?

 

 

 

Photos : © Lot

 

 

 

 

Revue d’un monde en vrac (Qu’est-ce qui va se passer ?)

Fresque prophétique de Stéphanie Tesson, mise en scène de l’auteur.

Jusqu’au 5 juin

Théâtre 13

01 45 88 62 22

Le texte de la pièce est publié aux éditions Les Cygnes