15/12/2016
Une merveille comique
Depuis Kant, nous savons que « par le mariage, la femme devient libre, et l’homme perd sa liberté », mais encore faudrait-il, que, pour se marier, il n’ait pas déjà « un fil à la patte ».
Et Fernand Bois d’Enghien (Stéphane Brel ou Lionel Pascal) noceur impénitent n’a pas encore eu le courage d’annoncer la fin de leur liaison, à Lucette Gautier (Marie Le Cam), sa maîtresse, chanteuse de Café concert. La révélation presse, car déjà, Le Figaro annonce son mariage avec Viviane (Agathe Boudrières), la fille de la baronne Duverger (Solveig Maupu) ! Le matin où cette nouvelle paraît, il est encore chez Lucette. Elle est toujours folle amoureuse de lui, ne se doute de rien et une petite société complaisante l’entoure de flatteries pas toujours désintéressées.
Il y a là, un flambeur, Gontran de Chenneviette (Xavier Clion), père de l’enfant de Lucette ; Ignace de Fontanet (Gaspard Fasulo ou Xavier Martel), dont l’haleine fétide fait reculer d’horreur les meilleurs amis ; Marceline, la sœur laissée pour compte qui vit des largesses de Lucette ; un certain Bouzin (Mikaël Taïeb), clerc de notaire de son état, qui essaie de placer une chanson qui ferait sa fortune ; et le général Irrigua (Anthony Magnier ou Julien Jacob) qui couvre Lucette de fleurs et de bijoux.
Bois d’Enghien ne dit rien à Lucette. Mensonge par omission… Puis, sommé par le Général de divulguer le nom de l’amant de Lucette, il lâche le nom de Bouzin, pernicieux mensonge qui va en déclencher d’autres en cascades, nourrir l’ire du général, et le grotesque d’une situation abracadabrante. Car, le soir même, pour la signature du contrat, la baronne a engagé Lucette afin de divertir ses invités et tout ce joli monde se retrouve chez elle !
Scandale !
Mais c’est une comédie et le lendemain… Il n'y a pas de malheur !
Jouer Feydeau suppose une santé à toute épreuve et cette troupe s’investit totalement dans une sarabande diabolique. Ils se pourchassent, se perdent, se retrouvent, changent d’identités, dans des poursuites incessantes, avec un rythme démentiel. Anthony Magnier, le metteur en scène accomplit « une merveille comique », et ses comédiens sont époustouflants !
On en avait besoin pour terminer cette année 2016. Ils jouent jusqu’au 31 décembre. Ça tombe bien ! Courez-y !
Photos : © LOT
Un fil à la patte de Georges Feydeau
Théâtre 14
01 45 45 49 77
mardi, vendredi et samedi à 20 h 30
mercredi, jeudi , 19 h
matinée : samedi à 16 h
16:57 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre 14, feydeau, anthony magnier. | Facebook | | Imprimer
01/06/2015
Toujours fiancés ?
12:38 Écrit par Dadumas dans Blog, culture, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, feydeau, théâtre du palis royal, hervé devolder, jacques mougenot | Facebook | | Imprimer
11/06/2014
À Loches ou à Paris
Feydeau avait écrit un vaudeville sans chanson ! Erreur fatale ! comme dirait aujourd’hui votre ordinateur. Heureusement, Hervé Devolder et Jacques Mougenot ont réparé cette faute et nous découvrons Les Fiancés de Loches dans une prime jeunesse, une comédie musicale !
Dans l’art de la comédie, Georges Feydeau excelle, car la technique du quiproquo n’a pas de secret pour lui. Laure Gévaudan (Christine Bonnard), et ses frères, Alfred (Biry-Vicente), et Eugène (Franck Vincent), sont venus à Paris chercher « de bons partis » par l’intermédiaire d’une agence matrimoniale. Mais l’agence est sous scellés, car le « comptable/misérable » s’est enfui avec la caisse. L’employé, Plucheux (Patrice Latronche) prie donc les clients éventuels de s’adresser « au premier étage » où son ami Séraphin (Fabrice Fara) tient une agence de placement. Et, puisque lui-même cherche maintenant du travail, il en profite pour demander un emploi. Justement, le docteur Saint-Galmier (Arnaud Denissel) a besoin d’un doucheur-masseur pour son établissement, le « Louvre hydrothérapique », et de trois domestiques (groom, maître d’hôtel et cuisinière) pour son appartement privé car il se marie avec la belle Léonie (Clara Hesse) que Rachel (Claudine Vincent) sa sœur, une vieille fille, chaperonne. Plucheux trouve donc immédiatement du travail comme doucheur. Mais surgit alors Michette (Charlotte Filou), la maîtresse que Saint-Galmier laisse tomber, et comme la famille Gévaudan fait irruption dans l’agence, les malentendus vont pleuvoir !
Méprises, disputes, mensonges, courses-poursuites, disputes se succèdent… Et le spectateur de jubiler !
Jacques Mougenot et Hervé Devolder secondent le génie de Feydeau. Le premier transforme, presque tous les dialogues en couplets légers et amusants qui en respectent le sens et la saveur. Et toute la file d’attente du bureau de placement, avec ses « chômeurs » exaspérés donne le ton satirique, dès la première scène. Et quelle verve inventive, au deuxième acte, sur les jeux de mots de « je dis /jeudi », et « ça me dit/samedi ». On pense aux compositions de Mireille et Franc-Nohain. Car Hervé Devolder a écrit des musiques qui conviennent aux personnages. Ainsi, les Gévaudan dansent une sorte de bourrée paysanne, Michette le cancan et Léonie chante une romance, qu’un violon sentimental souligne. Catherine Arondel règle des chorégraphies pleines de fantaisie. Et les comédiens chanteurs, dirigés par Hervé Devolder sont épatants. Les musiciens, un pianiste, Thierry Boulanger (ou Daniel Glet), un contrebassiste, Benoît Dunoyer de Segonzac et une violoniste Marianne Devos, derrière un rideau de tulle, les accompagnent.
Les décors de Jean-Michel Adam peuvent se changer à vue ou en un clin d’œil et les costumes de Jean-Daniel Vuillermoz sont congruents aux personnages
Si vous cherchez du travail, on ne vous conseillera pas l’agence de Séraphin, mais si vous êtes déprimé, on vous recommande, non l’établissement de bains de Saint-Galmier, mais le Palais-Royal, vous en sortirez de belle et bonne humeur, en chantant, "à Loches ou à Paris", "quand on rit, on est guéri", et "la santé, ça n'a pas d'prix."
Photos : © Emile Brouchon
Les Fiancés de Loches d’après Georges Feydeau
Comédie musicale d’Hervé Devolder et Jacques Mougenot
Théâtre du Palais-Royal
Du mardi au samedi à 21 h
01 42 97 00 00
18:05 Écrit par Dadumas dans Blog, humour, Littérature, Musique, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : théâtre, théâtre du palais-royal, feydeau, devolder, mougenot, comédie musicale | Facebook | | Imprimer