31/01/2009
Livres (suite)
Les arbres de Ville-Évrard lorsqu’ils deviennent passage des cigognes dans le ciel d’Armand Gatti est un poème fleuve qui serpente et divague du ciel à la terre, de l’hôpital où furent internés Camille Claudel et Antonin Artaud, de la banlieue à la forêt de Berbeyrolle, de La Turbie aux bouleaux d’Auschwitz avec trente cinq « stagiaires » de quatorze pays différents.
« Un arbre peut-il se dire autrement que dans le cosmos ? » demande Gatti.
Comme Gatti, éternel révolté qui apostrophe le ciel, à quatre-vingt-cinq ans, l’homme, lui ressemble dans « sa vérticalité insurrectionnelle ».
Les arbres de Ville-Évrard d’Armand Gatti
Publié avec le concours du C. N. L.
Editions Verdier, 14 €
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19/01/2009
Une Célestine diabolique
La Célestine est une œuvre singulière : mi-roman, mi-drame, écrite et publiée anonymement au XVe siècle, elle se passe à Tolède, quand l’Inquisition emprisonne les âmes et dresse des barrières pour surveiller les mœurs. Elle porte en sous-titre : « tragi-comédie de Calixte et de Mélibée ». La tentation était donc grande de l’adapter à la scène. On y succomba. Une des plus remarquables, jouée à Avignon, il y a quelque vingt ans, tirait l’œuvre vers la tragédie. Celle d’Henri Lazarini choisit surtout le côté picaresque.
La Célestine (Biyouna), mère maquerelle, faiseuse d’anges, raccommodeuse de virginité, sorcière à l’occasion, marchande par nécessité, règne sur le monde des prostituées : Elicia (Rona Hartner), Areusa (Éloïse Labro), des soldats de fortune : Centurion (Didier Lesour), des valets cupides : Sempronio (Luis Rego), Parmeno (Gaspard Legendre), Lucrecia (Céline Caussimon). Cet univers corrompu et corrupteur n’épargne personne et engloutit la pureté de Mélibée (Myriam Bella), et l’amour de Calixte (Tristan Lhomel).
Nous n’entendrons pas la souffrance de Plébério, père noble désespéré, mais nous verrons le Mal sous le masque de la dévotion, la sensualité qui avilit, les ma chinations des uns et des autres, l’argent maître de l’honneur. La scénographie de Xavier Lazarini, (co-metteur en scène avec l'adaptateur) épure le décor, allège les costumes, simplifie l’intrigue.
Biyouna, incarne une Célestine arabo-hispanique terrible et superbe, madrée, rugueuse, diaboliquement hypocrite. Les valets sont enjoués, les prostituées friponnes. Mais d’où vient qu’on ne croie guère à l’amour de Calixte et de Mélibée ?
La Célestine de Fernando de Rojas
Adaptation Henri Lazarini
Du 14 janvier au 1er mars
Vingtième Théâtre
01 43 66 01 13
22:31 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : théâtre, histoire, littérature, célestine | Facebook | | Imprimer
18/12/2008
Les aveux d’une femme
Dans la vie de tout être humain, il y a des instants qui comptent plus que d’autres. Stefan Zweig, dans Vingt-quatre heures de la vie d’une femme nous peint en deux exemples, le moment où une femme sage bascule dans la folie passionnelle.
Lors de vacances familiales, sur la Riviera, Madame Henriette, une respectable épouse, abandonne mari et enfants pour suivre une jeune Français. La petite société condamne une telle conduite. Le narrateur (Robert Bouvier), en prenant la défense de la coupable, réveille les souvenirs de Mrs C. qui lui confie l’aventure insensée qu’elle vécut quelques années plus tôt.
Catherine Rich est cette anglaise, apparemment guindée dans une longue robe crème, qui faillit aux règles du savoir-vivre et de la morale bourgeoise. On la devine brûlante, elle paraît glacée. Le narrateur, dans la mise en scène de Marion Bierry, tourne autour d’elle, de la chambre, comme si la confidence brisait les murs de convention. C’est un joli duo. Elle parle sans le voir, il écoute sans la regarder. L’une troublée par ses émotions, lui, bouleversé par ses aveux.
Nous n’entendrons jamais le mot « désir », il semble qu’il soit impossible dans la bouche d’une femme.
Nous avons bien changé…
Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig
Adaptation de Marion Bierry
Petit-Montparnasse
Du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 15 h 30
16:51 Écrit par Dadumas dans Littérature, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, théâtre, zweig, c. rich | Facebook | | Imprimer