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19/03/2009

Une rose effeuillée

 

 La Rosa blanca était une hacienda de dix mille hectares, et, dans l’État de Vera Cruz, en 1920, elle appartenait encore aux Totonaques. On y vivait de l’agriculture et Yacinto Yañez faisait régner la justice dans la communauté.

Mais la Condor Oil a voulu acheter le domaine, pour en exploiter le pétrole. Elle avait acquis toutes les terres alentour, et elle ne comprenait pas que Yacinto refuse. Est-ce qu’un paysan indien illettré a le droit de repousser ses offres et les bienfaits du dollar ? Mr Collins n’avait pas l’habitude qu’on refusât les siens. Yacinto fut assassiné, la Rosa blanca effeuillée et l’inégalité sociale put enfin régner dans un monde modernisé. « Que [leur] importe l’homme ! Seul le pétrole est intéressant ! »

Du roman de B. Traven, Maryse Aubert a tiré un monologue où les voix des protagonistes se fondent en une seule, la sienne. Adel Hakim dirige la narratrice sur un espace sombre. Elle est vêtue de noir, pantalon de smoking, chemise assortie, cravate et gilet blancs. Tout en manipulant des voitures miniatures, des figurines, elle va d’une table à l’autre. D’un côté l’hacienda avec les humains et les chevaux blancs, représentant les occupants de l’hacienda, de l’autre une maquette, l’immeuble clinquant de la Condor Oil avec ses hommes de paille et leurs puissantes voitures blanches.

Les lumières d’Yves Collet suivent les déplacements, et la bande son d’Anita Praz suggère tour à tour les fêtes de la communauté ou les inquiétantes manœuvres des capitalistes. Ces deux mondes antagonistes s’ignorent, de jardin à cour, et pourtant, l’un vampirise l’autre, éternellement… et la vision tragique de la représentation prend un relief particulier dans le contexte actuel.

 

 

 

La Rosa blanca d’après le roman de B. Traven

Adapté par Maryse Aubert

Théâtre Artistic Athévains

Mardi 20 h

Me, je, , 19 h

Ve, sa, 20 h 30

jusqu'au 19 avril

Sa, di, 16 h

01 43 56 38 32

17/03/2009

Voltaire (bis)

Bonne nouvelle ! la reprise de L'Ingénu de Voltaire* adapté pour le théâtre par Jean Cosmos et mis en scène par Arnaud Denis qui interprète aussi le rôle du jeune et bel Huron... Ce sera au Théâtre Tristan Bernard à partir du 8 avril. Soyez donc "les premiers aux premières"!

*Voir notre note en archive (janvier 2008)

 

12/02/2009

Pour l’amour de l’humanité

Il se passe une chose prodigieuse au théâtre Antoine. Le public y vient pour retrouver ses personnages favoris. Il les connaît, il les aime depuis des décennies, et grâce à La Petite Illustration des années 30, puis grâce au cinéma, enfin, grâce à la télévision, il sait les répliques fameuses par cœur. Et il les attend, les savoure, les mâche silencieusement avant que les comédiens, en scène, ne les lui lancent.

On assiste donc à un duo d’amour, non entre le beau Marius (Stanley Weber) et la délicate Fanny (Hafsia Herzi), mais entre les spectateurs et les mânes de l’auteur. La représentation devient un repas spirituel où les mots de Marcel Pagnol servent de pain de communion, pour l’amour de l’humanité.

L’instigateur de cette transsubstantiation ? 20090121-_DSC6845.jpgFrancis Huster, metteur en scène, adaptateur de la trilogie de Pagnol, Marius, Fanny, César, dont il propose une version en trois heures : César, Fanny, Marius. Il réussit son miracle. Il y joue aussi Panisse, le « brave homme ». Un Panisse moderne, fougueux, généreux et qui aurait travaillé pour perdre son accent car, plus personne n’a « cet accent-là », aujourd’hui, avec la télévision.

Les autres officiants de cette liturgie ont un grand prêtre, un César mythique, incarné par Jacques Weber, truculent, « hénaurme », dans ses colères et sa mauvaise foi. Urbain Cancelier est un Escartefigue de tradition bonhomme, comme Éric Laugérias avec Monsieur Brun. Charlotte Kady crée une Honorine décidée, mince et jeune d’allure et on comprend qu’elle prenne pour elle la « demande » de Panisse. Les seconds rôles (Jean-Pierre Bernard, Arnaud Charrin, Serge Spira ou Serge Esposito) ont de la tenue.

Le décor de Didier Flamand restitue l’atmosphère du « bar de la Marine », côté salle, côté terrasse et les lumières de Nicolas Copin enveloppent les personnages d’une douceur chaude. On s’y croirait…

On resterait bien avec eux deux heures de plus.

 

 

 

César, Fanny, Marius d’après la trilogie de Marcel Pagnol

Théâtre Antoine

01 42 08 77 71

Du mardi au vendredi à 20 h

Samedi, à 16 h  et 20 h 30

Dimanche à 15 h 30