26/03/2007
L'affaire de la rue des Koltès
Le premier "commentaire" posté par Domi, que je remercie de ses précisions, m'autorise à revenir sur Retour au désert qui déclenche une "affaire" invraisemblable.
À qui Bernard-Marie Koltès s’en prend-il dans Retour au désert ? À la bourgeoisie de province, caste égoïste au front étroit et au portefeuille renflé. La famille Serpenoise glisse de la collaboration des années quarante, vers les organisations secrètes qui refusent la décolonisation. Les Serpenoise, que Martine Chevalier et Bruno Raffaelli interprètent avec tant de justesse, sont ainsi que l’écrivait Colette Godard, en 1988, « des monstres loufoques ». Père et mère Ubu devenus frère et sœur. Nous ne sommes pas loin de Jarry, mais, et je cite toujours Colette Godard : « Pas si loin de Feydeau, en somme, mais sans son innocence. Les situations excessives, les enchaînements insolites, par moments forcent à rire. D'un rire noir. » Elle ajoutait : « Par moments aussi, on pense à Labiche » et elle cite L’Affaire de la rue de Lourcine. Nous voici dans l'affaire de la rue des Koltès.
Bernard-Marie Koltès est mort du sida. Copi aussi. Personne ne refuse à Copi le sens du grotesque. Statufier Koltès en « tragique » c’est oublier sa dimension caustique et son sens de la dérision. Elle est d’autant plus violente et venimeuse que le poète est un désespéré.
En jouant la carte du burlesque, Chaplin faisait de Hitler un pantin vaniteux et stupide pour casser la terreur qu’il inspirait. Muriel Mayette s’en souvient et, par le rire, critique les moeurs. La famille Serpenoise n’est pas celle des Atrides, et les bourgeois balzaciens n’attirent pas la colère des dieux. Même pas les foudres de la Justice humaine...
Comment dans une famille désunie montrer l’orgueilleux isolement de ces haineux ? Par une scénographie où les murs limitent l’horizon, mais changent de dimensions suivant les personnages présents. Hauts murs pour ceux qui acceptent leur claustration, murs abaissés quand ils choisissent la liberté. Alors, le ciel nocturne s’éclaire, les fenêtres au lieu de faire de l’ombre renvoient la lumière, la revenante vaticine, et la folie craquelle le cynisme.
Il y a chez Muriel Mayette une invention qui épaule la démesure koltésienne. Et la troupe au complet rivalise d’audace pour rendre limpide la re-création de la pièce qui entre au répertoire. Pour la juger en dehors de toute polémique, allez vite à la Comédie-Française, vous y découvrirez un chef d’œuvre et des interprètes d’une rare valeur.
- Location par téléphone : 0825 10 1680
10:45 Écrit par Dadumas dans culture, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre | Facebook | | Imprimer
25/03/2007
Polémique
Je croyais naïvement qu’un comédien entrait à la Comédie-Française grâce à ses talents dramatiques reconnus par tous, soit à la sortie du Conservatoire, ou distingués par ses pairs au vu de ses prestations théâtrales. Vous le pensiez aussi. Nous avions tort.
François Koltès, ayant droit de Bernard-Marie Koltès parle de faire interdire les représentations de Retour au désert, (voir la note du 20/02/07) après les trente représentations prévues au contrat, au motif que le rôle d’Aziz (Michel Favory) n’est pas joué par un comédien algérien. Michel Favory ne l’est qu’à moitié puisque sa mère était kabyle, et il réussit superbement, par son talent et son métier, à nous faire croire qu’il est tout entier l’indigène qu’il interprète.
Mais quelle curieuse façon de concevoir le rôle du comédien !
Car alors, Gérard Philipe qui n’était pas un hidalgo n’aurait jamais dû jouer Le Cid, ni Orson Welles Othello, puisqu’il n’était pas maure. Et pourquoi Marcel Bozonnet en son temps, a-t-il autorisé Rachida Brakni à jouer le rôle de l’Allemande Marie de Neubourg dans Ruy Blas ?
Assez curieusement, François Koltès ne protestant pas contre le fait que le rôle de Saïfi soit tenu (et magnifiquement) par Imer Kutllovci - qui n’est pas non plus algérien, mais possède un joli talent distingué par ses professeurs au conservatoire, - ne doit-on pas penser que l’attaque contre Retour au désert se situe ailleurs ?
Dans une zone sensibilisée par les discours identitaires actuels, ou dans les strates secrets de la famille Serpenoise avec laquelle Bernard-Marie Koltès réglait des comptes…
Allez donc voir Retour au désert avant que la liberté de créer n'y soit étouffée, et avant que votre liberté ne vacille…
Comédie-Française
2 rue de Richelieu, Paris 1er
- Location par téléphone : 0825 10 1680
12:10 Écrit par Dadumas dans culture, éducation, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Théâtre, culture | Facebook | | Imprimer
22/03/2007
Pour de rire
Ce n’est pas encore remboursé par la sécu, mais un « Pass » unique à 12 euros, c’est donné pour voir :
35 scènes, 60 spectacles, 300 artistes, dont : Anaïs, Guy Bedos, Michel Boujenah, Ramzy Bedhia, Clémentine Célarié, Les Chevaliers du Fiel, Christophe, Clair, Les Joyeux Urbains, Gérald Dahan, Jérome Daran, Jamel Debbouze, Fatals Picard, Julie Ferrier, Brigitte Fontaine, Arthur H, Jacques Higelin, Sylvie Joly, Yvan Le Bolloc’h, Fabrice Lucchini, Roland Magdane, Marcel et son orchestre, Denis Maréchal, Georges Moustaki, Mustapha, Jacques No, Tom Novembre, Frédéric Recrosio, François Rollin, Anne Roumanoff, Laurent Ruquier, Bruno Solo, Agnès Soral…On en passe et des pires…
Mais on rira aussi en décentralisation puisque la SACD a placé l’année 2007 sous le signe de l’humour et soutient aussi :
Le Jamel comedy club à Paris et en tournée
Le festival « Juste pour rire », Nantes-Atlantique
Le théâtre Point-Virgule.
N’hésitez plus à acheter votre Pass, car mourir de rire, c’est la seule mort qui vous fasse ressusciter.
13:35 Écrit par Dadumas dans Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Théâtre | Facebook | | Imprimer